II. LES MESURES DESTINÉES AU PME

Le nouveau gouvernement a annoncé la continuation des mesures du plan PME de 1995, visant à encourager les PME à exporter. En outre, un programme pragmatique de réformes devrait être mis en oeuvre afin de mieux adapter les mesures d'appui au développement international des PME aux besoins de ces dernières et à leurs structures. En effet, les PME occupent une place croissante dans l'économie et dans le commerce extérieur de la France. Ainsi, les PME de moins de 100 salariés sont les seules entreprises à créer des emplois (40.000 en 1996) et ce sont les très petites entreprises, de 6 à 20 salariés, qui en créent la plus grande partie. Pourtant, ces petites structures sont fragiles et par nature sensibles à la conjoncture. En matière d'aide à l'exportation, leurs besoins s'articulent autour de deux priorités :

- rendre les aides financières plus accessibles ;

- développer le conseil de proximité aux entreprises.

A. L'ACCESSIBILITÉ DES AIDES FINANCIÈRES

Les aides nationales à l'exportation sont connues et appréciées des PME. Mais l'articulation des aides des autres administrations déconcentrées avec les aides du contrat de plan Etat-régions et les fonds européens est considérée comme difficile à comprendre et compliquée à mobiliser. Les aides européennes, en particulier, sont souvent sous-employées. Les financements des institutions financières internationales ne sont souvent connus que des grands groupes ; les PME pourraient en profiter davantage. Enfin, les aides sont souvent "saupoudrées" au coup par coup, sans examen de la stratégie de l'entreprise et des marchés porteurs à l'étranger. Pour remédier à cette situation, trois mesures sont envisagées : créer une structure d'ingénierie financière en région; faciliter l'accès des aides et aux financements grâce à l'informatique et concentrer les aides à l'exportation sur des actions ciblées.

Créer une structure d'ingénierie financière en région

Le chemin de l'exportation pour une PME devrait passer d'abord par un bilan de ses finances et de son appareil productif. Celles dont le bilan est insuffisant, devraient bénéficier d'ides à la restructuration avant les aides à l'exportation. Les deux types d'aides devraient donc être articulées et fournir un effet de levier.

Les directions régionales du commerce extérieur (DRCE) et les directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE), compte tenu de leurs compétences respectives (DRCE : aide au conseil export, au recrutement de cadres export et à l'implantation ; DRIRE : aides au conseil, à la restructuration, à la formation), sont les mieux placées pour proposer la mise en place d'une structure de conseil aux PME sur les séquences d'aides .

Cette structure d'ingénierie financière devrait avoir un rôle d'orientation et comprendre le maximum de partenaires des entreprises :directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement, directions régionales du commerce extérieur, agence nationale pour la valorisation de la recherche, chambre de commerce et d'industrie, Banque de France, experts comptables et banques. Actuellement, dans les régions, ces organismes nouent des liens entre eux au hasard des réunions et se concertent ainsi, mais de manière occasionnelle, sur les procédures en cours d'instruction pour les PME.

Faciliter l'accès aux aides et aux financements grâce à l'informatique

Les PME souhaitent une simplification de l'information sur les aides et les financements . Les aides de toute provenance sont présentées en documents imprimés dont l'épaisseur est rébarbative. Ils sont difficiles à consulter, et vite obsolètes. Aucun document ne détaille par ailleurs les financements des banques et institutions financières internationales.

L'agence du conseil régional de la région Rhône-Alpes, l'ERAI, a créé une base de données informatisée de toutes les aides, régionales, nationales et européennes, doublée d'une base de données des lignes de crédit des institutions et banques internationales. L'interrogation de la base de données et le traitement des résultats par l'ERAI est gratuit. D'autres régions (Basse-Normandie) ont également créé des systèmes qui comprennent tout ou partie de la démarché de l'ERAI.

La DREE et les DRCE vont expérimenter cette base de données avec quelques régions volontaires et l'ERAI. A l'issue de cette expérimentation, et si elle s'évère satisfaisante, ce service pourrait être étendu à toutes les régions. Les postes d'expansion pourraient également en bénéficier.

La concentration des aides à l'exportation sur des actions ciblées

Le rapport Sautter avait donné lieu à une première expérimentation de croisement entre certains secteurs prioritaires et des marchés à fort potentiel , appuyée sur les DRCE de quatre régions (Basse-Normandie, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes) et les postes d'expansion économique de quatre pays cibles (Brésil, Chine, Malaisie, Corée). Les résultats très encourageants de cette expérimentation montrent qu'elle pourrait être généralisée à toutes les régions et à tous les pays émergents.

Les DRCE et les régions pourraient concentrer une partie des aides sur des actions bien ciblées. Pour cela, dans l'esprit du rapport Sautter, les DRCE pourraient examiner avec les régions leurs points forts sectoriels et, en liaison avec les PEE, déterminer les pays où les PME de la région auraient de plus fortes probabilités de réussite.

Deux précautions doivent être prises pour ce type d'approche :

- la sélection des entreprises pour ces programmes groupés d'exportation doit être faite en concertation avec tous les partenaires ;

- des moyens de financement doivent être disponibles pour relayer les aides publiques dès que l'entreprise est prête à partir à l'étranger.

B. LE CONSEIL DE PROXIMITÉ AUX ENTREPRISES

Tous les réseaux d'appui à l'exportation et à l'implantation à l'étranger doivent être mis à la disposition des PME dans une logique de service : ciblage des marchés, recherche de financements, accès à l'information.

Pour répondre à cet objectif, les mesures suivantes peuvent être envisagées.

Encourager les regroupements souples d'organismes

Les exemples de regroupements d'organismes régionaux d'appui au commerce extérieur anciens (Alsace) ou plus récents (Haute-Normandie, Pays de la Loire, PACA, Guadeloupe) montrent à quel point l'unité de lieu est bénéfique pour les PME. En effet, d'une part, le réseau d'appui se concerte plus naturellement sur les actions et d'autre part, les PME deviennent vite familières d'un bâtiment unique, bien situé, où elles peuvent avoir accès à tous les services internationaux des principaux organismes.

La multiplication des organismes de type COREX

Là où elles existent, les conventions régionales à l'exportation (COREX) 1( * ) aident les principaux organismes d'appui au commerce extérieur en région à se coordonner. Les réunions plénières établissent les règles et les échéances d'une programmation des actions internationales de la région sur un an. Des comités techniques assurent le suivi des décisions.

Les régions dotées de ces structures prennent des initiatives bien planifiées, non redondantes. Leurs actions sont articulées autour d'une stratégie qui respecte les marchés traditionnels des PME de la région et s'adapte à l'émergence de nouveaux marchés.

La DREE et des DRCE vont inciter toutes les régions à créer une instance de concertation . Il sera alors possible de lancer des initiatives communes à plusieurs régions et d'encourager la mise en commun de moyens entre régions.

La prospection méthodique des PME

Plusieurs organismes approchent les PME en région à des titres divers. Les chambres de commerce et d'industrie, les directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement, les directions régionales du commerce extérieur effectuent ainsi des visites, sans que la concertation soit systématique.

En complément des mesures de simplification et d'articulation des aides citées plus haut, une rationalisation de la prospection des PME est indispensable. Les régions les plus avancées (Rhône-Alpes) ont mis au point une méthodologie complexe d'approche des "nouveaux exportateurs". La chambre de commerce et d'industrie de Lyon propose ainsi aux PME une démarche en plusieurs étapes : diagnostic, conseil de préparation à l'exportation, missions à l'étranger.

Cette méthode semble tenter de plus en plus de régions. La direction régionale du commerce extérieur pourrait coordonner une démarche collective des directions régionales pour promouvoir ces méthodes de prospection . Certaines l'ont déjà fait dans leur région (Bretagne par exemple).

L'accélération de la mise en réseau des postes d'expansion économique et des directions régionales du commerce extérieur

Avec la modernisation de l'informatique, opérationnelle à la fin de l'année, les PEE et les DRCE pourront échanger des messages courts (listes d'entreprises contactées, réponses à des demandes ponctuelles de PME, synthèses sectorielles de marchés, etc...)

Dans le cadre de la prospection méthodique et des matrices pays-produits, cette rapidité de réaction devrait permettre d'améliorer le service de conseils aux entreprises. Les PME auront alors "à leur porte" un réseau court de premiers conseils gratuits, très accessible, rapide et surtout personnalisé .

L'utilisation de matrices pays-produits

Les démarches de conseil aux PME actuelles privilégient les actions collectives et/ou les diagnostics très détaillés et précis. Il manque un conseil rapide, chiffré et opérationnel aux PME.

Ce besoin d'information a priori peut trouver une réponse avec la méthode des matrices pays-produits qui consiste à croiser les statistiques de base (macro-économie, importations, pouvoir d'achat) et des documents synthétiques (études de marché, notes sectorielles, presse). Les agents des DRCE et des PEE accentueront l'efficacité de ces analyses pays-produits, en les rendant instantanées.

Leur personnalisation sera facile : lors de la visite de la DRCE, un document "sur mesure", lisible et bien argumenté sera remis à la PME.

Les actions communes à plusieurs régions

Actuellement, les régions riches, sous l'impulsion des conseils régionaux, se dotent d'outils de grande qualité de conseils et d'aide à la prospection et à l'implantation à l'étranger (MIRCEB en Bretagne, ERAI en Rhône-Alpes, NORCOMEX en Nord-Pas-de-Calais, Prodexport en Languedoc-Roussillon). Les chambres de commerce et d'industrie puissantes ont aussi développé des services très sophistiqués.

Il est à craindre que les régions les plus démunies, mais dont les PME ont des besoins en assistance équivalents à celles des régions puissantes, ne se voient limitées à la portion congrue en matière d'appui au développement international. Les actions interrégionales seront donc encouragées, ainsi que la mise en commun de certains moyens.

Les technologies de l'information

La constitution en cours du fichier des entreprises performantes dans chaque région deviendra la base de constitution d'un site Internet des PME dynamiques à l'exportation. Ce site pourrait être développé avec les régions et les CCI, qui présenteraient leur région en même temps que leurs entreprises. La consultation devrait pouvoir se faire en plusieurs langues.

Les DRCE et les PEE disposeront de sites Internet uniformisés.

Un site sera dédié aux PME, pour les conseiller et les orienter. Les "chroniques PME" de la province du Québec sur Internet donnent chaque mois aux PME une approche très lisible des informations indispensables à leur développement international. Une démarche similaire pourrait être adoptée, tout en reliant ce site à tous les autres sites qui concernent le commerce extérieur.

Votre rapporteur tient en outre à préciser qu'elle mènera une mission d'information et de contrôle sur le dispositif d'aides aux PME au cours de l'année 1998, dont les conclusions seront publiées dans un rapport d'information du Sénat.

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