EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le jeudi 22 octobre 1998, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a procédé à l'examen des crédits des affaires étrangères et de la coopération : I-. Affaires étrangères pour 1999 , sur le rapport de M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial.

M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial,
a tout d'abord souligné que le budget des affaires étrangères pour 1999 intégrait les crédits de la coopération, en conséquence de la réforme annoncée en février 1998 par le Gouvernement. Il a toutefois précisé que le budget de la coopération continuerait de faire l'objet du rapport spécial distinct de M. Michel Charasse.

Il a rappelé que le budget des affaires étrangères ne constituait qu'une partie des crédits consacrés à l'action extérieure de la France, qui se sont élevés en 1998 à 50,4 milliards de francs, dont 18,7 milliards de francs gérés par le ministère de l'économie et des finances.

Le rapporteur spécial a indiqué que le budget des affaires étrangères pour 1999 s'élevait à 20,77 milliards de francs, dont 14,8 milliards provenant des affaires étrangères et 5,9 milliards provenant de la coopération. Il a indiqué que ces crédits étaient en diminution de 0,7 % par rapport à 1998, cette baisse globale recouvrant une hausse de 2,6 % des crédits provenant des affaires étrangères et une diminution de 7 % des crédits provenant de la coopération. Il a précisé que cette diminution sensible des crédits de la coopération s'expliquait par la baisse des crédits d'ajustements structurels en faveur des pays africains.

Renvoyant à son rapport écrit pour une présentation plus détaillée des crédits, M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial , a formulé cinq observations sur le budget des affaires étrangères pour 1999.

Première observation : il a estimé que l'intégration du secrétariat d'état à la coopération au ministère des affaires étrangères n'était que la conséquence logique de l'élargissement du champ de la coopération au cours des années antérieures. Il a précisé que cette intégration posait la question délicate de l'intégration des agents de la coopération dans les corps homologues des affaires étrangères, et s'était traduite dans un premier temps par un ajustement des régimes indemnitaires. Il a observé que cette intégration se doublait d'une réforme du fonctionnement du ministère des affaires étrangères, qui est revenu à une organisation transversale "par métier", et non plus géographique. Le rapporteur spécial a souligné que, si une diminution des coûts était attendue à terme de l'intégration des services de la coopération, celle-ci se traduisait dans un premier temps par des dépenses supplémentaires, les crédits du titre III augmentant de 4,5 %. Il a précisé que cette augmentation recouvrait notamment une mesure nouvelle de 23,6 millions de francs pour une remise à niveau des salaires des agents résidant dans les services à l'étranger, dont il avait lui-même dénoncé la sous-rémunération.

Deuxième observation : le rapporteur spécial s'est félicité du coup d'arrêt à l'érosion des contributions internationales volontaires. Il a rappelé que ces contributions volontaires s'élevaient à près de 700 millions de francs en 1993 et avaient été réduites à 228 millions de francs en 1998, faisant ainsi fonction de variable d'ajustement du budget des affaires étrangères. Il a estimé que cette diminution des contributions volontaires avait porté atteinte au crédit international de la France, alors même que l'on peut en attendre des retours économiques importants. Il a indiqué qu'une mesure nouvelle de 50 millions de francs leur permettrait de retrouver un niveau de 278 millions de francs en 1999.

Troisième observation : le rapporteur spécial a indiqué que le ministère des affaires étrangères avait donné une priorité à sa politique audiovisuelle extérieure, dont les crédits augmenteraient de 7,4 % en 1999, pour dépasser 1 milliard de francs. Il a rappelé que la situation confuse de concurrence entre Canal France International, banque de programmes, et TV5, chaîne de diffusion directe, avait été clarifiée. Il a souligné qu'une amélioration de la qualité des programmes de TV5 restait nécessaire. Il a précisé que l'expérience du journal télévisé international produit par France 2 à la demande de TV5 avait été un échec. Il a indiqué que Radio France International économiserait 80 millions de francs en 1999 grâce à l'abandon partiel de ses diffusions en ondes courtes, cette technique de diffusion étant désormais obsolète.

Quatrième observation : le rapporteur spécial a évoqué la situation de l'enseignement français à l'étranger. Il a indiqué que le redéploiement des réseaux des établissements vers les pays d'Europe centrale et orientale et d'Asie du sud-est nécessitait des investissements considérables. Il a considéré que l'augmentation continue des droits d'écolage, qui atteignent 47.000 francs pour le lycée de Singapour, posait un problème pour ceux des parents qui ne sont pas des salariés expatriés de grands groupes. Il a indiqué que ces problèmes trouvaient une solution partielle dans l'augmentation des bourses, pour lesquelles une mesure nouvelle de 20 millions de francs est prévue en 1999. Le rapporteur spécial a indiqué qu'il avait appelé l'attention du ministre sur la situation du lycée de Bangkok qui se trouve dans un état de délabrement tel que la sécurité des enfants n'y est plus assurée. Il a considéré que cette situation était caractéristique de la difficulté du mode de gestion des établissements conventionnés avec l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, qui aboutit à faire décider des décisions d'investissement lourdes par les communautés français locales.

Cinquième observation : le rapporteur spécial a évoqué la politique immobilière du ministère des affaires étrangères. Après avoir rappelé que la France dispose du deuxième réseau d'ambassades dans le monde, qui s'était récemment étendu à la suite des bouleversements intervenus en Europe centrale et orientale, il a estimé que ce réseau ne devait plus nécessiter désormais, sauf exception, que des travaux d'entretien et de maintenance. Il a estimé que la décision de reconstruire, à grands frais, l'ambassade de France à Berlin sur son emplacement historique relevait d'une décision sentimentale plus que rationnelle. Il a souligné la nécessité de maîtriser les coûts de cette opération somptuaire, afin qu'elle reste dans les limites de son enveloppe initiale de 325 millions de francs. Le rapporteur spécial a fait état de la création d'une mission du patrimoine, chargée de la mise en valeur de la quinzaine d'ambassades d'une valeur patrimoniale exceptionnelle. Il a estimé urgent que soit fixée une doctrine officielle pour la mise à disposition des ambassades, dont les locaux sont de plus en plus souvent sollicités par les industriels français à l'étranger. Il a enfin rappelé avoir effectué en début d'année un contrôle sur pièces et sur place de la cellule décoration du ministère, à l'occasion duquel il avait pu constater le caractère dispendieux des pratiques de ce service, qui prenait certaines libertés avec les règles des marchés publics. Il a précisé que la cellule décoration avait été depuis supprimée et que des changements de personnes étaient intervenus à la tête de la direction du service des affaires immobilières.

M. Philippe Marini, rapporteur général, après avoir rappelé que l'effort de diminution des crédits qu'il préconisait ne s'appliquerait pas aux ministères régaliens tel que celui des affaires étrangères, a relevé que 143 suppressions d'emplois étaient prévues pour 1999, et a souhaité savoir s'il existait au ministère des affaires étrangères des marges de manoeuvre pour une réduction supplémentaire des effectifs à l'avenir.

M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial , a estimé qu'une marge de manoeuvre existait sur les consulats, dont beaucoup ont déjà été fermés en Europe, mais qu'il n'y aurait guère de sureffectifs dans les services à l'étranger avec la suppression des coopérants du service national (CSN), dont la disparition programmée poserait des difficultés, notamment pour les Alliances françaises.

Mme Marie-Claude Beaudeau a souhaité connaître les raisons de la diminution des contributions internationales obligatoires et l'affectation des contributions internationales volontaires.

M. François Trucy a souhaité connaître la part des différents pays dans les contributions à l'Organisation des nations unies (ONU).

M. Denis Badré, relevant le coût considérable du projet d'ambassade à Berlin, a souhaité connaître le montant des économies qui résulteraient de l'abandon des installations à Bonn. Il a également souhaité savoir si le ministère des affaires étrangères développait une politique de mise en commun de ses moyens à l'étranger avec les autres Etats membres de l'Union européenne.

M. Maurice Blin a souhaité savoir si l'on constatait un assouplissement de la politique d'attribution des visas.

M. Jean-Pierre Demerliat s'est déclaré également inquiet de la disparition des CSN.

En réponse aux intervenants, M. Jacques Chaumont, rapporteur spécial , a indiqué que la diminution de 102 millions de francs des contributions internationales obligatoires résultait de la réduction des opérations de maintien de la paix. Il a indiqué que les 50 millions de francs supplémentaires consacrés aux contributions internationales volontaires seraient principalement destinés au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Il a indiqué que le ministère des affaires étrangères avait développé depuis quelques années des projets d'ambassades communes avec d'autres Etats membres de l'Union européenne. Il ainsi cité le projet d'ambassade à Abouja, nouvelle capitale administrative du Nigéria, qui souffre néanmoins du désistement successif des candidats initiaux, la France restant seule engagée avec les pays du Benelux, après la défection récente de l'Allemagne.

Il a précisé que les parts respectives des principaux contributeurs au budget de l'ONU s'élèvent à 25 % pour les Etats-Unis, 15,7 % pour le Japon, 9 % pour l'Allemagne, 6,4 % pour la France et 5,3 % pour le Royaume-Uni. Il a précisé que la question de la modification de la répartition des contributions était liée à celle de la modification de la composition du Conseil permanent. Il a souligné que les Etats-Unis ne paient pas leurs contributions obligatoires, ce qui leur permet de consentir d'importantes contributions volontaires. Il a indiqué que la France se situait à un niveau modeste pour ses contributions volontaires qui la classent, en 1997, au douzième rang pour le programme alimentaire mondial (PAM), au treizième rang pour l'UNICEF, et au quatorzième rang pour le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Il a enfin indiqué qu'une amélioration sensible du service des visas avait été réalisée en Tunisie ou au Maroc, où une procédure simplifiée a été mise en place pour les catégories de personnes qui ont des liens fréquents avec la France.

La commission a alors adopté les crédits du budget des affaires étrangères pour 1999.

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