EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 26 novembre 1997 sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Jean-Jacques Robert sur les crédits consacrés aux PME, au Commerce et à l'Artisanat dans le projet de loi de finances pour 1998.

M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis,
a tout d'abord décrit l'évolution de l'activité des PME, du commerce et de l'artisanat en 1996, relevant que la croissance dans le secteur du commerce avait été plus modérée que l'année précédente et que le chiffre d'affaires des grandes surfaces avait continué à progresser (+ 3,7 %). Il a indiqué que le nombre de créations d'entreprises avait diminué (- 5,7 % pour le commerce et - 5,2 % pour l'artisanat) et a souligné le retournement de tendance enregistré en 1996, avec une hausse du nombre de défaillances d'entreprises.

M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis, a constaté que, depuis 1996, la politique en faveur des PME, du commerce et de l'artisanat avait connu des évolutions positives, mais que certains dossiers suscitaient des interrogations, tandis que d'autres constituaient des motifs d'insatisfaction.

Evoquant l'encadrement de l'équipement commercial, il a rappelé la mise en place d'une démarche expérimentale, concernant 31 sites, préalable à l'élaboration de schémas de développement commercial. Il a indiqué qu'un rapport devait être remis au Parlement à la fin de l'année 1997, conformément à la loi du 15 juillet 1996, dite loi " Raffarin ", qui devrait reprendre les enseignements des expériences locales ainsi menées.

Le rapporteur pour avis a ensuite établi le bilan de l'activité des commissions départementales d'équipement commercial, qui avaient autorisé 466.381 m2 de surfaces commerciales au premier semestre 1997 et 576.000 m2 en 1996, contre 815.000 en 1995.

Il a rappelé les objectifs et établi le bilan des opérations de revitalisation du commerce et de l'artisanat dans les zones rurales (les opérations de restructuration du commerce et de l'artisanat, les opérations " 1.000 villages de France ", les actions de transmission-reprise pour l'artisanat et le commerce, les opérations " Coeur de pays ", les opérations " Centre 2.000 " et la réfection ou la création de halles et marchés). Il s'est ensuite félicité de la création de la Banque de développement des PME (BDPME), créée fin 1996, dont la gamme de produits offerts couvre largement les besoins financiers des PME. Il a précisé que, pour 1997, ses volumes d'intervention étaient évalués à 18,3 milliards de francs, auxquels s'ajoutaient 24 milliards de francs au titre d'avances de trésorerie pour commandes publiques.

M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis, a estimé que la politique en matière de simplification administrative devait être poursuivie, dans la mesure où PME, commerçants et artisans continuaient à souffrir de l'excès de " paperasserie " et de tracasseries administratives. Il a estimé, en particulier, indispensable qu'il soit procédé à une réelle simplification de la feuille de paie pour les PME, celle-ci se heurtant manifestement à certaines réticences, tant des organismes paritaires que du ministère des finances. Il a proposé de demander au ministre de préciser ses intentions et d'indiquer quelle suite il entendait donner aux propositions du rapport de M. Dominique Baert, député du Nord, en ce domaine.

Le rapporteur pour avis s'est inquiété de savoir ce qu'il advenait de l'établissement public d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA), créé par la loi du 14 novembre 1996, dont le conseil d'administration (dont il était membre) ne s'était jamais réuni.

M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis, a ensuite évoqué la création des emplois-jeunes, qui mobilisaient 8,5 milliards de francs au budget de l'emploi pour 1998 et 300 millions de francs au budget de l'outre-mer. Regrettant que ces emplois ne débouchent pas, à terme, sur des emplois réels et durables, il s'est demandé s'il n'aurait pas mieux valu étendre cette mesure aux entreprises immatriculées aux chambres des métiers et à celles employant, par exemple, moins de dix personnes. Il a considéré qu'une telle mesure aurait, en outre, contribué à la lutte contre le travail clandestin.

Le rapporteur pour avis a, par ailleurs, jugé très regrettable que la formation professionnelle en alternance ne soit pas suffisamment encouragée. S'agissant, en particulier, des contrats de qualification, il a constaté qu'ils bénéficiaient à la fois des crédits nécessaires et d'une demande des entreprises et des jeunes, mais qu'ils restaient très peu utilisés en raison des freins mis par l'administration à leur conclusion. Il a déploré cette situation, alors que 80 % des titulaires de tels contrats trouvent un emploi à leur issue.

Après avoir évoqué la réduction du temps de travail, M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis, a souhaité qu'il soit procédé à une harmonisation européenne en matière de charges sociales et d'organisation du travail.

Il s'est, en outre, déclaré très préoccupé par les difficultés rencontrées par les PME pour accéder aux marchés publics. Il a constaté que les grandes entreprises " tiraient les prix vers le bas ", compensant la faiblesse de leur marge par une excessive et souvent insupportable pression sur les PME sous-traitantes. Il a souhaité, pour mettre fin à ces comportements, une révision des règles applicables à la sous-traitance.

Le rapporteur pour avis a rappelé qu'à la suite des dispositions législatives adoptées en 1996, le Gouvernement s'était engagé à aider les petites stations services au moyen d'un fonds alimenté par une hausse de l'assiette de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat. Il a déploré que ce fonds, qui devait percevoir 60 millions de francs à ce titre, n'ait toujours pas été doté et a proposé de demander au Gouvernement d'exposer sa politique en la matière.

Il a évoqué le problème de la suppression programmée des ventes hors taxes pour les relations intracommunautaires à compter du 1er juillet 1999 et ses conséquences sur les magasins concernés, sur les aéroports, ainsi que pour les produits dont ces magasins sont la vitrine.

M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis, a ensuite regretté l'amendement adopté par l'Assemblée nationale tendant à créer une taxe de 1 % sur les publicités hors média, et jugé insuffisante la réduction de l'assiette opérée la veille par le Sénat, qui a prévu que cette taxe ne s'appliquerait pas aux publicités adressées.

Décrivant l'évolution des crédits destinés aux PME, au commerce et à l'artisanat pour 1998, qui s'élevaient à 424,7 millions de francs, en baisse de 2,86 %, il a précisé que, si l'on considérait les dotations réellement disponibles en 1997 -compte tenu des annulations de crédits-, celles-ci augmentaient cependant de 4,54 %. Cette évolution recouvrait, a-t-il ajouté:

- une diminution de 3,27 % des moyens des services ;

- une réduction de 1 % des crédits d'intervention et d'investissement, hors bonification d'intérêt des prêts aux artisans, avec une baisse des crédits d'intervention en faveur de l'artisanat et une augmentation des crédits d'investissement ;

- une baisse de 5,7 % des crédits inscrits au titre des prêts bonifiés aux artisans, qui traduisait un amortissement progressif des prêts contractés avant le 31 décembre 1997 et non une réduction de l'enveloppe allouée (2 milliards de francs).

M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis, a alors brièvement exposé les mesures fiscales en faveur des PME, qui tendaient à soutenir les entreprises innovantes et les créations d'entreprises, ainsi que les entreprises du bâtiment et des travaux publics. S'agissant cependant du crédit d'impôt sur le revenu pour les dépenses d'entretien et de revêtements des surfaces, il a jugé modestes les montants concernés.

Il a rappelé que les PME bénéficiaient des ressources extrabudgétaires du Fonds d'intervention pour la sauvegarde, la transmission et la restructuration des activités commerciales et artisanales (FISAC), financé par une part de la taxe spécifique sur les grandes surfaces et visant à préserver l'équilibre entre les différentes formes de commerce et à maintenir des commerces et des services de proximité. Il a précisé que la dotation du FISAC serait au minimum reconduite à 300 millions de francs et pourrait bénéficier d'une forte augmentation, un arbitrage budgétaire étant en cours sur ce point. Il a souhaité que les opérations financées par le FISAC, en particulier les opérations de restructuration du commerce et de l'artisanat (ORAC), soient déconcentrées.

En conclusion, M. Jean-Jacques Robert, rapporteur pour avis, a proposé à la commission de s'en remettre à la sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits des PME, du commerce et de l'artisanat inscrits dans le projet de loi de finances pour 1998.

Après avoir remercié le rapporteur pour avis pour l'intérêt de ses propos et avoir déclaré partager ses préoccupations, M. Jean François-Poncet, président , a estimé qu'elles traduisaient le sentiment que la politique en faveur des PME " tournait en rond ", alors même que celles-ci étaient la clé du développement de l'emploi et de la croissance. Il a, en particulier, jugé décevant le faible recours aux contrats de qualification. Il a proposé que la commission se rallie à la conclusion du rapporteur pour avis.

La commission s'en est remis à la sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits des PME, du commerce et de l'artisanat inscrits dans le projet de loi de finances pour 1998 , le groupe socialiste votant en faveur de ces crédits.

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