III. UNE ABSENCE DÉLIBÉRÉE DE MAÎTRISE DES DÉPENSES DU BUDGET GÉNÉRAL

Partie intégrante de la stratégie du gouvernement avec la réduction du déficit de l'Etat et la diminution du poids des prélèvements obligatoires, la progression de la dépense publique, fixée à 36,9 milliards de francs, est destinée, en principe, à contribuer au financement des priorités affichées par celui-ci : " l'emploi, la justice sociale et l'amélioration de la vie quotidienne ".

Cette augmentation se décompose en :

20,9 milliards de francs, résultant mécaniquement de la hausse des prix estimée en moyenne annuelle, hors tabac, par le gouvernement à 1,3 % 10( * ) ;

• 16 milliards de francs correspondant à la croissance des dépenses de 1 % en volume voulue par le gouvernement afin de financer lesdites priorités.

Cette progression contribuera à rigidifier la structure de la dépense publique et comporte par ailleurs de sérieux risques de dérive. Les priorités ainsi définies se traduisent en effet par une montée en charge fortement progressive qui pèsera inévitablement sur l'élaboration de la loi de finances pour 2000.

A. UN OBJECTIF POLITIQUE : ACCROÎTRE LA DÉPENSE PUBLIQUE EN VOLUME

1. L'accroissement de 1% en volume de la dépense publique

Dans l'exposé général des motifs du projet de loi de finances pour 1999, le gouvernement indique que " les dépenses du budget général se montent à 1.623,6 milliards de francs à structure constante soit une progression en volume de 1%, compte tenu d'une évolution prévisionnelle des prix estimée à 1,3 % ".

L'augmentation des dépenses est au total de 2,3 %, soit prés de deux fois le niveau de l'inflation prévue en 1999.

Par ailleurs, il apparaît d'ores et déjà prévisible que l'augmentation des prix sera en 1999 inférieure à ce chiffre de 1,3 %, et cela dans une proportion de 0,2 à 0,3 point.

Par voie de conséquence, la progression en volume des dépenses du budget général risque d'en être d'autant augmentée et supérieure au chiffre de 1% avancé par le gouvernement.

2. Un choix qui ne semble pas susciter l'enthousiasme de la commission des finances de l'Assemblée nationale

Par delà les querelles quant à l'appréciation du niveau réel de la progression des dépenses du budget général en fonction de l'indicateur retenu, c'est l'appréciation que la commission des finances de l'Assemblée nationale porte sur l'évolution de la dépense publique en 1999 qui retient l'attention.

En effet, la volonté du gouvernement d'accroître les dépenses du budget général de 1% en volume n'apparaît pas totalement partagée par celle-ci, et notamment son rapporteur général qui, nonobstant les affirmations du gouvernement tient à y déceler une " augmentation contenue des charges de l'Etat " au terme d'une démonstration particulièrement précise et argumentée 11( * ) .

Celle-ci lui permet de conclure que " compte tenu d'une prévision d'inflation établie à 1,3%, dans le présent projet de loi de finances, le montant des charges de l'Etat en 1999 12( * ) , considéré dans le périmètre de 1998, serait quasiment stabilisé, avec une progression limitée à 0,2 % . Ce constat objectif et indiscutable conduit à relativiser quelque peu les appréciations tendancieuses qui courent ça et là sur un prétendu dérapage, voire une supposée explosion de la dépense publique.".

Ce jugement semble traduire de la part de l'Assemblée nationale 13( * ) une moindre dilection pour la dépense publique que celle affichée par le gouvernement.

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