A. L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS

1. Les missions de l'Office exercées pour le compte du ministère des anciens combattants

L'Office national des anciens combattants (ONAC), dont la création remonte à une loi du 27 juillet 1917, est un établissement public à caractère administratif dont la mission est "de veiller en toutes circonstances sur les intérêts matériels et moraux de ses ressortissants".

Les services départementaux de l'ONAC permettent d'offrir aux anciens combattants un service de proximité que les directions interdépartementales du ministère, par définition, ne peuvent pas assurer.

Cette complémentarité entre le ministère et l'Office est illustrée par les missions que le second exerce pour le compte du premier : instruction au niveau départemental des demandes de cartes et titres, secrétariat des commissions départementales pour l'information historique et la paix, accueil et conseil des bénéficiaires du fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du Nord en situation de chômage de longue durée.

2. Les missions qui lui sont propres

- l'assistance administrative : aide et conseils à ses ressortissants pour des démarches de toute nature relevant aussi bien de la législation spécifique aux anciens combattants que de la législation de droit commun (logement, fiscalité, famille...) ;

- les relations publiques au profit des associations d'anciens combattants : participation aux congrès et à toutes les manifestations commémoratives publiques et privées.

- l'action sociale individuelle ou collective : prêts et secours d'urgence à ses ressortissants, protection des pupilles de la Nation.

3. La gestion des centres de rééducation professionnelle

L'ONAC est responsable de 10 écoles de rééducation professionnelle qui accueillent 2.076 stagiaires.

Les stagiaires se répartissent par catégorie de prises en charge de la façon suivante :


Stagiaires à leurs frais et divers


ONAC

Sécurité sociale

Régime Agricole

Aide Sociale


FNE

Ministère des Rapatriés

1,4 %

1,6 %

84,5 %

1,5 %

0,0 %

0,0 %

11,2 %

Depuis 1988, à la demande des pouvoirs publics, les écoles de rééducation professionnelle de l'ONAC développent un programme d'accueil et de formation des filles et fils de Français musulmans rapatriés.

Une septième convention ONAC/délégation aux rapatriés/ministère du travail et de la formation professionnelle, en date du 6 mai 1997, prévoit la formation de 120 enfants supplémentaires de Français musulmans rapatriés d'ici juin 1999. La délégation aux rapatriés prend en charge le coût de ces formations à hauteur de 80 % du prix de journée mois/stagiaire forfaitisé. Sa participation financière s'est élevée à 9.986.493 F en 1996 et 11.020.748 F en 1997. Le Ministère du travail garantit, pour sa part, la rémunération des stagiaires au titre de la formation professionnelle.

Les écoles de l'Office proposent un large éventail de formations autour de cinq secteurs principaux d'activité :

- industrie,

- BTP,

- commerce, distribution, services,

- artisanat,

- secteur agricole.

Le dispositif de formation par filières permet à chacun des stagiaires, selon ses possibilités, de préparer un CAP, un BEP, un baccalauréat professionnel ou même un BTS pendant la durée de sa formation.

La formation choisie se déroule sur deux ans ; elle est précédée, si besoin, d'une préformation de 3 ou 6 mois (cette préformation est destinée à la remise à niveau de certains stagiaires, ou encore à préciser l'orientation choisie). La formation de base est sanctionnée par un diplôme de l'Éducation nationale.

Pour satisfaire au mieux l'objectif de retour à l'emploi, l'insertion professionnelle repose sur la formation en alternance. Pour rechercher la meilleure adéquation entre les formations envisagées et les besoins réels des entreprises, une politique de l'offre et de la demande est mise en place entre chaque école de rééducation professionnelle et son milieu économiques. Ces relations étroites permettent de compléter et d'adapter les formations et de faciliter l'accès des stagiaires à une réelle insertion professionnelle.

A cet égard, votre rapporteur tient à souligner les très bon résultats de placement de stagiaires obtenus par les écoles. Quelle que soit la forme du contrat et toutes spécialités confondues, le taux de placement est de 64,4 % en mars 1998. Ces résultats sont en nette amélioration sur moyenne période du fait d'une part d'une meilleure situation économique générale et d'autre part des résultats des actions de sensibilisation des stagiaires à la dynamique de recherche d'emploi.



Votre rapporteur souhaite cependant faire quelques remarques sur les écoles de rééducation professionnelle.

D'abord, il s'inquiète des déficits chroniques d'exploitation des écoles.

En 1997, le déficit d'exploitation s'élevait à 21,42 millions de francs, soit un montant équivalent à celui enregistré en 1996.


Certes, les principes comptables de l'ONAC divergent de ceux des établissements placés sous la tutelle de la direction des affaires sanitaires et sociales, en conséquence, des difficultés apparaissent dans la gestion des écoles de rééducation professionnelle sur les plans budgétaires et comptables.

Ainsi, les directions départementales examinent les projets de budget des écoles en tenant compte des résultats financiers des exercices antérieurs et elles fixent les prix de journée de chaque établissement à la fin du premier trimestre de l'exercice considéré, soit presque six mois après la prévision budgétaire du budget national. De même, les investissements ne font pas l'objet des mêmes formes d'amortissement.

Toutefois, votre rapporteur a pu constater que les problèmes liés au financement des écoles dépassaient les difficultés liées au décalage du versement de la participation des DDASS et résultaient, notamment dans le domaine de l'investissement, de l'existence d'un rapport de force entre d'une part l'ONAC qui souhaite la participation financière des DDASS mais veut rester maître de la politique d'investissement menées au sein des écoles et d'autre part les DDASS qui refusent de participer de manière plus conséquente sans disposer d'un plus grand pouvoir de codécision.

Par ailleurs, les versements des contributions du Fonds social européen sont très décalés. Ainsi, pour l'année 1996, l'ONAC devait percevoir 48.849.850 francs du Fonds. Les crédits ont été versés selon l'échéancier ci-dessous :

- 1 er versement de 23.479.587 francs effectué au 2/7/96

- 2 ème versement de 12.067.398 francs effectué au 11/2/97

- solde de 12.311.379 francs effectué au 29/9/97.

En outre, une grande partie des sommes provenant du Fonds social européen depuis 1995 ont été versées indûment. Or, les écoles ont intégré ces sommes dans leur budget, ce qui a permis aux DDASS de réduire d'autant leur participation. Si ces sommes devaient être remboursées, les écoles non seulement n'auront pas bénéficié de l'aide financière du Fonds social européen, mais auront été privées de la participation des DDASS.

Ensuite, votre rapporteur s'interroge sur la pertinence du maintien des écoles de rééducation professionnelle parmi les compétences de l'ONAC. En effet, si ce dispositif était justifié lorsque les stagiaires des écoles étaient principalement des anciens combattants, avec 1,6 % de stagiaires pris en charge par l'ONAC, on peut affirmer sans soulever de controverses que ces écoles ont perdu leur spécificité.

Il s'interroge également sur les perspectives de ces écoles dans le cadre de la réforme du secrétariat d'Etat aux anciens combattants et de l'intégration de ce dernier au ministère de la défense. Il est favorable à l'ouverture des écoles aux personnels du ministère de la défense. En effet, ce dernier aura à reconvertir un nombre important de militaires, notamment du fait de la professionnalisation des armées et pourrait bénéficier du savoir faire des écoles. Quant à ces dernières, elles pourraient compter sur un taux garanti d'occupation. A titre expérimental, 7 militaires ont bénéficié en 1997 d'une formation assurée par les écoles de rééducation professionnelle de Lyon, Metz et Rennes.

Toutefois, votre rapporteur estime que l'obligation faite aux écoles de procurer un emploi dans le civil à la fin de la formation risque de constituer un obstacle pour une coopération plus étendue.

4. L'administration de 15 maisons de retraite par l'ONAC

Dans sa gestion des maisons de retraite, l'ONAC est confronté à trois défis :

- la rénovation des bâtiments,

- l'obtention des agréments pour les sections de cure médicale,

- le fléchissement préoccupant du taux d'occupation.


La rénovation en profondeur des maisons de retraite de l'ONAC exige trois sortes d'actions qui varient selon l'état des bâtiments :


- la mise en conformité aux normes de sécurité, d'hygiène et d'accessibilité ;

- des travaux "simples" à réaliser pour faciliter à moindre coût le fonctionnement normal de chaque maison tels que l'installation d'un ascenseur, de sanitaires modernes ou encore des travaux d'assainissement et d'amélioration du confort ;

- des travaux "lourds" destinés à satisfaire la demande en matière d'accueil : il s'agit de la création de SAPA (service d'aide aux personnes âgées) ou de section de cure médicale là où elles n'existent pas, soit par transformation des locaux existants, soit par construction de bâtiments neufs ou par extension de locaux déjà construits.

400 millions de francs sont nécessaires pour satisfaire l'ensemble de ces besoins dont 60 millions de francs pour résoudre les problèmes immédiats d'hygiène et de sécurité.

Or, le recours à l'emprunt n'étant pas autorisé, l'ONAC ne dispose que de trois sources de financement : l'autofinancement, l'apport de l'Etat et le partenariat avec les associations d'anciens combattants et victimes de guerre.

En 1996, l'Etat avait conclu avec l'ONAC un plan triennal de réhabilitation. L'Office avait obtenu l'inscription au budget de 1996 d'une autorisation de programme et des crédits de paiement correspondant pour un montant de 18 millions de francs, ramenés à 13,5 millions de francs dans le cadre des économies imposées par l'Etat. Au budget de 1998, un montant de 10 millions de francs d'autorisation de programme a complété cet apport et une nouvelle somme de 6,5 millions de francs est inscrite au budget 1999 dans ce même objectif.


L'ONAC doit aussi régler le problème de l'agrément pour le forfait soin de ses établissements.


Les agréments pour les sections de cure médicale relèvent des enveloppes médico-sociales gérées par les DDASS. Ils impliquent des contreparties en matière de personnel de soins, d'espace et de commodités. Engager une procédure généralisée d'agrément auprès des Préfets implique en outre d'avoir une connaissance précise des coûts et des charges. Tant que le budget de l'ONAC permettait à ce dernier de financer seul les maisons de retraites, l'ONAC ne s'est pas intéressé aux contributions financières qu'il pouvait obtenir auprès des DDASS et n'a pas engagé une politique forte de demande d'agrément pour les sections de cure médicale. La situation financière de l'ONAC se dégradant, ce dernier s'est alors soucié d'obtenir lesdits agréments. Mais cette préoccupation intervient à un moment où les DDASS sont très réticentes à octroyer de nouveaux agréments. En outre, la situation paraît bloquée tant que toutes les modalités relatives à la mise en place de la prestation spécifique dépendance ne seront pas réglées.

Certaines améliorations ont été engagées par l'ONAC.

Ainsi, à compter de l'exercice 1996, tous les budgets des quinze maisons de retraite ont été individualisés.

En outre, la qualification des personnels a été accrue à travers la résorption des agents de main d'oeuvre exceptionnelle (150 vacataires précaires sans statut), un souci d'encadrement du personnel soignant et enfin, un effort soutenu pour la formation professionnelle.

Toutefois, de nombreuses mesures restent à prendre.

Les budgets individualisés devront, à l'avenir, être conçus par service et par section d'hébergement de façon à chiffrer le coût de chaque prestation : hébergement, restauration, soins, animation et prévention de la dépendance. Pour cela la redéfinition d'une nomenclature analytique s'avère indispensable.

De même, la qualification des agents reste insuffisante et un redéploiement interne au profit des personnels soignants s'avère nécessaire.


Or, l'obtention de l'agrément pour le forfait soins conditionne la poursuite par l'ONAC de l'action sociale qu'il dispense, au travers de ses maisons de retraite, auprès de ses ressortissants les plus âgés
. En effet, si la tarification actuelle continue de se situer, compte tenu de l'environnement de chaque établissement, dans une bonne moyenne, il n'en reste pas moins que le handicap des sections médicalisées (SAPA), dont le fonctionnement n'est pas pris en charge par les forfaits soins de la sécurité sociale, constitue un obstacle à l'accueil de ressortissants susceptibles d'acquitter le prix de journée par leurs moyens propres.

En effet, en 1997, 78,6 % des résidants acquittaient, de manière propre ou indirecte, l'intégralité du prix de journée. Or, celui-ci varie, pour l'hébergement traditionnel, de 225 francs à Anse à 400 francs à Boulogne et, pour l'hébergement SAPA, de 350 francs à Barbazan à 525 francs à Boulogne.

En conséquence, on comprend que les maisons de retraite n'arrivent pas à un taux d'occupation de 100 %.

Ainsi, pour 1997, le taux moyen d'occupation des maisons de retraites de l'ONAC s'établit à 85 %, niveau identique à celui de 1996, étant observé que l'écart entre établissement varie de 100 % à Anse et Vence à 62 % pour Beaurecueil.

Par ailleurs, les recettes des maisons de retraite ne couvrent que 73 % des coûts d'exploitation, sans que soit prise en compte la part correspondant à l'amortissement des investissements réalisés pour chaque établissement.

Votre rapporteur estime donc urgent de lancer une réflexion sur le devenir des maisons de retraite de l'ONAC qui doit à la fois tenir compte de l'attachement du monde combattant à ces maisons et de la situation financière de chacune. En effet, il serait trompeur de laisser croire aux anciens combattants que les 400 millions nécessaires pour la seule rénovation des maisons de retraites seront débloqués. Il s'agit donc d'assurer aux anciens combattants un hébergement adapté à leur situation (mobilité réduite, hébergement en section médicalisée) sans exclure que cet hébergement ne dépende pas forcément de l'ONAC.

5. Les crédits affectés à l'ONAC

La subvention de fonctionnement à l'ONAC augmente de 3,14 % et atteint 228,89 millions de francs en 1999. A l'intérieur des 6,9 millions de francs supplémentaires accordés à l'ONAC, 3 millions de francs sont destinés à la création d'un "emploi mémoire" dans chaque service départemental de l'ONAC.

Ces 3 millions de francs devraient être répartis de la manière suivante :

- 2 millions de francs seraient consacrés aux dépenses de fonctionnement engendrées par l'embauche d'un emploi mémoire (aménagement d'un local, matériel informatique...)

- 1 million de francs devrait servir à la rémunération de ces emplois mémoire.

En définitive, l'ONAC évalue à 2,3 millions de francs le coût de sa participation à la création de ces emplois.

L'ONAC reçoit par ailleurs deux subventions complémentaires de la part du secrétariat aux anciens combattants :

- la première (chapitre 46-51) est affectée à ses dépenses sociales : d'un montant de 46,71 millions de francs, elle augmente de 11,99 % par rapport à 1998 et revient ainsi à son niveau de 1997;

- la seconde (chapitre 57-91) est destinée à financer la remise aux normes de sécurité des maisons de retraite relevant de l'Office. 6,5 millions de francs en crédits de paiement sont mis à sa disposition pour 1999 (et 3,5 millions de francs pour l'INI).

A cet égard, votre rapporteur regrette que le budget des anciens combattants ne dispose pas d'un titre VI (subventions d'investissement) qui permettrait à l'ONAC et à l'INI de gérer les crédits destinés aux travaux de rénovation et d'entretien de leurs bâtiments (Hôtel des Invalides, maisons de retraite, écoles de rééducation professionnelle...). La procédure en serait allégée et les délais raccourcis. Votre rapporteur tient, à cet égard, à rappeler que cette mesure avait été proposée par la Cour des Comptes dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1997.

Ces deux établissements publics disposent également de ressources propres, qui constituent une part de plus en plus significative de leurs budgets du fait du désengagement progressif de l'Etat. Les subventions budgétaires représentent un peu moins de la moitié du budget de l'ONAC et 30 % du budget de l'INI.

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