EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 29 octobre 1997, sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la commission a procédé à l'examen des crédits du budget du ministère de l'agriculture et de la pêche.

M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a tout d'abord fait état des difficultés méthodologiques d'appréciation des concours publics à l'activité agricole. Ceux-ci s'inscriraient globalement en baisse en 1998, en francs constants, puisque leur montant n'augmenterait que de 0,25 %. Le budget stricto sensu, après le vote de l'article d'équilibre par l'Assemblée nationale, s'inscrit en hausse de 1,22 %, ce qui traduit une légère régression en francs constants. Cette hausse recouvre cependant des évolutions fort différentes par titre, plus particulièrement pour les interventions publiques (titre IV). En effet, si les dépenses d'action éducative et sociale connaissent des hausses sensibles, les dépenses d'action économique s'inscrivent, elles, en baisse de 2,73 %.

Après avoir souligné que cette baisse était de nature à remettre en cause partiellement certains contrats de plan Etat-région, M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a regretté que les dépenses en capital continuent d'être orientées à la baisse (- 6,6 %). Il a estimé que cette situation devait provoquer une réflexion d'ensemble sur le rôle de l'Etat en matière d'aide aux investissements liés à l'activité agricole lato sensu.

Le rapporteur spécial a ensuite décrit les principales orientations du projet de budget pour 1998. En matière d'installation, il s'est interrogé sur la poursuite des actions du FIDIL (Fonds pour l'installation et le développement des initiatives locales) qui pourraient être compromises par la création d'un nouveau fonds, le Fonds pour l'installation en agriculture (FIA). Il s'est interrogé sur la pertinence de l'objectif consistant à favoriser des installations hors du cadre familial. M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a alors dressé un bilan détaillé de la mise en oeuvre du programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole, en s'interrogeant plus particulièrement sur les conséquences pour les collectivités locales de la mise à contribution du Fonds national pour le développement des adductions d'eau.

Après avoir décrit l'évolution des crédits à l'enseignement agricole et à la formation professionnelle (+ 4,9 %), il a rappelé la nécessité de "refonder" l'enseignement agricole sur des bases claires et souligné les incertitudes qui pouvaient planer sur la mise en oeuvre des orientations retenues pour l'enseignement supérieur. Le rapporteur spécial a ensuite présenté plusieurs observations, qui ont été retenues par la majorité de la commission. Dans ce cadre il a souhaité que l'appréciation de la dépense fiscale en agriculture fasse enfin l'objet de travaux d'expertise et regretté l'insuffisance des réponses du ministère aux questions posées sur l'articulation des financements croisés Etat-collectivités locales.

M. Christian Poncelet, président, est intervenu pour regretter cette transmission incomplète de renseignements techniques et a fait approuver par la commission le report du vote sur le budget de l'agriculture et de la pêche jusqu'à l'obtention des réponses aux questions posées par la commission.

M. Joël Bourdin, rapporteur spécial, a poursuivi son rapport oral en rappelant qu'une nouvelle réflexion s'imposait quant à la partition des directions départementales de l'agriculture et de la forêt (DDAF) et que les avatars du Fonds de gestion de l'espace rural, dont les crédits étaient la cible privilégiée des régulations budgétaires, justifiaient une réflexion d'ensemble dont le projet de loi d'orientation agricole devrait fournir le cadre. Le rapporteur spécial a souligné que les prévisions de recettes et de dépenses du Fonds forestier national témoignaient d'un plus grand réalisme. A ce propos il a insisté sur la nécessité de pérenniser les ressources de ce compte d'affectation spéciale et de régler enfin le problème de la contribution financière des entreprises de la filière bois. Il a conclu son exposé liminaire en regrettant que la diminution des crédits de promotion des exportations agro-alimentaires intervînt avant même que ne soient connus les résultats de la mission d'inspection diligentée aux fins de réévaluer les missions et les financements de la Société pour la promotion des exportations agro-alimentaires (SOPEXA).

Un débat s'est alors instauré, auquel ont pris part MM. Christian Poncelet, président, Roland du Luart, Emmanuel Hamel, Michel Sergent, Jacques Chaumont et Roger Besse. En réponse aux intervenants, le rapporteur spécial est convenu des risques que présenterait pour l'agriculture française la mise en application des orientations contenues dans le document communautaire dit "Agenda 2000", plus particulièrement en ce qui concerne l'élevage bovin. Il a mis en lumière les difficultés croissantes rencontrées pour installer des jeunes à la terre, malgré les concours complémentaires de certains départements, difficultés qui risquent d'être accrues par la période d'incertitude ouverte par la renégociation de la politique agricole commune. Il a manifesté son accord avec l'ensemble des intervenants quant à la nécessité de conforter les ressources du Fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE) au regard des conséquences financières induites par les nouvelles normes communautaires de santé publique. Il a enfin décrit les consommations différenciées des crédits consacrés respectivement au Programme de maîtrise de pollution d'origine agricole (PMPOA) et aux bâtiments d'élevage en zone de montagne, les premiers étant fortement surévalués alors que la modestie des seconds créait parfois des phénomènes de file d'attente.

La commission a alors décidé de réserver son vote sur les crédits de l'agriculture jusqu'à l'obtention de réponses aux questions posées par la commission.

Réunie le jeudi 20 novembre 1997, sous la présidence de M. Jean Cluzel, vice-président, la commission a procédé à l'examen définitif du projet de loi de finances pour 1998.

Au budget de l'agriculture et de la pêche, elle a adopté un amendement de réduction de crédits de 140 millions de francs portant sur les mesures nouvelles du titre III, puis un amendement réduisant les mesures nouvelles du titre IV de 359 millions de francs. Elle a ensuite examiné un article rattaché, 62 A, au budget de l'agriculture, tendant à insérer au code rural un article permettant de revaloriser certaines pensions de niveau modeste. Puis, elle a décidé de recommander au Sénat d'adopter le budget de l'agriculture et de la pêche ainsi modifié, de même que l'article 62 A rattaché.

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