EXAMEN PAR LA COMMISSION

Au cours de sa réunion du jeudi 13 novembre 1997 sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Alain Pluchet sur l'agriculture.

M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, a tout d'abord indiqué que le revenu agricole avait augmenté de 1 % en 1996 après de fortes augmentations en 1994 et 1995. Il a tenu à rendre hommage à la politique menée par les deux précédents ministres de l'agriculture qui avait permis, notamment lors de la crise de la vache folle, le maintien du revenu des agriculteurs. Il a souligné d'une part l'importance du montant des subventions communautaires, qui était passé en trois ans de 18 à 50 milliards de francs, et d'autre part la croissance de la part de l'Etat dans le montant des cotisations sociales. Il a, également, noté la diminution de 8 % des impôts fonciers pour 1996 et la croissance soutenue de l'investissement. Il a, en outre, fait remarquer la disparité de l'évolution des revenus en fonction à la fois des régions et de l'orientation technique des différentes exploitations. Il a regretté la baisse constante du nombre d'exploitations et d'actifs agricoles.

Abordant la politique des pouvoirs publics en 1996 et 1997, M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, s'est félicité de l'action gouvernementale menée lors de la crise de la " vache folle ". Il a ensuite effectué un premier bilan de la loi de juillet 1996 tendant à instaurer un meilleur équilibre entre la grande distribution et les producteurs. Il a par ailleurs rappelé qu'un bilan sur le service public de l'équarrissage devait être présenté avant la fin de cette année. Il a enfin noté que le Sénat attendait avec impatience l'examen du projet de loi sur la qualité des denrées humaines et animales et le projet de loi d'orientation agricole.

Après avoir fait le point sur l'état d'avancement des différentes organisations communes de marché, M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, a rappelé les différents enjeux de la politique agricole commune (PAC), notamment celui lié à l'élargissement de l'Union européenne. Il a insisté sur ces nouvelles exigences de notre société de consommation que constituaient la qualité des produits alimentaires -notamment face au problème des organismes génétiquement modifiés-, l'environnement et l'aménagement de l'espace rural.

M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, a poursuivi son propos en indiquant que le budget général hors pêche s'établissait à 35,486 milliards de francs pour 1998, soit une augmentation de 1,22 %. Il a regretté la baisse de 10 % en autorisations de programme et de 7 % en crédits de paiement des dépenses en capital.

Rappelant les différentes priorités du Gouvernement, il a estimé peu opportun le remplacement du fonds pour l'installation et le développement des initiatives locales (FIDIL) par le fonds pour l'installation en agriculture (FIA). Il s'est inquiété de la volonté affichée par le Gouvernement d'attribuer en priorité les crédits du FIA aux jeunes issus d'un milieu non agricole. Après avoir rappelé l'évolution du nombre des installations agricoles depuis le début des années 1990, M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, a regretté l'absence de baisse des taux des crédits bonifiés.

M. Jean François-Poncet, président , et M. Marcel Deneux sont intervenus pour expliquer les causes de la diminution du nombre d'installations d'exploitants agricoles en 1994 en rappelant, notamment, les effets de la réforme de la PAC.

M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, a précisé que les crédits consacrés à la qualité et la sécurité des denrées alimentaires étaient en augmentation de 26 %. Après avoir noté la croissance des dépenses affectées à l'enseignement agricole, le rapporteur pour avis s'est félicité de l'augmentation des crédits destinés aux retraites agricoles les plus faibles.

Après avoir répondu à M. Jean Huchon qui l'interrogeait sur le montant annuel nécessaire à la revalorisation de l'ensemble des retraites agricoles, il a ensuite évoqué les aspects insuffisamment pris en compte par le ministère de l'agriculture dans le projet de loi de finances pour 1998 : il s'agit du soutien aux régions à handicaps, des crédits consacrés à la Société pour la promotion et l'exportation des produits agricoles (SOPEXA) et des politiques en faveur de la forêt et de l'espace rural.

M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, a demandé que la commission donne un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés à l'agriculture en raison de la hausse des frais de fonctionnement, et du caractère insuffisamment prospectif du projet de loi de finances pour 1998.

M. Marcel Deneux , après avoir approuvé les propos du rapporteur pour avis, a regretté la baisse de l'agrégat n° 1 consacré aux activités agricoles productives. Il a ensuite constaté que les procédures et les méthodes utilisées par la commission des comptes de l'agriculture -notamment l'utilisation comme référence de l'année civile et l'absence de comptes de bilan et de stock- suscitaient des interrogations. Abordant la question des charges de bonification, il a rappelé qu'actuellement les taux réels s'établissaient à près de 3 %. Il a constaté qu'en 1977, plus de 7 milliards de francs étaient consacrés à la bonification alors qu'actuellement seulement 2,3 milliards y étaient affectés. Il a rappelé que la bonification des crédits permettait d'atténuer le poids des frais financiers pour des agriculteurs qui investissaient dans des productions de longue période.

M. Marcel Deneux a regretté que peu d'informations aient été données aux parlementaires sur les discussions entre les autorités communautaires et le Gouvernement, notamment lors de l'apurement des comptes du FEOGA.

Après avoir rappelé l'utilité de la SOPEXA, il a considéré qu'il y avait une contradiction entre le fait de vouloir développer les exportations et celui de diminuer les crédits de cette entreprise. Il s'est déclaré, dans ce contexte, défavorable à l'adoption des crédits de l'agriculture.

M. Raymond Soucaret s'est interrogé sur le montant des subventions communautaires, rappelant le mouvement de baisse des prix engagé depuis 1992.

M. Jean François-Poncet, président, a rappelé que la réforme de la PAC de 1992 avait entraîné une baisse des prix compensée par une hausse des subventions.

M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, a tenu à rappeler l'importance des retours communautaires.

M. Marcel Deneux a précisé, à cet égard, que les agriculteurs soumis à une comptabilité au réel avaient contribué notablement depuis quelques années à l'accroissement des recettes fiscales de l'Etat.

M. Michel Souplet a regretté que la France ne se dote pas de moyens suffisants pour promouvoir et développer ses exportations dans les pays émergents. Abordant la question de l'installation des jeunes, il a rappelé qu'une exploitation de cent hectares qui dégageait un chiffre d'affaires de plus de 800.000 francs nécessitait un investissement en capital de plus de cinq millions de francs. Il a fait remarquer que lors d'un départ à la retraite, la cession de l'exploitation constituait pour l'agriculteur un complément de retraite indispensable.

M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis, après avoir approuvé les propos des précédents orateurs, a confirmé que l'examen détaillé des comptes de l'agriculture notamment en matière d'exportation, suscitait quelques interrogations. Il a souhaité que la commission auditionne le président de la commission des comptes de l'agriculture de la Nation.

M. Michel Souplet a rappelé la distinction en matière d'installation entre les zones de grandes cultures et les régions à handicap naturel.

M. Louis Moinard, après avoir regretté la baisse de la dotation consacrée aux interventions spéciales dans les zones agricoles défavorisées, s'est interrogé sur les réactions du Gouvernement face aux propositions de la Commission européenne en matière de fonds structurels dans le volet agricole d'Agenda 2000.

M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis , a précisé que ce point précis pourrait être abordé par la prochaine mission de la Commission sur la future réforme de la PAC. Il a ensuite considéré comme problématique la baisse de 70 millions de francs des crédits affectés au fond national des haras.

M. Jean François-Poncet, président , s'est inquiété de l'apparente volonté du ministère de l'environnement de récupérer les crédits affectés au fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE), aujourd'hui gérés par le ministère de l'agriculture. Il a évoqué le risque de diminution de la dotation du FNDAE et s'est inquiété du souhait éventuel des pouvoirs publics de confier aux agences de bassin les missions du FNDAE. Il a noté, à cet égard, que les agences de bassin risquaient de se voir confier de nouvelles missions sans pour autant constater une augmentation de leurs moyens financiers. Il a fait remarquer que cette " débudgétisation rampante " conduirait inéluctablement à une minoration des crédits pour l'adduction d'eau. Il a, enfin, évoqué les inquiétudes que suscitait l'adoption de nouvelles directives européennes en matière environnementale, notamment celle relative à la limitation de la teneur en plomb dans l'eau.

Un large débat s'est ensuite instauré sur les problèmes de gestion de l'eau, auquel ont participé MM. Marcel Deneux, Louis Moinard et M. Jean François-Poncet, président .

Mme Anne Heinis a regretté que la préoccupation du ministère de l'environnement semble être, de façon systématique, le maintien des choses en l'état.

M. Jean François-Poncet, président , a rappelé que la prochaine commission d'enquête sur les infrastructures, dont la création était démandée, pourrait être l'occasion d'aborder ces questions.

M. Jean Huchon s'est interrogé sur le nombre exact de postes de fonctionnaires créés au ministère de l'agriculture et de la pêche dans le projet de loi de finances pour 1998.

La commission a ensuite émis un avis défavorable à l'adoption des crédits consacrés à l'agriculture dans le projet de loi de finances pour 1998.

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