CHAPITRE II

UNE POLITIQUE DE SOLIDARITÉ NON MAÎTRISÉE

Votre rapporteur constate avec inquiétude que les dépenses de solidarité poursuivent inexorablement leur progression, quelle que soit la conjoncture sociale et économique. Les développements suivants concernent les trois plus gros postes de dépenses du budget de la Santé, solidarité et ville. Les dépenses d'allocation du RMI représentent 34,7 % du total des crédits, les dépenses d'allocation aux adultes handicapés en représentent 31,8 %, et les dotations aux centres d'aide par le travail en représentent 8,2 %.

Or, ces masses de crédits, qui constituent à elles seules 75 % du budget de la Santé, solidarité et ville, sont toutes trois présentées en hausse sensible pour 1998. L'examen des dispositifs correspondants fait apparaître des dysfonctionnements, sur lesquels votre rapporteur estime souhaitable d'obtenir l'éclairage de la Cour des Comptes.

I. LE REVENU MINIMUM D'INSERTION : UN DISPOSITIF TOUJOURS EN EXPANSION

A. DES BÉNÉFICIAIRES DE PLUS EN PLUS NOMBREUX

Depuis la création du RMI, le nombre des allocataires a plus que doublé pour passer de 407.000 en décembre 1989 à plus d'un million en décembre 1996.

Toutefois, si l'on prend en compte les bénéficiaires du RMI, c'est-à-dire les allocataires plus les membres de leurs foyers (conjoints, concubins et enfants à charge), le nombre de ceux-ci est passé de 826.000 à 1.945.000 entre décembre 1989 et décembre 1996.

Le profil des allocataires fait apparaître qu'en métropole, 59,2 % des allocataires sont des hommes seuls ou des femmes seules sans enfant, ni personne à charge ; un cinquième sont des familles monoparentales et un cinquième des couples. Près des deux tiers des allocataires n'ont aucune personne à charge, 17,5 % ont une personne à charge, 10,3 % deux personnes et 8,6 % trois ou plus.

Les allocataires sont plutôt jeunes : l'âge moyen est de 38 ans, un tiers a moins de 30 ans et 48 % moins de 35 ans, alors que la condition d'âge restreint l'entrée au RMI aux jeunes de 25 ans et plus, sauf s'ils ont des enfants. La prépondérance des jeunes s'explique par la forte corrélation entre chômage et RMI. En effet, le taux de chômage est particulièrement élevé dans ces classes d'âge qui, par ailleurs, n'ont que peu de références de travail pour les droits aux ASSEDIC.

Pour 15,3 % des allocataires de métropole, le RMI constitue le seul revenu dont ils disposent ; 28,5 % n'ont pour seules ressources que le RMI et des prestations versées par les caisses d'allocations familiales.

La répartition géographique des allocataires fait apparaître qu'en proportion de la population, hormis les départements d'outre-mer, le département des Pyrénées-Orientales a le plus fort taux de personnes bénéficiaires du RMI par rapport à sa population (6,1 %), suivi de l'Hérault (5,9 %), des Bouches-du-Rhône (5,7 %) et de la Corse du Sud (5,5 %).

En valeur absolue, le département du Nord compte le plus d'allocataires du RMI (53.793). Il est suivi par les départements des Bouches-du-Rhône (54.240), de La Réunion (50.876) et Paris (49.716).

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