B. LE RISQUE DE DISPARITION DE L'EXCEPTION CULTURELLE

L'intégration du secteur audiovisuel, ce n'est pas seulement la constitution d'un certain nombre de groupes géants. C'est aussi l'apparition de nouveaux métiers intégrés, du contenu au contenant, des programmes aux moyens de communication et, corrélativement, de l'émergence d'un nouveau mode de consommation audiovisuelle.

On a toutes les raisons de penser que, sous l'influence des grands groupes intégrés, la consommation de produits audiovisuels va se transformer.

La multiplication des chaînes, combinée avec la convergence des réseaux, va sans doute entraîner une certaine destructuration du paysage audiovisuel . Certes, les chaînes généralistes existeront encore et pour longtemps, mais leur part d'audience va sans doute régresser peu à peu au profit des chaînes thématiques et des programmes spécialisés à la demande.

Un enjeu important sera la gestion de l'interactivité entre l'offre et la demande et, en particulier, la maîtrise des instruments de " navigation " qui permettront soit de repérer les programmes susceptibles de répondre aux exigences du consommateur, soit de se constituer son propre programme à partir des bouquets d'émission disponibles sur réseau.

La course au contenu , à laquelle on a assisté ces dernières années, va peut-être laisser la place à une concurrence au niveau , plus technique, des moyens d'accès à ce contenu que, seuls, de grands groupes très performants sur le plan technologique auront les moyens d'affronter.

Dans cette perspective, c'est seulement au niveau continental et donc européen que l'on a une chance d'infléchir une dynamique technologique et commerciale qui risque, faute de réaction cohérente, de rendre caduque la notion même d'exception culturelle, en paralysant tous les mécanismes de protection laborieusement mis en place au cours des dernières années.

1. Les nouveaux services, facteurs de dérégulation

La renégociation de la directive TSF ne concernait pas seulement les quotas de diffusion, mais également le régime envisageable pour les nouveaux services audiovisuels. Or, si leur statut en droit communautaire reste encore incertain, on s'aperçoit déjà qu'il tend à s'écarter des positions juridiques défendues par la France.

La doctrine en cours d'élaboration à Bruxelles laisse craindre, en effet, que les nouveaux services - chaînes de télévision numérique ou services de vidéo à la demande - ne soient englobés dans le régime des télécommunications et échappent ainsi à toute préoccupation culturelle. Dans la conception française, et comme l'a montré la loi du 10 avril 1996 relative aux expérimentations, ces nouveaux services relèvent de la communication audiovisuelle. Or, ceux-ci sont plutôt qualifiés de services de télécommunications par Bruxelles, en particulier dans le Livre vert, en cours d'élaboration, relatif aux nouveaux services de télécommunications. Pour la Commission mais aussi pour la plupart des États membres, l'ensemble des services fournis sur appel individuel, tels le paiement à la séance et la vidéo à la demande, échappent au champ d'application de la directive TSF. Ils peuvent donc être juridiquement assimilés aux services disponibles sur Internet ou aux services télématiques soumis à simple déclaration 41( * ) . Dans la conception française, au contraire, les services audiovisuels mixtes, qui ont une dimension d'ordre économique et culturel, ne peuvent être assimilés à Internet dont le régime ne soulève que des questions liées au droit pénal international et à la protection du droit d'auteur. Pour la Commission européenne, en revanche, la préoccupation majeure demeure la libéralisation des structures et des services de télécommunication.

2. Le système des quotas

La négociation en cours relative aux quotas de diffusion et de production et aux nouveaux services audiovisuels fait apparaître l'écart qui sépare actuellement les positions françaises de celles de la Commission et de la plupart de ses partenaires.

Mais, au-delà de cette incertaine bataille diplomatique, doit être posée la question de savoir si le système des quotas est adapté en lui-même aux mutations technologiques que connaît la télévision. En effet, ce système semble peu adapté pour des services qui ne sont pas articulés sur le concept de chaînes.

Jusqu'à présent, les bilans chiffrés s'accordent à leur reconnaître une certaine efficacité. Le deuxième rapport sur l'application des quotas de diffusion, adopté en juillet 1996 par la Commission, fait état d'un nombre croissant de chaînes respectant les quotas : 119 chaînes sur 148 examinées ont diffusé une proportion majoritaire d'oeuvres européennes en 1994 contre 70 sur 105 en 1992. Les chaînes thématiques, en revanche, respectent moins les quotas que les chaînes hertziennes.

Or les chaînes thématiques se multiplient. Comment faire respecter des quotas de production et de diffusion par des chaînes thématiques axées sur un centre d'intérêt exclusif, par des services de vidéo à la demande ou par des chaînes satellitaires diffusant depuis un État non membre de la Communauté ?

Jack Valenti, le représentant de la MPAA ( Motion Pictures Association of America ), qui regroupe les grands studios américains, estimait, lors du festival de Deauville de 1996, que l'Europe ne pourra pas se protéger de l'invasion audiovisuelle en dressant des barrières comme les quotas de diffusion et de production, car l'avènement de la télévision numérique rend ces mesures illusoires et le téléspectateur déterminera lui-même ce qu'il veut voir.

Les techniques numériques engendrent, en effet, une concurrence accrue entre opérateurs, au niveau européen et international. Si les opérateurs extra-communautaires s'établissent dans l'Europe communautaire, ils devront respecter la directive Télévision sans frontières mais si le bouquet de programmes est diffusé depuis un pays non membre, ils échapperont à toute réglementation.

De plus, la directive restant très souple pour l'application des quotas de diffusion, chaque État peut adopter une législation assortie d'obligations de contenus très variables. Le principe de liberté de réception et de retransmission édicté par la directive peut créer une concurrence déloyale entre chaînes domestiques et chaînes venues d'ailleurs. Les chaînes TNT/Cartoon, d'origine américaine, sont titulaires d'une licence délivrée par les autorités britanniques, en application du régime britannique de satellite non national, qui exige des proportions de diffusion d'oeuvres européennes et de production indépendante nettement moins sévères que pour les autres chaînes. Elles diffusent entre 95 % et 100 % de programmes d'origine américaine et n'ont pas obtenu leur autorisation de reprise sur le câble en France pour ce motif mais elles sont accessibles par satellite.

Le principe de libre circulation des ondes soulève plus généralement la question du rattachement national du radiodiffuseur, et le développement de la télévision par satellite va accentuer ce problème. Les ambiguïtés de la directive et les contradictions entre les législations nationales peuvent conduire à considérer qu'une chaîne ne relève d'aucun droit national (cas de Red Hot Television diffusée à partir des Pays-Bas et établie en Grande-Bretagne ou de RTL TV qui dépend de la Belgique et du Luxembourg).

On peut se demander si l'Europe ne devrait pas cesser de donner la priorité au renforcement de mesures défensives aisément contournables et qui, en tout état de cause, ne sont pas de nature à éviter un déferlement de programmes américains sur nos téléviseurs. Il serait sans doute plus efficace pour elle de s'orienter, pour protéger son industrie et sa culture, dans la voie de l'harmonisation des réglementations anti-concentration qui dissuade les délocalisations et assure au téléspectateur le pluralisme des programmes.

La Commission a également approuvé une proposition de directive visant, à des fins d'amélioration de la société de l'information, à obliger les États membres à lui notifier préalablement leurs projets de loi relatifs à l'information. Elle souhaite surveiller les modifications de réglementations afin d'éviter les disparités ; la plupart des États membres, en effet, préparent des réglementations concernant les nouveaux services dans un souci de protection des mineurs, des droits du consommateur, de protection de la liberté d'expression et de la vie privée. La Commission considère que l'adoption de mesures réglementaires nationales isolées et non coordonnées risque de fragmenter ce secteur clé du marché unique mais que des précautions de procédure suffisent, une harmonisation des droits nationaux semblant prématurée au regard du caractère encore embryonnaire de ces services 42( * ) .

L'harmonisation des législations relatives à la concurrence et à la concentration, ainsi que des régimes juridiques adaptés à la nature des nouveaux services audiovisuels doivent constituer les futurs axes d'une politique communautaire audiovisuelle qui irait ainsi au-delà de la défense de l'exception culturelle par le système des quotas.

3. La stratégie audiovisuelle globale des États-Unis

Dans un document d'avril 1995, le département d'État américain a tiré les leçons du différend qui avait opposé l'Europe aux États-Unis lors des négociations sur l'Uruguay Round et qui avait abouti à l'exclusion du secteur audiovisuel de la libéralisation des échanges. Concernant l'Europe, ce document " US Global Audiovisual Strategy " mettait l'accent sur sept points principaux :

1.  Éviter un renforcement des mesures restrictives (quotas...) et veiller à ce que ces mesures ne s'étendent pas aux nouveaux services de communication.

2.  Améliorer les conditions d'investissement pour les firmes US en libéralisant les régulations existantes.

3.  Éviter des drames et des querelles inutiles sur les questions culturelles. Rechercher plutôt des zones d'intérêts communs.

4.  Lier les questions audiovisuelles et le développement des nouveaux services de communication et de télécommunication dans le sens de la déréglementation.

5.  S'assurer que les restrictions actuelles liées aux prestations culturelles ne constituent pas un précédent pour les discussions qui vont s'ouvrir dans d'autres enceintes internationales.

6.  Multiplier les alliances et les investissements américains en Europe.

7.  Rechercher discrètement l'adhésion aux positions US des opérateurs européens affectés par les quotas ou les réglementations : télévisions privées, publicitaires, opérateurs de télécommunication...

Sur la base de ces objectifs, une action conjointe de l'administration et des représentants des groupes de pression américains a été entreprise en Europe, pour " resserrer " les liens avec les acteurs publics et privés de l'audiovisuel en Europe, créer un climat de confiance, changer l'état d'esprit de la presse envers les Américains.

Un an et demi après la fixation de cette stratégie, nous pouvons constater qu'elle se déroule exactement comme ce fut annoncé.

· La mise en cause des systèmes de protection, d'encouragement et de soutien existant en Europe

Après leur échec au GATT, la stratégie des Américains a été de prôner la convergence des régimes applicables à l'audiovisuel et aux télécommunications sous le prétexte que les technologies allaient fusionner. Jack Valenti fait campagne en Europe sur le thème " the digital TV revolution requires a free market approach " : satellites, fibres optiques, numérisation créent une nouvelle situation donnant au consommateur le choix ultime des programmes qu'il souhaite voir... il est donc raisonnable de suivre une politique de dérégulation. C'est le point 4 de la stratégie américaine, mentionné plus haut.

Cette approche est également celle de la DG XIII de la Commission Européenne qui entend faire adopter l'idée d'une convergence inéluctable entre le régime de régulation de l'audiovisuel et le régime de régulation des télécommunications. C'est-à-dire une dérégulation de l'audiovisuel. Elle a fait réaliser une étude à ce sujet par un cabinet anglo-saxon. Étude qui pose le postulat que les développements technologiques vont effacer les frontières entre la régulation de l'audiovisuel et celle des télécommunications, et qu'une convergence est, dès lors, indispensable. Dans cette optique l'étude recommande à l'Union européenne " d'adopter une méthode de régulation qui ressorte de la logique du marché, c'est-à-dire une approche fondée sur les règles de la concurrence, évitant de perturber le marché et qui doit réduire au minimum l'intervention de la puissance publique ". Ceci vise clairement à faire voler en éclats les systèmes de soutien et de protection des États membres et de l'Union européenne.

A la suite de cette étude qui évacue par ailleurs toute idée de service universel (service public) dans le secteur des médias, la DG XIII a édité un Livre Vert développant ce projet de " convergence " audiovisuel-télécom et invitant à en tirer les conséquences pour les systèmes de régulation existant dans l'Union européenne. Un Livre Vert est un document officiel proposé par la Commission européenne aux autres institutions de l'Union pour servir de base au lancement d'une nouvelle politique.

On retrouve dans les textes de la DG XIII, mot pour mot, trace de la stratégie américaine et celles de lobbies qui la soutiennent. Ainsi l'association ECTEL, European Telecommunications and Professionnals Electronics Industry, basée à Londres, a-t-elle fait parvenir aux Commissaires européens un memorandun sur " la société de l'Information " dans lequel elle estime " qu'avec la convergence technologique vient la convergence du marché. Mais aucun marché ne peut décoller s'il n'est régi par des règles différentes, imposées par des institutions différentes. Ainsi une convergence des régulations (audiovisuel et télécom) et leur simplification est-elle absolument nécessaire ".

· Une politique d'intimidation destinée à éviter l'extension géographique du modèle européen

Fin 1995 à Strasbourg, la délégation hongroise au Conseil de l'Europe informait ses partenaires européens que les États-Unis étaient intervenus la veille du vote au Parlement hongrois du projet de sur l'audiovisuel afin de faire supprimer les dispositions relatives à l'instauration de quotas européens de diffusion. Les États-Unis auraient, d'après cette délégation, menacé la Hongrie de s'opposer à son entrée à l'OCDE comme membre à part entière si elle choisissait le modèle européen de politique audiovisuelle. Une pression identique a été faite avec succès par les États-Unis auprès de la République tchèque où les mêmes conditions d'accès à l'OCDE ont été posées. Idem en Pologne, mais là, sans résultat immédiat.

Les États-Unis surveillent avec la plus grande attention l'instauration du cadre réglementaire pour l'audiovisuel dans les pays de l'Est. Le problème pour eux est que ces pays, ayant choisi d'intégrer à terme l'Union européenne et ayant signé des accords d'association en ce sens avec l'UE, se doivent de transposer dans leur droit interne le droit communautaire, dont le droit européen de l'audiovisuel constitué essentiellement de la directive " Télévision sans Frontières ".

Pour les États-Unis, il convient d'éviter absolument que le " modèle européen " ne fasse tâche d'huile, et que des quotas ne soient utilisés dans d'autres régions du monde.

· La contre-offensive américaine dans les enceintes internationales

Contrairement à ce qui a été hâtivement claironné , les accords de l'Uruguay Round (GATS) concernant les services n'excluent pas le secteur de l'audiovisuel. Ils prévoient l'ouverture de négociations - qui vont reprendre - au sein de l'OMC pour développer des règles communes sur les systèmes d'aide. Les Américains sont très attachés à ces négociations afin de poursuivre le processus de libéralisation engagé par l'Uruguay Round.

Dans cette perspective, il faut veiller à ce que les mesures générales de libéralisation, décidées au niveau international, ne conduisent pas à la disparition du traitement particulier réservé à l'audiovisuel. Tel est l'enjeu des négociations actuelles au sein de l'OCDE concernant l'éventuelle signature d'un Accord Multilatéral sur les Investissements destiné à libéraliser les régimes encadrant les investissements étrangers dans chaque pays. Cet accord est d'application générale et concerne donc, à priori, tous les secteurs, y compris l'audiovisuel.

· Le risque de captation des aides nationales

Si un tel accord était conclu, les investissements américains en Europe seraient considérés comme des investissements européens et les entreprises américaines auraient accès aux systèmes d'aide européens et nationaux qui serviraient à renforcer les capacités de production des majors américaines et contribueraient à l'enrichissement de leurs catalogues qui sont déjà les plus importants du monde.

Tant pour le cinéma que pour la production audiovisuelle, il est évident que les firmes américaines installées en Europe vont pouvoir prétendre aux aides nationales. En France, le Compte de soutien pourrait bien venir alimenter la production américaine. Une réponse serait alors de réduire les montants budgétaires des systèmes de soutien et de faire davantage jouer le marché, exactement ce que recherchent à terme les Américains.

· La multiplication des alliances et le développement des investissements américains en Europe

Depuis la signature des accords du GATT, l'industrie américaine de la production et de la diffusion de programmes audiovisuels a subi de profondes transformations qui ont conduit à la constitution d'entreprises géantes auprès desquelles les entreprises européennes font pâle figure. Cette restructuration sur le sol américain s'est prolongée par un développement massif des investissements américains en Europe. Achats de studios, intervention dans les réseaux câblés, construction de multiplex de cinéma et surtout création et diffusion de chaînes américaines en Europe. Il y a quinze ans aucune chaîne de télévision américaine n'était diffusée en Europe, aujourd'hui on en compte une cinquantaine (généralistes ou thématiques, information, cinéma...).

A ce rythme et dans cinq ans, dans chaque pays de l'Europe centrale, la première chaîne de télévision privée sera américaine
.

Ces investissements et cette présence massive des États-Unis dans l'audiovisuel européen est à même de modifier très sensiblement le rapport des forces et de peser lourdement, dans le débat, sur l'opportunité de toute politique audiovisuelle (mesures réglementaires et de soutien) nationale.

Cette évolution annonce une domination écrasante et totale de l'audiovisuel américain sur l'Europe.

Les Américains réalisent déjà 80 % du chiffre d'affaires du cinéma en Europe et 60 % de la fiction sur les chaînes de télévision. Ils possèdent la majeure partie des réseaux de distribution et des multiplex existant en Europe. Ils possèdent la majorité des chaînes de télévision transnationales (information, cinéma...) en Europe.

L'expansion du marché européen de la télévision est particulièrement bénéfique pour les compagnies américaines. En 1995, elles ont augmenté leurs ventes de programmes de télévision de 22 % en Europe. Le déficit commercial de l'Europe vis-à-vis des États-Unis s'est creusé pour atteindre 6,3 milliards de dollars en 1995 (+ 14,5 % par rapport à 1994). Ce déficit n'était que de 2,1 milliards en 1988.


Le texte se conclut par le jugement suivant : " l'Europe peut faire le choix de renoncer à son identité, à sa diversité culturelle et linguistique. Elle peut faire le choix de laisser à ses créateurs comme unique solution d'aller présenter leurs projets à une compagnie d'Hollywood. L'Europe, qui possédait des agences de presse mondiales, peut faire le choix d'être désormais informée par les networks américains. L'Europe peut enfin considérer, que dans cette société de l'information dont elle célèbre chaque jour les louanges, l'image n'a aucune importance... Ou bien l'Europe peut manifester son envie d'exister. Mais il faut alors en tirer les conséquences et mettre en oeuvre une véritable politique audiovisuelle.

Contrairement aux États-Unis, où l'audiovisuel est considéré comme une cause nationale mobilisant de façon coordonnée l'administration fédérale (commerce, industrie, diplomatie...), l'Europe n'accorde à ces questions qu'une attention épisodique, souvent sous forme émotionnelle. Aucun dispositif n'existe qui puisse rivaliser sur le plan politique avec la détermination américaine. Les résultats sont là ".

ANNEXES

Annexe 1

Résolution du Parlement européen du 28 octobre 1996 sur le rôle de la télévision de service public dans une société plurimédiatique

(extraits)

Le Parlement européen,

(...)

1. considérant qu'il est essentiel que, par leur qualité inhérente et leur contenu, les programmes populaires des chaînes de service public, y compris les programmes intéressant plus spécifiquement des audiences minoritaires, se différencient clairement, dans l'esprit du public, des programmes des chaînes commerciales, qui sont contraintes d'accorder la priorité à la recherche de taux d'audience élevés et à la rentabilité, du fait de leur responsabilité directe à l'égard de leurs actionnaires : considérant que, malgré les chevauchements inévitables en ce qui concerne les programmes populaires - sport, théâtre, informations et affaires courantes -, le public doit continuer à avoir conscience de l'importance que revêt l'indépendance d'esprit et l'impartialité du commentaire social des chaînes de service public (...).

(...)

9. invite la Commission à proposer aussi rapidement que possible des adaptations du traité permettant à l'Union de mener une politique positive à l'égard des chaînes de service public, reconnaissant leur importance extrême pour le développement de la citoyenneté nationale et européenne, plutôt qu'une politique fondée exclusivement sur des dérogations aux règles de concurrence et du marché intérieur.

10. demande à la Commission de continuer à considérer le financement public comme légitime pour les chaînes publiques dans la mesure où elles doivent respecter strictement leurs obligations de service public, se félicite de ce que la Commission est actuellement en train d'élaborer des directives relatives aux aides d'État dans les secteurs de la culture, des arts et de l'audiovisuel, aux fins de clarifier le régime des aides d'État dans ce domaine ; estime que le financement public des chaînes de service public ne saurait constituer une aide d'État dès lors que le financement global, y inclus les recettes commerciales procurées par la publicité et le parrainage, est proportionné aux obligations de service public du diffuseur , confirme que les redevances acquittées par les usagers aux organismes de radiodiffusion ne relèvent pas de l'article 92 du traité sur l'Union européenne ; (...)

13. invite la Commission à renoncer à toute mesure qui serait de nature à compromettre l'autonomie des États membres quant aux systèmes de financement de leurs chaînes de service public ; (...)

39. invite les États membres à garantir aux chaînes de service public un financement cohérent, stable et réaliste pour assurer leur viabilité dans un marché concurrentiel sans être pour cela entièrement dépendantes des recettes publicitaires et leur permettant de s'acquitter de leurs obligations de service public ; (...)

47. invite les États membres à disposer que dans le cas où d'autres manifestations sportives, spectacles ou manifestations scientifiques d'une valeur et d'un intérêt particuliers ne sont retransmises que par la télévision payante, leurs moments les plus marquants doivent pouvoir être diffusés largement par la télévision non payante ; (...)

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