II. LA MUTATION DES OPÉRATEURS HISTORIQUES

A. LA TRANSFORMATION DES OPÉRATEURS EN EUROPE ET DANS LE RESTE DU MONDE

La réforme du secteur des télécommunications en Europe a été accompagnée d'une mutation des opérateurs historiques, visant à adapter leur statut au cadre concurrentiel et à l'internationalisation très marquée de ce secteur.

Une ouverture partielle du capital de l'opérateur dominant a ainsi été engagée dans de nombreux pays. Les exemples les plus frappants de cette évolution, nullement imposée par la réglementation européenne -qui ne prend pas parti sur le régime de propriété du capital- mais qui découle plutôt de la nécessité de se préparer au cadre concurrentiel, sont l'ouverture du capital de Deutsche Telekom en novembre 1996 de France Télécom et Telecom Italia en octobre 1997.

Mais ces trois pays n'ont pas été seuls à connaître une telle évolution, comme le détaille l'annexe 2 du présent rapport, qui retrace les changements intervenus en Europe et dans les autres régions du monde.

B. L'ACHÈVEMENT DE LA RÉFORME DE FRANCE TÉLÉCOM

Le souhait de votre commission, exprimé notamment dans son rapport d'information : " L'avenir de France Télécom : un défi national 16( * ) ", ainsi que lors des débats relatifs à la loi précitée du 26 juillet 1996, de voir France Télécom dotée d'un capital, ouvert minoritairement à l'extérieur, afin de conférer à l'opérateur les armes nécessaires au combat concurrentiel, a enfin été réalisé par l'actuel Gouvernement, avec moins d'un semestre de retard par rapport au calendrier établi par le précédent Gouvernement.

Loin de fustiger inutilement la palinodie des opposants d'hier au changement de statut, votre commission se félicite que la réforme mise en place par M. François Fillon ait ainsi pu être menée à son terme naturel, l'ouverture partielle du capital de l'opérateur
.

Elle note avec une satisfaction toute particulière le fort taux de souscription des personnels de l'entreprise qui ont souscrit pour 69,5% d'entre eux à l'offre publique de vente des actions France Télécom : économiquement indispensable, la mutation de l'opérateur s'est ainsi trouvée socialement légitimée.

1. Le nouveau statut de l'entreprise nationale

France Télécom est désormais une " entreprise nationale " soumise à la législation sur les sociétés anonymes, sous réserve des spécificités suivantes :

En application de l'article 49 de la loi du 2 juillet 1990, modifiée par la loi du 26 juillet 1996 relative à l'entreprise nationale France Télécom, les statuts initiaux de France Télécom ont été déterminés par décret en Conseil d'Etat. Ils pourront à l'avenir être modifiés dans les conditions de droit commun des sociétés anonymes.

Aux termes de l'article 10-1 de la loi du 2 juillet 1990 modifiée, la composition du Conseil d'administration de France Télécom est régie par des règles spécifiques. La loi précitée du 26 juillet 1996 y a prévu, conformément aux voeux de votre Haute Assemblée, une représentation des actionnaires minoritaires au Conseil d'Administration de l'entreprise , auquel siègent également les représentants des salariés.

En application de l'article 23-1 de la loi du 2 juillet 1990 modifiée, l'Etat peut s'opposer à la cession des éléments d'infrastructure des réseaux de télécommunications nécessaires à la bonne exécution par France Télécom des obligations de son cahier des charges, et notamment à la continuité du service public.

La représentation collective du personnel de France Télécom relève d'un régime spécifique établi par la loi précitée du 26 juillet 1996, qui exclut le comité d'entreprise et prévoit notamment la mise en place d'un comité paritaire qui tient lieu de comité d'entreprise et dont l'objet est d'assurer l'expression collective des intérêts du personnel.

La même loi relative à l'entreprise nationale France Télécom a fait du dialogue social une ardente obligation pour l'entreprise. France Télécom a conclu le 9 janvier 1997 un accord collectif avec quatre des six syndicats nationaux concernant, notamment, la politique d'embauche, les horaires de travail et la gestion des carrières. Il prévoit des horaires de travail flexibles, l'ouverture des agences le samedi et en soirée et, plus généralement, une meilleure adaptation des horaires de travail aux besoins. Deux syndicats, la CGT et SUD, n'ont toutefois pas signé cet accord.

Un nouveau cahier des charges de France Télécom a été élaboré, qui porte principalement sur les conditions de fourniture du service public et plus précisément sur :

- la fourniture du service universel,

- les tarifs et leur contrôle,

- la transparence des offres et de leurs conditions d'élaboration,

- les relations avec les utilisateurs,

- les relations financières entre l'Etat et l'entreprise,

- la prise en compte des besoins du territoire.

Suite à la réforme de l'opérateur, le nouveau cahier des charges a été allégé des missions qui sont du ressort de l'Etat , comme par exemple la contribution à la réglementation et à la normalisation ou l'enseignement supérieur des télécommunications.

Certaines obligations de l'opérateur, comme les critères à satisfaire pour l'obtention d'une licence, ou les conditions d'interconnexion, relèvent désormais du cadre réglementaire applicable à tous les acteurs et non plus du seul cahier des charges de l'opérateur.

Enfin, le cahier des charges a été allégé des interventions et contrôles de l'Etat relatifs à la gestion de l'opérateur, devenus inadaptés à son nouveau statut :

- la commission consultative des marchés est supprimée ;

- France Télécom n'est plus soumise à l'examen du conseil de direction du fond de développement économique et social, pour ce qui concerne ses investissements et financements, ni à celui de la commission interministérielle de coordination des salaires ;

- le contrôle a priori des ministres chargés de l'économie et des télécommunications sur les cessions et acquisitions supérieures à 300 millions de francs est supprimé.

De même, France Télécom n'est plus soumis à l'établissement d'un état prévisionnel des recettes et des dépenses.

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