B. LE PRODUIT DE LA REDEVANCE

Votre rapporteur reviendra sur le problème résultant de la faiblesse structurelles que constitue pour le secteur public son niveau de redevance relativement peu élevé et surtout son nombre très important d'exonérations.

Des efforts récents de recouvrement combinés à des modifications à la marge du régime des exonérations expliquent la progression récente des recettes.

1. Perspectives du recouvrement pour 1997 et 1998

Le Service de la redevance confirme sur l'ensemble de l'année 1997 la prévision inscrite dans la loi de finances, de même que les éléments de base du calcul de l'objectif (notamment la progression d'ensemble des comptes payants, qui a été pour les six premiers mois de l'année de 141 429 unités, conforme aux prévisions).

Les résultats d'encaissement fin juin sont légèrement supérieurs à ceux de l'échéancier mensuel prévisionnel (+ 58 millions de francs) grâce à une nouvelle progression du taux de recouvrement sur exercice courant (+ 1,71 % par rapport au 30 juin 1996) permis notamment par le recours aux moyens modernes de paiement.

L'évolution du produit de la redevance fait apparaître une augmentation supérieure d'année en année à celle du taux de la taxe qui met en évidence l'action du service de la redevance 5( * ) .

L'ensemble des recettes collectées sur l'année 1996 a été de 11 527,1 millions de francs. L'accroissement a été de 608,7 millions de francs (+ 5,58 %) par rapport au montant atteint en 1995, soit 10 918,4 millions de francs, dégageant un excédent de 77,9 millions de francs, par rapport au montant de 11 449,2 millions de francs prévu par la loi de finances.

Le supplément de recettes de 608,7 millions de francs se décompose ainsi :

- l'impact de l'augmentation annuelle du taux de la taxe (+ 4,48 %) est voisin de 400 millions de francs

- l'action propre au Service a été en grande partie à l'origine du gain supplémentaire :

L'accroissement de l'assiette (+ 312 911 comptes payants), permis principalement par les recherches de postes non déclarés et les contrôles sur comptes exonérés, a engendré une progression de recettes de 180 millions de francs.

La poursuite de la progression des taux de recouvrement sur exercice courant (81,50 %) au lieu de 80,93 % fin 1995), et du taux à n + 1 est due notamment à un effet d'accélération des délais de traitement des moyens de paiement reçus, lié particulièrement au T.I.P., à son mode de traitement et à un bon taux d'adhésion par les redevables (42,4 % au 31 décembre 1996).

Cet effet de trésorerie sur l'exercice courant est évalué à 70 millions de francs. Son impact sur les recettes de l'année 1996 a plus que compensé la baisse - attendue - du taux de recouvrement et des restes à recouvrer sur exercice précédent, entraînés naturellement et mécaniquement par le rythme accru des encaissements en phase amiable déjà engagé au cours des années précédentes.

Évolution des ressources du secteur public de l'audiovisuel depuis 1994
(en milliards de francs)

Ressources

1994

1995

1996

1997

1998

 
 

% de l'ensemble

 

% de l'ensemble

 

% de l'ensemble

 

% de l'ensemble

 

% de l'ensemble

Redevance

9 431,9

61,9

10 239,5

61,3

10 743,6

62,5

10 922,0

62,7

11 681,5

64,9

Concours de l'État

1 697,8

11,1

2 099,6

12,6

1 790,5

10,4

1 119,8

6,4

738,1

4,1

Publicité et parrainage

3 175,0

20,8

3 306,3

19,8

3 622,3

21,1

4 473,9

25,7

4 690,3

26,1

Autres ressources

941,7

6,2

1 068,4

6,4

1 036,4

6,0

914,0

5,2

891,3

5,0

Total

15 246,4

100,0

16 713,8

100,0

17 192,8

100,0

17 429,7

100,0

18 001,2

100,0

Croissance du budget en %

1994/1995

1995/1996

1996/1997

1997/1998

Moyenne

9,62

2,87

1,38

3,28

4,29

Au total, l'amélioration globale des taux de recouvrement, tous exercices confondus, a permis d'accroître le produit 1996 de la taxe d'environ 30 millions de francs.

Pour 1997, les prévisions ont été établies sur la base de 16 885 000 comptes payants, soit environ 235 000 de plus que le niveau atteint fin 1996 (16 650 000) ; elles intègrent une augmentation du nombre de comptes " couleur " payants de 265 000 unités. Le pourcentage d'accroissement du produit fixé par la loi de finances (11 638,4 millions de francs) par rapport à celui de 1996 est de + 1,65 %, les taux de la taxe n'ayant pas été modifiés.

Pour 1998, les prévisions d'encaissement peuvent être établies comme suit :

· A taux constants le produit de la redevance serait de 11 900 millions de francs, soit environ 260 millions de francs de plus que l'objectif pour 1997.

Cette importante augmentation de recettes (supérieure à 2 %) intègre en effet un fort élargissement de l'assiette de 385 000 comptes payants (+ 435 000 comptes payants " couleur " et 50 000 comptes payants " noir et blanc ").

Cet élargissement de l'assiette sera rendu possible par l'application à partir du 1er janvier 1998 de la condition de perception de l'allocation du Fonds de solidarité vieillesse pour le droit à l'exonération des nouveaux postulants (décret n° 96/1220 du 30 décembre 1996) et par les nouvelles possibilités de contrôle (rapprochement avec les fichiers de taxe d'habitation) prévues pour l'application de l'article 46 de la loi n° 96-314 du 12 avril 1996.

· Compte tenu de l'augmentation, le montant toutes taxes comprises des prévisions d'encaissement s'établit à 12 415 millions de francs, soit une progression de 759,5 millions de francs.

2. L'augmentation de la redevance, un rattrapage indispensable

La redevance a eu tendance à évoluer en moyenne au même rythme que l'indice des prix.

Il était donc légitime, après une année, 1997, sans augmentation, de procéder à un réajustement, indépendamment de la volonté affichée par le ministre de rééquilibrer la structure de financement des organismes publics pour affirmer leurs missions de service public :

" Il faut assurer au service public des sources stables et suffisantes de financement. Il est donc indispensable d'augmenter la redevance. Elle augmentera de 5 % en 1998 et je m'engage à ce que cette augmentation corresponde à une amélioration du service rendu au public. Les radios et télévisions publiques auront les moyens de remplir leurs missions pour les téléspectateurs et les auditeurs ", a déclaré Madame la Ministre de la Communication à Hourtin.

Aussi, des tarifs de la redevance pour droit d'usage augmentent de 5 % et portent à 735 francs (contre 700 francs en 1997) le montant dû pour un récepteur " couleurs " et 471 francs (contre 449 francs en 1997) pour un récepteur " noir et blanc ".

Nécessaire cette augmentation n'est pas suffisante.


Elle ne donne pas véritablement les moyens au secteur public de faire face aux défis des nouvelles technologies.

" Être présent dans la télévision numérique par satellite est un impératif aujourd'hui pour le développement du secteur public , a affirmé Madame Catherine Trautmann, dans le discours précité. " Le secteur public audiovisuel, a-t-elle ajouté, peut développer des chaînes thématiques, éventuellement en association avec des opérateurs privés ".

Une première question est, en effet, de savoir si cette augmentation offre au service public les moyens de son développement à un moment où il faut que les besoins d'investissements soient considérables.

Le nouveau paysage audiovisuel se caractérise par une forte concurrence. En matière de chaînes thématiques, les sociétés du secteur public sont des entreprises comme les autres. L'audiovisuel public devra choisir ses partenaires, ses programmations, son bouquet. S'il ne fait pas, s'il ne prend pas les bonnes options, s'il n'investit pas suffisamment, il risque d'être marginal et donc de ne pas trouver de rentabilité : non seulement l'argent investi aura été perdu, mais la volonté prévisible de poursuivre les tentatives provoquera des pertes d'exploitation qui entraveront l'accomplissement des missions de service public. Toutes ces questions seront examinées, ultérieurement à l'occasion de l'analyse des mutations du paysage audiovisuel mondial.

Une seconde question est de se demander si cette augmentation , ou plutôt cet ajustement, permettra au secteur public d'échapper à la course à l'audience dénoncée par le Ministre dans son discours d'Hourtin.

L'examen de l'évolution des recettes publicitaires montre que l'augmentation du montant de la redevance ne devrait pas suffire à faire baisser la part de ce type de ressources dans le financement de l'audiovisuel public.

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