2. Le volontarisme de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie issu de la loi de financement pour 1997 : un succès jusqu'à l'été

Conformément aux nouvelles dispositions de la Constitution et selon les modalités prévues par la loi organique relative aux lois de financement de la sécurité sociale, le Parlement a adopté, à la fin de l'année dernière, la première loi de financement de la sécurité sociale.

Pour la branche maladie, conformément à l'article L.O. 111-3 du code de la sécurité sociale, la loi de financement du 27 décembre 1997 comporte :

- l'objectif de dépenses maladie-maternité-invalidité-décès de l'ensemble des régimes obligatoires de base comptant plus de vingt mille cotisants actifs ou retraités titulaires de droits propres ;

- l'objectif national de dépenses d'assurance maladie pour l'ensemble des régimes obligatoires de base.

Le contenu et la portée respectifs de ces deux objectifs sont très sensiblement différents. Ainsi, si l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) concerne tous les régimes, il ne comporte que certaines dépenses, à savoir les prestations en nature et, parmi les prestations en espèces, les indemnités journalières de la branche maladie et de la branche accidents du travail.

L'objectif de dépenses de la branche maladie a ainsi été fixé à 662,1 milliards de francs par la loi de financement pour 1997, l'ONDAM s'établissant à 600,2 milliards de francs.

En ce qui concerne l'objectif de dépenses par branche, la prévision de la loi de financement devrait être, à peu de chose près, exacte . La Commission des comptes de la sécurité sociale estime en effet que son montant ne sera dépassé que de 0,6 milliard de francs, 0,3 milliard de francs au titre des dépenses dans les départements d'outre-mer et 0,3 milliard de francs à celui des frais de gestion des caisses.

Le montant total des dépenses serait donc de 662,7 milliards de francs.

L'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM), quant à lui, a été fixé à 600,2 milliards de francs par la loi de financement de la sécurité sociale.

Cet objectif était en progression de 1,7 % par rapport au volume des mêmes dépenses en 1996.

Ce taux était extrêmement volontariste ; conjugué avec l'application des réformes issues des ordonnances du 24 avril 1996, il impliquait une évolution du périmètre de l'offre de soins visant à mieux satisfaire les besoins de la population.

Selon le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale, l'objectif fixé par la loi de financement, au vu des dépenses effectuées au cours des six premiers mois de l'année, pourrait être respecté.

Après son adoption par le Parlement, l'objectif national de dépenses d'assurance maladie a été réparti en quatre enveloppes respectivement consacrées aux soins de ville, à l'hôpital, au secteur médico-social et aux cliniques privées (cf. tableau)

La décomposition de l'ONDAM par secteurs

1er octobre 1997

1996 comptes

1997
objectif

97 objectifs/ 96 comptes

Objectif national hors marge de manoeuvre

590.163

600.021

1,7 %

I. Métropole

577.086

586.781

1,7 %

I.1 Soins de ville

256.592

261.800

2,0 %

I.1.1 Dépenses générées par les médecins libéraux

205.600

208.430

1,4 %

I.1.2 Autres dépenses de ville

50.992

53.370

4,7 %

I.2 Versements aux établissements

320.493

324.981

1,4 %

I.2.1 Etablissements sanitaires

242.760

242.818

0,0 %

I.2.1.1 Etablissements sanitaires sous DG

230.744

233.240

1,1 %

I.2.1.2 Autres établissements sanitaires

11.278

8.855

I.2.1.3 Honoraires du secteur public

738

724

- 2,0 %

I.2.2 Médico-social

39.346

40.236

2,3 %

I.2.3 Cliniques privées

38.387

41.297

9,2 %

I.2.3.1 Cliniques privées sous OQN hors CI

32.053

32.454

1,3 %

I.2.3.2 Etabts PJP changeant de mode de tarification

2.400

I.2.3.3 Cliniques privées hors OQN

6.335

7.073

11,7 %

II. Ressortissants français à l'étranger

857

800

- 6,7 %

III. Prestations DOM

12.220

12.440

1,8 %

Marge de manoeuvre résiduelle

179

Objectif national

590.163

600.200

1,7 %

Source : Annexe b) du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998

Conformément aux indications fournies au Parlement à l'occasion du débat sur la loi de financement, cette répartition a été effectuée de telle manière qu' un effort identique soit exigé pour les secteurs des soins de ville et de l'hospitalisation publique et privée .

Pour tenir compte de la sortie de la réserve hospitalière des médicaments anti-rétroviraux, la dotation globale a cependant été réduite de 800 millions de francs, l'objectif de soins de ville étant crédité d'un milliard de francs supplémentaires, en prévision de l'augmentation de la consommation de ces médicaments.

a) Les soins de ville

Au sein de l'ONDAM, l'enveloppe consacrée aux soins de ville a été individualisée. Elle représente 43,6 % de l'ONDAM, soit 261,8 milliards de francs, en progression de 2 % par rapport à 1996.

Cette enveloppe comprend, d'une part, les dépenses médicales (environ 80 % des dépenses de soins de ville et plus du tiers de l'ONDAM) et, d'autre part, les " autres dépenses de soins de ville " (environ 8 % de l'ONDAM) qui rassemblent les dépenses de soins des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes et les prescriptions des médecins hospitaliers.

* Les dépenses médicales

Le champ des dépenses médicales et les modalités d'opposabilité des objectifs ont été prévus par les conventions médicales signées cette année.

En effet, l'ordonnance n° 96-345 du 24 avril 1996, relative à la maîtrise médicalisée des dépenses de soins, a rendu caduques certaines dispositions de la convention médicale en vigueur à la date de sa publication.

Devant l'impossibilité de mettre en conformité la convention avec l'ordonnance, les caisses nationales ont dû résilier la convention médicale approuvée en 1993 et négocier une nouvelle convention avec les syndicats médicaux reconnus représentatifs en janvier 1997.

Ainsi qu'il a été dit plus haut, cette négociation a conduit à la signature, le 12 mars 1997, de deux conventions, approuvées le 28 mars 1997, l'une applicable aux médecins généralistes, l'autre aux médecins spécialistes.

Les dispositions les plus importantes de ces conventions consistent à :

- élargir le nombre de RMO : 243 sont applicables aux médecins spécialistes, 193 aux médecins généralistes ;

- fixer un objectif prévisionnel des dépenses médicales pour chaque catégorie concernée, en progression par rapport aux résultats constatés en 1996, et un système de revalorisations tarifaires conditionnées par le respect de l'objectif ;

- mettre en place des mécanismes de répartition individuelle d'un éventuel reversement, en cas de non-respect de l'objectif ;

- prévoir également des mécanismes d'exonération ou de report de ce reversement.

Pour 1997, les conventions des médecins généralistes et des médecins spécialistes ont prévu les objectifs suivants :

Objectifs prévisionnels de dépenses médicales pour 1997

Montant prévisionnel

Médecins généralistes

Médecins spécialistes

millions de francs

Dépenses remboursées

Taux de remboursement

Dépenses remboursables

Dépenses remboursées

Taux de remboursement

Dépenses remboursables

Honoraires

28.260

0,76941

36.729

41.950

0,84272

49.352

dont provision

850

850

Prescriptions

112.750

0,78329

143.944

25.830

0,81653

31.633

Objectif prévisionnel

141.010

0,78047

180.673

67.420

0,83250

80.985

Source : conventions médicales

Ces objectifs traduisent une progression de 1,4 % des dépenses remboursées en 1997 par rapport aux dépenses remboursées en 1996.

L'objectif des médecins généralistes, comme celui des médecins spécialistes, comprend une provision de 850 millions de francs, qui pourra être utilisée à des fins de revalorisations d'honoraires en cas de respect de l'objectif.

Le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale montre que les dépenses présentées au remboursement engendrées par l'activité des médecins libéraux ont progressé de 0,6 % en rythme annuel : il conclut donc que l'objectif des médecins libéraux pourrait être respecté en 1997.

* Les laboratoires privés d'analyses médicales


Dans le cadre des dispositions de la loi n° 91-738 du 31 juillet 1991, un accord tripartite est signé chaque année entre le ministre chargé de la sécurité sociale, la caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés et au moins une autre caisse nationale d'assurance maladie et une ou plusieurs organisations syndicales nationales les plus représentatives des directeurs de laboratoires (article L. 162-14-1 du code de la sécurité sociale).

L'accord détermine le montant total des frais d'analyses et d'examens de laboratoires pris en charge par l'assurance maladie pour l'année suivante (objectif de dépenses) et les tarifs.

En cas de dépassement de l'objectif, les laboratoires reversent le trop-perçu. Dans le cas inverse, les laboratoires bénéficient d'un reversement, sous forme d'actions collectives. Le dernier accord a été signé le 12 février 1997.

Par ailleurs, chaque année, une annexe à la convention (article L. 162-14-2 ) doit être conclue, puis approuvée par arrêté interministériel (article L. 162-14-3). Cette annexe décline l'objectif national en objectifs régionaux. La dernière annexe signée le 24 mars 1997 et approuvée le 29 avril 1997 répartit cependant uniformément l'objectif.

Le dispositif de maîtrise des dépenses issu des conventions a permis, depuis 1992, de réduire le montant des dépenses d'analyses de biologie médicale.

Ce montant est en effet passé de 12,8 milliards de francs en 1992 à 11,9 milliards de francs en 1995.

Pour l'année 1997, l'annexe à la convention a fixé l'OQN de biologie à 12,1 milliards de francs, en progression de 0,5 % par rapport aux réalisations de 1996.

La Commission des comptes de la sécurité sociale estime que, sur les six premiers mois de l'année 1997, les dépenses de biologie ont régressé de 2,5 % par rapport aux six premiers mois de 1996 : l'objectif devrait donc être aisément respecté en 1997.

* Les chirurgiens-dentistes


La convention nationale des chirurgiens-dentistes, conclue entre les trois caisses nationales et la Confédération des syndicats dentaires, le 18 avril 1997, a été approuvée par arrêté interministériel du 30 mai 1997, publié au Journal Officiel du 31 mai 1997.

Les principales dispositions de cette convention sont :

- la mise en oeuvre d'une politique de promotion du dépistage et des soins précoces, pour les jeunes âgés de 15 à 18 ans, les actes de dépistage correspondants étant pris en charge par le Fonds national de prévention, d'éducation et d'information sanitaire, soit hors de l'ONDAM. Les soins consécutifs à ces actes de prévention sont pris en charge sur le risque, le ticket modérateur étant acquitté par le Fonds national d'action sanitaire et sociale ;

- la définition d'honoraires de référence pour les traitements prothétiques et orthodontiques : les honoraires perçus par le chirurgien-dentiste ne peuvent excéder le niveau de référence majoré de 50 %. Le non-respect de ces honoraires de référence, qui seront mis en place progressivement, sera sanctionné par des mesures conventionnelles ;

- une programmation de révision de la nomenclature, étalée dans le temps. Pour 1997, les revalorisations de certains actes prévues par la convention auront un impact financier de 140 millions de francs ;

- un mécanisme de maîtrise des dépenses reposant sur :

. la fixation annuelle d'un objectif prévisionnel d'évolution des dépenses ;

. la subordination de la revalorisation tarifaire au respect de l'objectif ;

. la mise en oeuvre de références opposables.

Cependant, pour 1997, aucun objectif n'a encore été fixé. Il faut dire que la loi ne fait pas obligation aux partenaires conventionnels de fixer un objectif.

Pour les six premiers mois de l'année 1997, la Commission des comptes de la sécurité sociale estime que les dépenses en soins dentaires ont régressé de 0,5 % par rapport à la même période de l'année 1996.

* Les infirmiers libéraux


Une nouvelle convention nationale des infirmiers a été conclue entre les trois caisses nationales d'assurance maladie et la Fédération nationale des infirmiers le 11 juillet 1997 et approuvée par un arrêté interministériel du 31 juillet 1997 (Journal Officiel du 6 août 1997).

Elle a fait suite à une enquête de représentativité, menée en décembre 1996, aux termes de laquelle ont été déclarés représentatifs la Fédération nationale des infirmiers (20 % de la profession) et l'Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (5 % de la profession).

Cette convention reprend le mécanisme de maîtrise des dépenses dont l'architecture avait été définie par les conventions précédentes. Celui-ci comporte :

. la fixation annuelle d'un objectif prévisionnel d'évolution des dépenses présentées au remboursement (obligation posée par la loi : article L. 162-12-4). La contrepartie du respect de cet objectif est l'obtention de nouvelles revalorisations tarifaires (clause prévue par la convention) ;

. des mesures visant à assurer la qualité des soins et à contribuer au respect de l'objectif annuel ;

Ainsi, les infirmiers doivent respecter les seuils ou plafonds d'efficience correspondant à une pratique de qualité. Ces plafonds sont calculés en fonction d'une activité annuelle maximale exprimée en coefficients d'actes. Le non-respect des seuils peut entraîner des sanctions, notamment financières.

Le ministère estime que le seuil d'alerte retenu, 18.000 coefficients AMI/AIS, correspond à 3.000 heures de travail par an, temps de déplacement exclu, soit 62,4 heures de travail par semaine pendant 48 semaines par an.

Le non-respect du seuil d'efficience de 23.000 coefficients peut entraîner le reversement des montants remboursés par les organismes d'assurance maladie correspondant aux actes effectués au-delà de 23.000 coefficients.

Enfin, une expérience professionnelle préalable de trois ans en structure organisée de soins généraux est exigée avant l'installation en exercice libéral conventionné.

Cette dernière disposition, dont on comprend l'intérêt en termes de sécurité des soins et pour favoriser le recrutement d'infirmières dans les établissements de soins, est cependant fixée de manière très stricte par le texte conventionnel.

Depuis 1992, les objectifs fixés par les avenants aux conventions ont été respectés, à l'exception de l'objectif pour 1996 (objectif fixé à 2,8 %, dépassé d'un point en réalisation).

En conséquence, aucune revalorisation tarifaire n'a été accordée en 1997.

Pour cette année 1997, l'objectif a été fixé à 2,5 %

La Commission des comptes de la sécurité sociale estime que, pendant les six premiers mois de 1997, les dépenses en soins infirmiers ont régressé d'1,9 % par rapport à la même période de l'année dernière : l'objectif serait donc aisément respecté.

* Les masseurs-kinésithérapeutes libéraux


L'arrêté du 17 mai 1994, approuvant la convention nationale conclue entre les trois caisses nationales d'assurance maladie et la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs, a été annulé par le Conseil d'Etat le 20 décembre 1995.

En effet, le principe de la limitation quantitative de l'activité annuelle des professionnels n'avait pas de fondement législatif à la date d'approbation de la convention.

Les articles L. 162-12-8 à 162-12-14 du code de la sécurité sociale (loi n° 94-637 du 25 juillet 1994) ayant désormais conféré une base légale à l'ensemble des dispositions conventionnelles, une nouvelle approbation de la convention est intervenue par arrêté du 25 mars 1996, conformément au souhait exprimé par les parties conventionnelles. Cette convention arrive à échéance le 2 février 1998.

Une enquête de représentativité a donc été déclenchée par avis publié au Journal Officiel du 15 juin 1997 pour permettre la négociation de la future convention en octobre-novembre 1997.

Le dispositif de maîtrise des dépenses prévu par la convention s'articule autour des dispositifs suivants :

- fixation par voie d'avenant annuel d'un objectif prévisionnel d'évolution des dépenses de masso-kinésithérapie présentées au remboursement (obligation posée par la loi, article L. 162-12-11). L'obtention de nouvelles revalorisations tarifaires est conditionnée par le respect de l'objectif ;

- mesures visant à assurer la qualité des soins et à contribuer au respect de l'objectif annuel :

Les masseurs-kinésithérapeutes doivent respecter les seuils ou plafonds d'efficience correspondant à une pratique de qualité. Ces plafonds sont calculés en fonction d'une activité annuelle maximale exprimée en coefficients d'actes. Les deux niveaux de plafonds correspondant à 47.000 et 50.000 coefficients, sont assortis de sanctions : suspension de la participation des caisses aux avantages sociaux des praticiens, suspension du conventionnement.

Pour 1997, l'objectif de dépenses en masso-kinésithérapie a été fixé à 1,4 %. Sur les six premiers mois de l'année, malgré une revalorisation tarifaire dont l'impact sur les dépenses est évalué à 1,2 %, les dépenses ont baissé de 2,2 % par rapport à la même période de l'année dernière.

* Les sages-femmes


La convention nationale des sages-femmes, conclue entre les trois caisses nationales d'assurance maladie et les deux syndicats représentatifs des sages-femmes, a été approuvée par un arrêté interministériel du 31 mars 1995. Elle a prévu, pour 1995 et 1996, des revalorisations tarifaires qui ne se sont pas accompagnées de la fixation d'un objectif de dépenses.

Pour 1997, un avenant du 25 juillet 1997 a fixé un objectif prévisionnel de dépenses de 8,6 %, ainsi que de nouvelles revalorisations des tarifs.

La Commission des comptes de la sécurité sociale, dans son rapport, n'a pas identifié l'évolution des dépenses des sages-femmes.

* Les orthophonistes libéraux

La convention nationale des orthophonistes a été approuvée par l'arrêté du 31 décembre 1996. Elle a été conclue entre les trois caisses nationales d'assurance maladie et le syndicat représentatif, la Fédération nationale des orthophonistes (FNO), qui regroupe 47,64 % de la profession.

En effet, la convention approuvée en 1994, et qui avait fixé des objectifs prévisionnels d'évolution des dépenses, a été annulée en 1996 par le Conseil d'Etat. Aucun objectif n'a donc été fixé en 1996.

En 1997, malgré la signature d'une nouvelle convention, les parties conventionnelles n'ont pu se mettre d'accord sur la fixation d'un nouvel objectif.

Il faut noter que les dépenses d'orthophonie ont connu, ces dernières années, des taux de progression bien supérieurs à ceux constatés pour les autres professionnels de santé : 7 % en 1994, 6,6 % en 1995 et 7,2 % en 1996.

* Les orthoptistes libéraux


La convention nationale des orthoptistes libéraux a été conclue entre les trois caisses nationales et le syndicat autonome des orthoptistes et approuvée par l'arrêté du 31 mars 1995.

Elle prévoit un mécanisme de maîtrise des dépenses fondé sur la fixation d'un objectif prévisionnel, dont le respect conditionne d'éventuelles revalorisations tarifaires, et sur des mesures visant à assurer la qualité des soins. Parmi elles figure le principe de l'élaboration de références opposables.

Pour 1997, l'avenant du 22 mai 1997 a fixé l'objectif de dépenses à 2,3 %.

Selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, cet objectif serait plus que respecté en 1997, les dépenses de soins d'orthoptie ayant régressé de 1,5 % sur les six premiers mois de l'année.

* Les professionnels du médicament


La régulation des dépenses de médicaments s'effectue, depuis 1994, sous le régime de l'accord-cadre qui a été conclu entre l'Etat et le Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (SNIP), transposé laboratoire par laboratoire par le comité économique du médicament.

Depuis la conclusion de cet accord, le comité économique a en effet signé 133 conventions avec des laboratoires ; elles portent sur 90 % du chiffre d'affaires du médicament remboursable.

Les conventions ont prévu une série de dispositions permettant de répondre aux objectifs fixés en termes de politique de fixation des prix.

Ainsi, toutes les conventions comportent des engagements précis relatifs au bon usage du médicament et à la réduction significative des dépenses de promotion des laboratoires ; elles incluent des engagements sur le chiffre d'affaires maximum, sur le volume maximum de ventes de certains médicaments (et notamment lorsque la convention accorde une hausse de prix) et chaque fois que possible sur le développement de spécialités génériques.

Parallèlement à ces conventions, un certain nombre de mesures ont d'ores et déjà été mises en oeuvre en faveur du développement des médicaments génériques.

Les procédures d'obtention de l'autorisation de mise sur le marché ont été accélérées grâce à la création d'un groupe de travail spécialisé à la commission de l'autorisation de mise sur le marché.

Afin de garantir le maintien de la qualité des médicaments génériques par rapport à celle des médicaments princeps, des programmes de contrôle (analyse et inspection) ont été développés par l'Agence du médicament et seront renforcés pour l'ensemble des médicaments génériques et des matières premières utilisées pour leur fabrication.

Dans le but de clarifier l'identification des médicaments génériques, en application des articles 22 et 23 de l'ordonnance n° 96-345 du 24 avril 1996 relative à la maîtrise médicalisée des dépenses de soins et du décret n° 97-221 du 13 mars 1997, la première inscription de médicaments au répertoire des groupes génériques est parue au Journal Officiel du 6 juin 1997.

L'arrêté précisant les conditions de dénomination auxquelles ces spécialités sont soumises en vue de leur prise en charge par les organismes d'assurance maladie est paru au journal Officiel du 14 mars 1997. Les premières spécialités ont été inscrites sur la liste des médicaments remboursables aux assurés sociaux avec la condition de dénomination prévue, le suffixe , par arrêté du 11 septembre 1997.

Dans le cadre de la politique conventionnelle avec les laboratoires pharmaceutiques, le comité économique du médicament fixe un prix plafond situé à un niveau inférieur de 20 % à 30 % à celui du produit princeps.

Des conventions portant spécifiquement sur le développement de médicaments génériques, signées par le comité avec les laboratoires spécialisés dans la commercialisation de tels produits, ont abouti à l'inscription de nombreux génériques sur la liste des médicaments remboursables aux assurés sociaux.

L'intervention de ces différentes mesures est trop récente pour qu'elles aient produit des résultats chiffrables. Toutefois, on constate que le marché des génériques -au sens économique, et non au sens strict (ordonnance du 24 avril 1996 précitée)- évolue à un rythme nettement supérieur à celui de la moyenne du marché. Ainsi, en 1996 :

- le marché total a évolué au rythme de 2,4 %

- les princeps concernés ont reculé de - 3,6 %

- les génériques ont évolué de + 6,7 %.

Quant aux économies potentielles, le marché des princeps susceptibles d'être concernés est proche de 36 milliards de francs (soit la moitié du marché).

Sur cette base, la prescription de génériques à des prix inférieurs de 30 % permettrait de générer (toutes choses égales d'ailleurs) une économie de près de 12 milliards de francs au maximum.

L'évolution des dépenses de médicaments depuis la mise en place de l'accord-cadre doit être examinée en tenant compte d'un certain nombre d'évolutions qui sont susceptibles d'affecter artificiellement les chiffres correspondant aux dépenses.

Ainsi, alors que les données fournies par la Commission des comptes de la sécurité sociale laissent apparaître une augmentation des dépenses de médicaments remboursables de 4,2 % en 1996 et de 2,5 % au cours de six premiers mois de 1997, le chiffre d'affaires des industriels pour le médicament remboursable a progressé de façon bien moindre.

Il convient en effet de prendre en considération des phénomènes tels que :

- la progression des prescriptions hospitalières d'anti-rétroviraux ou d'interféron (sortis de la réserve hospitalière) ;

- la rétrocession hospitalière.

La Commission des comptes de la sécurité sociale rappelle à raison qu'il serait utile que le système d'informations statistiques permette d'évoluer précisément l'ampleur de ces phénomènes qui, en outre, échappent à des mécanismes de régulation.

b) Les établissements médico-sociaux

L'objectif de dépenses du secteur médico-social, qui représentent 6,7 % de l'ONDAM, s'élève à 40,2 milliards de francs (annexe B du projet de loi de financement pour 1998).

La progression de cet objectif (3 %) peut sembler modeste, en tout cas non exorbitante par rapport aux autres postes de l'ONDAM 1997. Il faut toutefois prendre en considération que les dépenses du secteur avaient progressé de 9 % en 1996 et que l'objectif 1997 a été fixé par référence aux prévisions de réalisation 1996.

Conformément aux engagements pris par le précédent Gouvernement, cet objectif a permis le financement de 7.000 places de section de cure médicale et de mesures nouvelles à hauteur de 100 millions de francs pour les handicapés.

Selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, l'évolution des dépenses du secteur médico-social serait modérée en 1997.

c) Les cliniques privées

Avec 42 milliards de francs de dépenses, soit un montant voisin de celles des établissements médico-sociaux, les cliniques privées représentent 70 % de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie.

A la différence de ces derniers, toutefois, les cliniques ont entrepris depuis plusieurs années un processus de maîtrise des dépenses et de restructuration.

Le dispositif de régulation qui leur est applicable devient, depuis la publication des ordonnances, plus cohérent avec celui qui s'applique aux établissements de soins publics.

En effet, l'affirmation du concept de dotations régionales, s'agissant des établissements financés par dotation globale, et la perspective de la mise en oeuvre des objectifs quantifiés régionaux, prévus par l'article L. 162-22-2 du code de la sécurité sociale pour les cliniques privées, participent d'un mouvement convergent de régulation des secteurs public et privé.

Les agences régionales de l'hospitalisation ont, à cet égard, un rôle primordial car elles doivent assurer, à terme, la régulation des enveloppes des deux secteurs.

Cette convergence se retrouve dans les instruments de pilotage et d'encadrement de l'activité des établissements de santé. Ainsi, les contrats d'objectifs et de moyens, prévus par l'ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996, sont communs aux deux types d'établissements et permettent ainsi d'offrir aux directions d'établissements une visibilité à moyen terme sur la politique à suivre.

La régulation ne se limite pas qu'aux aspects financiers. Le régime des autorisations d'équipements et de lits, depuis la loi du 31 juillet 1991, est unique. La coopération entre établissements est fortement encouragée sous la forme de communautés d'établissements ou de groupements de coopération sanitaire.

Le poste " cliniques privées " (cf. annexe B au projet de loi de financement) comporte trois sous-catégories :

- les cliniques privées conventionnées placées sous le mécanisme de régulation en vigueur depuis 1992 ;

- les établissements ou prestations qui ne sont pas placés sous cet objectif ;

- les établissements à prix de journée préfectoral qui sont entrés dans le champ de l'objectif des cliniques privées.

En effet, l'ordonnance du 24 avril 1996 sur l'hospitalisation a voulu mettre fin au régime de financement par prix de journée, dans un souci de simplification et d'harmonisation.

Ces établissements ont eu, jusqu'au 1er septembre 1996, un droit d'option qui leur a permis, soit d'opter pour le régime de financement par dotation globale, soit pour celui de l'hospitalisation privée. Pour les établissements qui ont accompli ce dernier choix, le changement est intervenu au 1er janvier 1997.

Toutefois, si les dépenses des anciens établissements à prix de journée préfectoral sont désormais comprises dans l'objectif des cliniques privées, elles font l'objet cette année d'une sous-enveloppe spécifique.

Pour 1997, l'objectif des cliniques privées a été fixé à 36,7 milliards de francs, en progression de 0,19 % par rapport à l'objectif de 1996.

La Commission des comptes de la sécurité sociale estime qu'au cours des six premiers mois de l'année, l'objectif a été dépassé de 1,33 %.

Les principaux écarts par rapport à l'objectif concernent le moyen séjour (+ 9,50 % par rapport à l'objectif) et la médecine (+ 4,09 % par rapport à l'objectif). Sont inférieures à l'objectif les progressions de dépenses en gynécologie-obstétrique (- 0,45 %) et en psychiatrie (- 2,06 %).

d) Les hôpitaux

Les dépenses des établissements de santé sous dotation globale, avec 242,8 milliards de francs, représentent 40,4 % de l'ONDAM, soit la part la plus importante de cet objectif.

En 1997, le taux d'évolution du montant total des dépenses hospitalières, déterminé par les ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale au vu de la part hospitalière de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie, s'élève à 1,15 % par rapport aux dépenses autorisées de l'exercice 1996.

Hors dotations spécifiques (Sida, toxicomanie, restructuration des établissements de transfusion sanguine, hospitalisation des détenus), l'évolution globale des budgets hospitaliers sous compétence tarifaire de l'Etat est d'environ 0,85 %, y compris l'incidence des mesures salariales qui a donné lieu à un abondement des dotations régionales de 890 millions de francs.

Ce montant total des dépenses hospitalières a été réparti de manière différenciée entre les régions afin de réduire les inégalités de moyens.

La répartition a été effectuée sur la base, d'une part, des dépenses hospitalières d'une région rapportée à la population régionale hospitalisable dans le secteur public, d'autre part, du critère " PMSI " 10( * ) qui rapporte la valeur moyenne régionale du point ISA (indice statistique d'activité) à sa valeur nationale.

Ce panachage permet à la fois de tenir compte de la richesse relative de chaque région par rapport à l'activité qui y est réellement exercée.

De plus, les premières informations dont la direction des hôpitaux dispose sur la campagne budgétaire 1997, montrent que l'évolution des budgets au sein d'une même région est extrêmement différenciée entre les établissements de santé, quelle que soit la catégorie concernée.

C'est ainsi qu'un certain nombre d'hôpitaux ont connu une réduction significative de leur budget tandis que d'autres ont vu leur budget augmenter deux à trois fois plus rapidement que le taux moyen.

Ceci indique que la politique de réduction des inégalités est réellement mise en oeuvre, notamment sur la base des informations issues du PMSI, conformément aux objectifs tracés en particulier par les instructions du 6 août 1996 relative aux conditions d'utilisation des données issues du PMSI et du 18 décembre 1996 relative à la campagne budgétaire 1997.

L'ensemble des centres hospitaliers universitaires et des centres hospitaliers régionaux dont les spécificités sont prises en compte dans le système PMSI (recherche, enseignement, activités de soins spécifiques), connaît la même évolution contrastée que les autres établissements de santé. ainsi, au budget primitif (c'est-à-dire, avant l'octroi des crédits destinés à financer diverses mesures spécifiques ainsi que les mesures salariales 1997), les évolutions budgétaires étaient comprises entre - 0,93 % et + 1,96 % par rapport à un taux moyen national de 0,5 %

On peut supposer que la répartition des crédits correspondant à l'incidence des mesures salariales 1997 s'est effectuée globalement de manière homothétique entre les établissements.

Dans ces conditions, l'évolution budgétaire des CHR devrait se situer entre - 0,6 % et + 2,2 %.

Le budget de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, qui ne devrait plus connaître d'évolution significative d'ici la fin de l'exercice 1997, aura quant à lui évolué de - 0,34 % par rapport à l'exercice précédent. Cet établissement participe donc à l'effort général de rééquilibrage entre régions et entre établissements.

Pour 1997, la Commission des comptes de la sécurité sociale estime que les versements de dotation globale hospitalière, tous régimes, tous risques, métropole et DOM, devraient s'élever à 239,1 milliards de francs, en progression de 1 % par rapport aux versements de 1996.

L'objectif de dépenses hospitalières serait donc lui aussi respecté.

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En conclusion, il apparaît que la mise en oeuvre des ordonnances portant réforme de la sécurité sociale et l'affichage d'un objectif assez strict pour 1997 ont porté leurs fruits au cours de la première partie de l'année.

Ainsi, au vu des chiffres de la Commission des comptes de la sécurité sociale et grâce à l'implication de tous les professionnels de santé au cours des six premiers mois de l'année 1997, l'objectif fixé par la première loi de financement adoptée l'an dernier pourrait être respecté.

Le Parlement et les professionnels de santé ne peuvent donc que se féliciter des résultats obtenus pour l'assurance maladie au cours de la première partie de l'année d'exécution de cette nouvelle catégorie de lois de financement.

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