2. Un renforcement nécessaire des moyens administratifs

La traduction de l'objectif de maîtrise des flux migratoires, affirmée au plan législatif, implique, outre les textes réglementaires d'application, des moyens administratifs adaptés .

La loi d'orientation et de programmation relative à la sécurité du 21 janvier 1995 a, à cet effet, confié à la police nationale, parmi ses missions prioritaires, la lutte contre l'immigration irrégulière .

La responsabilité d'animer et de coordonner l'action des services de police en la matière est exercée par la direction centrale du contrôle de l'immigration irrégulière et de la lutte contre l'emploi des clandestins (DICCILEC) créée en 1994.

Un décret du 6 août 1996 a par ailleurs institué un office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titre (OCRIEST) qui est chargé tout particulièrement de la lutte contre les filières d'immigration de type mafieux à ramifications internationales. Depuis sa création, celui-ci a permis le démantèlement de 15 filières internationales et de 30 ateliers clandestins.

Le plan d'amélioration des résultats en matière d'éloignement des étrangers en situation irrégulière -adopté par le conseil des ministres le 23 août 1995- a également permis de renforcer les moyens au niveau départemental.

Ainsi a été créée, dans chaque département, une cellule regroupant des fonctionnaires de la DICCILEC, du service des étrangers de la préfecture et de l'administration pénitentiaire pour planifier et organiser l'éloignement des personnes incarcérées (interdiction judiciaire du territoire ou reconduite à la frontière). En outre, le Garde des Sceaux, dans une circulaire du 26 septembre 1995, a renouvelé ses instructions au Parquet, formulées une première fois le 11 juillet 1994, en attirant notamment leur attention sur les mesures d'éloignement et la rétention judiciaire.

Parallèlement, la coopération consulaire pour accélérer la délivrance des laissez-passer nécessaires à l'éloignement d'étrangers en situation irrégulière a été renforcée.

Ces différents efforts qui ont déjà produit des résultats positifs mériteraient d'être approfondis. Tel doit être le sens d'une démarche permettant à l'Etat d'exercer pleinement ses fonctions régaliennes.

A cette fin, la modernisation des préfectures , engagée depuis plusieurs années, doit être poursuivie afin qu'elles soient dotées des moyens en personnel et des moyens techniques leur permettant d'accomplir dans les meilleures conditions une mission par nature difficile.

En outre, le travail de rénovation des conditions matérielles de la rétention administrative doit être mené à bien. Comme votre rapporteur avait pu le constater lui-même, ces conditions ont été, dans un premier temps, très insuffisantes : défaut de structures d'accueil des femmes retenues, insalubrité, lieux de promenade exigus et suroccupation périodique, pour n'en citer que quelques lacunes manifestes.

Les crédits de la loi de programmation ont permis d'entreprendre un travail de rénovation qui doit compléter l'accroissement du nombre de places disponibles, conformément à l'objectif arrêté en 1995.

La capacité de la rétention judiciaire mériterait, par ailleurs, d'être développée. Elle était, en effet, de 41 places réparties en trois centres : Orléans (Loiret), Aniane (Hérault) et Ollioules (Var) fin 1996. Le précédent Gouvernement avait envisagé de porter cette capacité à 200 places pour tenir compte de l'élargissement du dispositif voté en 1997. Son développement implique en outre une bonne coordination des services des préfectures et des parquets, lesquels restent maîtres de l'opportunité des poursuites dans le cadre des directives de politique pénale explicites de la circulaire de 1995 dont il est souhaitable qu'elle produise tous ses effets.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page