B. UN BUDGET EN RECUL DE PRÈS DE 15 % EN 1998

Le budget du service de santé subira un recul de 14,6 % en 1998, qui va très au delà des simples conséquences de la réduction de son format. Ce recul traduit une nouvelle répartition entre les ressources budgétaires et les ressources provenant du fonds de concours, qui comporte un risque de fragilisation du service dans la délicate période d'adaptation qu'il traverse.

1. L'évolution générale des crédits

Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des crédits du service de santé de 1997 à 1998.

Evolution des crédits du SSA (en millions de francs)

1997

1998

%

Rémunérations et charges sociales

1 286,559

1 185,942

- 7,8

Fonctionnement

753,239

556 ,309

- 26,1

Total titre III

2 039,798

1 742,251

- 14,6

Equipements

128,9

102,0

- 20,9

Infrastructures

154

139

- 9,7

Total titre V

282,89

241

- 14,8

Total général

2 322,688

1 983,251

- 14,6

La diminution des crédits est de même ampleur en ce qui concerne les dépenses en capital et les dépenses ordinaires.

Pour les dépenses en capital , qui représentent traditionnellement une faible part du budget du service de santé, le recul est particulièrement net pour les dépenses d'équipements (- 20,9 %), mais il atteint près de 10 % pour les dépenses d'infrastructure.

La modernisation des installations du service et des formations sanitaires de campagne sera affectée par cette réduction des ressources.

Les opérations prévues en 1998 concernent la poursuite des équipements techniques modulaires, l'équipement du nouveau centre de transfusion sanguine des armées de Clamart, la construction du bloc technique de l'hôpital d'instruction des armées Robert Picqué à Bordeaux et la reconstruction de la pharmacie centrale des armées d'Orléans.

S'agissant des dépenses ordinaires , on assiste en 1998 à une diminution de 7,8 % des dépenses de rémunérations et de charges sociales et de 26,1 % des crédits de fonctionnement courant.

La stricte application de la " tranche 1998 " de la loi de programmation a peu d'impact sur l'évolution des dépenses ordinaires.

En effet, si la suppression de 1 050 emplois d'appelés entraîne une économie de 17,5 millions de francs sur les crédits de rémunérations et charges sociales, ceux-ci sont majorés de 18,9 millions de francs pour assurer les créations d'emplois prévus en 1998 (3 officiers, 47 élèves, 50 MITHA sous-officiers, 50 militaires du rang). En outre, la mensualisation de la solde des élèves officiers entraîne une dépense supplémentaire de 20 millions de francs par rapport à 1997 et un crédit de 2,7 millions de francs est prévu pour la rémunération de personnels vacataires.

Quant aux dépenses de fonctionnement courant, qui couvrent notamment l'entretien et l'achat de matériels, le fonctionnement et l'entretien immobilier ainsi que les dépenses d'alimentation, leur réduction va très au delà de ce qu'impliquait la stricte application de la loi de programmation.

La diminution considérable des crédits de dépenses ordinaires du service de santé est essentiellement imputable à une mesure d'économies de 325 millions de francs , qui s'applique à hauteur de 150 millions de francs aux rémunérations et charges sociales et de 175 millions de francs aux dépenses de fonctionnement.

Présentée par le ministère de la Défense comme une contribution à l'effort général de maîtrise des dépenses publiques, cette mesure appliquée au service de santé prendrait en compte " l'évolution de la structure de financement dont une part est assurée par des recettes externes de cessions de prestations médicales ".

Ainsi, les recettes tirées de l'activité hospitalière du service de santé, qui lui sont reversées par un fonds de concours, compenseraient cette réduction des ressources budgétaires.

2. Un risque de déséquilibre dans les ressources du service de santé

Le service de santé présente l'originalité de fonctionner à partir d'une double catégorie de ressources :

- les ressources budgétaires provenant des titres III et V du ministère de la Défense,

- les produits d'un fonds de concours qui regroupe les recettes des services hospitaliers, qu'ils tirent des prestations médicales délivrées à leur clientèle.

La part des produits de l'activité hospitalière des établissements militaires s'est accrue puis s'est stabilisée à partir de 1993 pour représenter près de la moitié des ressources du service de santé. Selon les indications fournies par le bulletin du SIRPA Santé de juin 1997, le rapport entre les produits des fonds de concours et l'ensemble des ressources du service était de 48,6 % en 1993, 47,93 % en 1994, 47,75 % en 1995, 48,27 % en 1996 et 48,98 % selon les estimations effectuées pour 1997.

On observe donc une relative stabilité de la répartition entre les ressources budgétaires et celles des fonds de concours.

La réduction de 325 millions de francs des crédits du service de santé envisagée pour 1998 aura deux conséquences :

- la diminution de la part des crédits budgétaires, désormais inférieure à 50 %, dans les ressources du service de santé,

- une diminution globale, de l'ordre de 7 %, des ressources totales du service de santé, qui ne pourrait être compensée que par une hausse de l'activité hospitalière, assez peu probable dans un contexte de limitation des dépenses de santé et de diminution du nombre d'établissements.

Votre rapporteur considère qu'il est particulièrement inopportun de rompre l'équilibre entre les deux sources de financement du service de santé, au détriment des ressources budgétaires , alors que ce service se trouve en pleine phase de réorganisation et que les produits des fonds de concours, désormais voués à assurer plus de la moitié des dépenses, présentent un caractère éminemment aléatoire.

Cette démarche, qui n'était absolument pas inscrite dans la loi de programmation, présente deux risques :

- créer des difficultés dans le fonctionnement du service de santé en 1998 en ajoutant aux contraintes budgétaires déjà importantes qui lui ont été imposées

- amoindrir l'effet positif que joue la procédure des fonds de concours dans la gestion des hôpitaux militaires, ceux-ci se trouvant de fait privés d'une partie des fruits de leurs efforts.

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