CHAPITRE DEUX

LES ETUDIANTS ET LEUR ENCADREMENT

I. "LE DÉFI DU NOMBRE"

A. LES EFFECTIFS D'ÉTUDIANTS SE STABILISENT...

La fin des années 80 a été marquée par une croissance soutenue de l'enseignement supérieur. Cette tendance s'est prolongée jusqu'en 1993 où on compte près de 2,1 millions d'étudiants, soit un taux d'augmentation de 6,4 % par rapport à l'année précédente. La rentrée de 1994 initialise une phase de décélération (2,1 %, puis 1,7 % en 1995). En 1996, cette tendance se confirme en s'amplifiant puisque, pour la première fois, le nombre d'inscrits dans l'enseignement supérieur accuse un léger repli (- 0,6 %).

Globalement, si la progression des effectifs d'inscrits dans les établissements publics relevant du ministère chargé de l'enseignement supérieur a été un peu plus élevée que celle des autres établissements en 1994 et en 1995 (respectivement + 3,3 % et + 2,3 % contre - 1,1 % et - 0,2 %), l'inverse se produit en 1996 (- 1 % contre + 0,4 %).

La forte progression des effectifs universitaires, qui a caractérisé la décennie 80, se poursuit, au début des années 90. La rentrée 1993 a amplifié cette tendance, tout particulièrement en lettres et sciences humaines. La création des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) a entraîné un afflux d'étudiants dans ces formations, l'enseignement apparaissant, notamment, comme un débouché sûr dans une conjoncture économique difficile. Le nombre d'inscrits à l'université dépassait alors les 1,3 million. A partir de la rentré 1994, la croissance des effectifs universitaires se réduit (+ 35.000 étudiants en 1994, + 29.000 en 1995). Puis un recul se produit en 1996 (- 22.000) ; ce recul s'explique par la diminution du nombre d'admis aux baccalauréats général et technologique à la session 1996 et par un moindre attrait pour les études universitaires.

Les IUT, grâce à la mise en oeuvre du plan "Université 2000", se sont développés à un rythme soutenu au début des années 1990. Cette expansion, bien qu'un peu ralentie depuis la rentrée 1994 se poursuit, portant les effectifs à 109.000 en 1996.

Après dix années de vive croissance, les effectifs des STS ont marqué le pas en 1993, initialisant une phase de régression les deux années suivantes. En revanche, les STS ont bénéficié, à la rentrée 1996, d'un regain d'intérêt de la part des jeunes bacheliers, qui s'est traduit par une augmentation du nombre d'inscrits, ceux-ci retrouvant leur niveau de 1992 (236.000).

Les CPGE, qui semblaient également moins recherchées par les élèves depuis la rentrée 1992, ont bénéficié, en 1995, d'un nouvel attrait de la part des bacheliers généraux, suite à la réforme de ces classes. Cette filière a alors connu une forte progression du nombre d'inscrits (+ 6,8 %) qui se poursuit en 1996, les effectifs approchant alors les 79.000.

L'essor spectaculaire des formations d'ingénieurs, qui a concerné tout particulièrement les filières universitaires et privées, a commencé à se ralentir à la rentrée 1994. Les effectifs des écoles de commerce, gestion, vente et comptabilité baissent depuis quatre ans.

Le tableau ci-après retrace les effectifs d'étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur :

B. ...PUIS DEVRAIENT SENSIBLEMENT DIMINUER

Les projections à l'horizon 2006 concernent les effectifs d'étudiants inscrits dans les principales filières de l'enseignement supérieur: université, instituts universitaires de technologie (IUT), sections de techniciens supérieurs (STS), classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), qui accueillent plus de huit étudiants sur dix. Fondées sur les dernières données disponibles de l'année 1996-1997, elles reprennent les projections de court terme d'avril 1997, pour les rentrées 1997 et 1998, et les prolongent jusqu'à la rentrée 2006.

Les effectifs de terminales générales et technologiques, après la forte baisse survenue en 1995-1996, reprendront une progression mesurée entre 1997 et 2000. Une nouvelle baisse est attendue entre 2001 et 2003. Le nombre d'admis au baccalauréat suit ces tendances, le contingent de bacheliers généraux et technologiques attendu au cours des dix prochaines années sera presque toujours inférieur à celui de 1996 (400 000). En conséquence, l'hypothèse d'une plus forte orientation des futurs bacheliers vers les filières sélectives (IUT, CPGE, STS) au détriment de l'université, constatée à la rentrée 1996, a été prolongée.

D'une manière générale, l'évolution des flux d'entrée reflète celle des bacheliers généraux et technologiques. Des poursuites d'études après le baccalauréat technologique de plus en plus nombreuses ne suffisent pas à compenser, lors de périodes de creux démographiques, la baisse des effectifs de terminales. Après un léger déclin à la rentrée 1997, les flux d'entrée retrouveront une croissance modérée entre 1998 et 2000 où ils atteindront un maximum de 455 000. L'arrivée des générations moins nombreuses entraînera une diminution progressive des premières inscriptions sur les trois années suivantes, qui se stabiliseront aux alentours de 433 000 en fin de période.

En conséquence, les effectifs des principales filières de l'enseignement supérieur devraient régresser au cours des dix prochaines années, passant de 1,8 à 1,7 million entre 1996 et 2006. On assisterait à un retournement de tendance puisqu'au cours de la dernière décennie, ces mêmes effectifs avaient progressé de 4,5 % l'an.

Les effectifs du premier cycle universitaire suivent, avec un léger décalage, la même évolution que les flux d'entrée. Ce mouvement se propage ensuite en vagues successives sur les deuxième et troisième cycles. Entre 1998 et 2006, les effectifs du deuxième cycle devraient se réduire de 23000 (contre une progression de 132000 au cours des huit années précédentes), malgré l'anticipation d'une hausse continue du taux d'accès en deuxième cycle dans les disciplines générales. Sur la même période, le nombre d'inscrits en troisième cycle pourrait demeurer stationnaire.

Au total, les effectifs universitaires devraient décroître tout au long de la période: ils s'établiront à environ 1,28 million en 2006 contre 1,36 million à la rentrée 1996. Toutes les disciplines devraient être concernées: les sciences économiques et l'AES connaîtront sans doute le repli le plus marqué, suivies du droit, des lettres et sciences humaines. Les sciences et les STAPS pourraient être moins touchées, en raison d'une probable croissance de leurs effectifs en début de période.

La progression des flux d'entrée dans les filières sélectives (IUT, STS et CPGE) sera également amortie à l'horizon 2000, en liaison avec l'évolution du nombre des bacheliers généraux et technologiques. Cependant, une légère reprise est envisagée en fin de période. Ces filières devraient, au total, maintenir, auprès des jeunes, une suractivité supérieure à celle des premiers cycles universitaires.

Les IUT poursuivront leur développement de manière atténuée jusqu'en 2001, le nombre d'inscrits dans cette filière devrait alors dépasser les 120 000. Les effets positifs de la rénovation de 1995 s'atténuant, les effectifs des CPGE devraient augmenter modérément pour atteindre leur maximum en 2000 avec 82000 inscrits. Après la poussée de 1996, les effectifs des STS connaîtront une croissance plus modérée jusqu'en 2001 et atteindront alors les 251 000.

Le tableau ci-dessous récapitule ces projections :

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