EXAMEN DES ARTICLES
TITRE I
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ORIENTATIONS ET OBJECTIFS DE LA POLITIQUE DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ SOCIALE

Article premier
Approbation du rapport

Objet : Cet article propose d'approuver le rapport du Gouvernement qui lui est annexé

En application de la loi organique du 22 juillet 1996, chaque année la loi de financement de la sécurité sociale " approuve les orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et les objectifs qui déterminent les conditions générales de l'équilibre financier de la sécurité sociale ".

Cette demande d'approbation figure dans l'article premier du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998 auquel est annexé un " rapport du Gouvernement présentant les orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et les objectifs qui déterminent les conditions générales de l'équilibre financier ".

Ce rapport ne peut être approuvé en l'état puisqu'il se présente essentiellement comme la mise bout à bout des exposés des motifs des différents articles du projet de loi que la commission des Affaires sociales propose de rejeter ou d'amender profondément.

La commission, à l'évidence, n'approuve donc pas les orientations présentées par le Gouvernement.

En outre, elle constate que dans trois domaines essentiels, le Gouvernement annonce des réflexions " à venir ", ce qui conduit à s'interroger sur l'existence de véritables orientations et d'objectifs clairs fondant une politique sur laquelle s'appuierait le présent projet de loi.

Ainsi, lors de sa déclaration de politique générale en juin dernier, le Premier Ministre déclarait-il : " Les Etats généraux de la santé qui se tiendront au début de l'année prochaine permettront de redéfinir les objectifs et les moyens permettant à tous les acteurs du système de santé de mieux remplir leurs missions dans le cadre de la définition d'une politique de la santé pour la France ".

Il conviendra donc d'attendre la réunion de tels " Etats généraux " pour connaître la " définition d'une politique de la santé pour la France ".

De même, le présent rapport annexé à l'article premier du projet de loi indique que " le Gouvernement présentera au Parlement, avant la fin de l'année prochaine, les lignes d'action d'une politique familiale ambitieuse adaptée aux réalités de notre temps ".

Il conviendra donc d'attendre cette déclaration pour connaître la politique familiale du Gouvernement, qualifiée dans le même rapport de " politique de la famille repensée " , et considérer que les mesures du projet de loi bouleversant les fondements de cette politique n'ont pas été " pensés " au préalable.

Enfin, le rapport précité souligne que la situation financière déséquilibrée de la branche vieillesse " appelle une réflexion approfondie sur l'évolution des prestations et des ressources des systèmes de retraites que le Gouvernement entend conduire en prenant en compte l'évolution des conditions du vieillissement, de la durée et du mode de vie ".

Il conviendra donc d'attendre le fruit de cette " réflexion approfondie " pour connaître la politique du Gouvernement dans le domaine de vieillesse . Dans l'immédiat, l'une des mesures les plus significatives qui ait été prise par le nouveau Gouvernement est le blocage de la mise en oeuvre des dispositions relatives aux plans d'épargne retraite votées par le Parlement.

Au total, le rapport du Gouvernement s'analyse comme l'exposé des motifs des dispositions contestables introduites dans le projet de loi et, pour le reste, remet essentiellement à plus tard la définition de véritables orientations dans le domaine de la santé, de la vieillesse et de la famille.

Aussi, votre commission vous propose de faire figurer en annexe à l'article premier les principales orientations qu'elle a adoptées pour le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998. Ce rapport cesse naturellement d'être le " rapport du Gouvernement ". Il est proposé de modifier son titre en conséquence.

Par ailleurs, ce rapport ne reprend pas les nombreuses observations et propositions qui figurent dans les trois premiers tomes du présent rapport consacrés à la santé et à l'assurance maladie (deuxième partie du tome I), à la famille (tome II) et à l'assurance vieillesse (tome III) et qui ont pris la forme plus traditionnelle de rapports parlementaires.

Rapport sur les orientations de la politique de santé
et de sécurité sociale
et les objectifs qui déterminent les conditions générales
de l'équilibre financier

La loi organique du 22 juillet 1996 a prévu que la loi de financement de la sécurité sociale approuverait chaque année un rapport définissant les orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et les conditions générales de l'équilibre de la sécurité sociale.

Conforter le retour à l'équilibre de la sécurité sociale avec un déficit du régime général ramené à 12 milliards de francs (moins de 1 % des dépenses,

Réaffirmer les principes qui fondent notre système de protection sociale dans le domaine de la famille et quant à l'évolution de son financement,

Compte tenu des légitimes priorités de santé définies par la conférence nationale de santé, rétablir une véritable maîtrise des dépenses car le rôle d'une loi de financement de la sécurité sociale n'est pas de constater une évolution tendancielle mais d'arrêter des orientations :

tels sont les trois objectifs que doit poursuivre le présent projet de loi.

Ces objectifs se traduisent par trois axes principaux :


1. Sauvegarder la politique familiale

La famille ne doit pas être la seule branche pour laquelle des " économies " soient décrétées. Car une telle démarche conduirait à une remise en cause des fondements de notre politique familiale qui est en réalité un investissement pour l'avenir.

Le maintien de l'universalité des allocations familiales et de l'aide à la création d'emplois familiaux à travers l'AGED est donc impératif.

L'équilibre des comptes de la branche famille doit être recherché par une analyse objective et approfondie des causes de son déficit. Les charges indues qui pèsent sur cet équilibre doivent être notamment examinées de même que les missions qui ont été confiées à cette branche par le passé et dans une autre conjoncture et qui ne correspondent en rien à la vocation d'une politique familiale.

Dans l'attente d'une telle analyse qui doit orienter la définition d'une politique pour la famille à laquelle le Gouvernement entend lui-même réfléchir, des ressources exceptionnelles et proposées à titre transitoire doivent être dégagées en faveur de cette branche. C'est la raison pour laquelle est proposée une majoration, temporaire et limitée à 1998, de 0,1 point du taux de la CSG famille.


2. Préserver la cohérence du financement de la protection sociale

Clarifier les comptes, asseoir les ressources sur une assiette plus diversifiée et dynamique que la seule masse salariale, identifier ce qui relève de l'assurance ou de la solidarité, assainir les relations financières avec l'Etat, tels sont les enjeux d'une réforme du financement de la sécurité sociale qui doit être poursuivie.

En revanche, un basculement massif et inconsidéré des cotisations d'assurance maladie vers la CSG ne serait pas acceptable :

- les effets réels de ce basculement qui porterait sur des masses financières énormes (300 milliards de francs, soit plus de 3 points de PIB) doivent être précisément mesurés, de même que l'ampleur des " compensations " qui pourraient être accordées à telle ou telle catégorie et, en premier lieu, aux fonctionnaires ;

- de même, doit être préalablement évalué l'impact sur le comportement des ménages de l'aggravation sans précédent des prélèvements sur l'épargne qu'entraînerait un tel basculement ;

- en outre, l'objectif poursuivi, au travers des taux choisis pour un tel transfert, ne saurait être totalement étranger au financement de la sécurité sociale. Il en serait ainsi si ce transfert visait à distribuer du pouvoir d'achat aux actifs salariés financé par une ponction sur les autres catégories dans le seul but de faciliter la réduction de la durée du travail que le Gouvernement souhaite imposer aux partenaires sociaux ;

- enfin, cette fiscalisation ne pourrait intervenir qu'au vu d'un calendrier précis pour la mise en place de l'assurance maladie universelle, qui constitue la contrepartie du financement par la solidarité de la branche maladie, et d'une réflexion achevée sur l'indispensable réforme de l'assiette des cotisations patronales.


3. Rétablir un véritable objectif de maîtrise des dépenses

Le présent projet de loi ne doit pas constater l'évolution tendancielle pour 1998 des dépenses dans le domaine de l'assurance maladie. L'intervention du Parlement, au travers des lois de financement de la sécurité sociale, doit avoir au contraire pour vocation d'indiquer clairement des orientations.

Aussi, l'objectif de maîtrise des dépenses doit être réaffirmé sans ambiguïté.

Il est donc proposé de contenir la progression de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie dans des proportions comparables à celles fixées pour 1997.

Mais, pour qu'un tel objectif arrêté par le Parlement ait un sens, il est normal et il est nécessaire que toutes les dépenses qui y figurent soient encadrées et se plient dans leur évolution à la même discipline que celle acceptée par la médecine de ville et les établissements hospitaliers.

En outre, il est indispensable que soient confirmés des objectifs ambitieux en matière d'économies de gestion au sein des caisses de sécurité sociale dans le cadre d'une clarification des missions et des tâches qui leur sont confiées.

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Votre commission vous propose d'adopter l'article premier tel qu'amendé.

Article additionnel après l'article premier
Dépôt d'un rapport sur les régimes spéciaux de sécurité sociale

Objet : Cet article additionnel a pour objet de prévoir le dépôt par le Gouvernement d'un rapport au Parlement analysant la situation des régimes spéciaux de sécurité sociale et leurs évolutions prévisibles au cours des dix prochaines années.

Les problèmes des régimes spéciaux de sécurité sociale n'ont jamais véritablement été analysés. Les éléments fournis par le rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale sont insuffisants pour permettre une évaluation pertinente de la situation de ces régimes. Tout semble indiquer pourtant que ces régimes connaîtront des difficultés considérables dans les prochaines années.

Il paraît donc nécessaire de compléter l'information du Parlement en demandant au Gouvernement de déposer, avant le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999, un rapport analysant la situation des régimes spéciaux de sécurité sociale et leurs évolutions prévisibles au cours des dix prochaines années.

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