B. L'ALLOCATION AUX ADULTES HANDICAPÉS

La contribution de l'Etat au financement de l'allocation aux adultes handicapés (chapitre 46-92) s'accroît de 1,180 milliards de francs en 1999, pour atteindre 24,569 milliards de francs, soit une progression de + 5 % par rapport à 1998.

Une mesure d'économie de 31 millions de francs au titre de l'article 83 rattaché n'atténue que très marginalement une mesure d'ajustement aux besoins de 1,211 milliard de francs.

Pour 1997, dernière année connue, le nombre de bénéficiaires de l'AAH était de 631.000, en progression de + 0,1 % par rapport à l'année antérieure. L'évolution du nombre des bénéficiaires de l'AAH au cours des onze dernières années est la suivante :

Evolution du nombre des bénéficiaires de l'AAH

Année

Bénéficiaires

Evolution en %

1987

495.000

2,7 %

1988

511.000

3,2 %

1989

524.000

2,5 %

1990

539.000

2,9 %

1991

552.000

2,4 %

1992

563.000

2,0 %

1993

583.000

3,6 %

1994

597.000

2,4 %

1995

617.000

3,4 %

1996

630.000

2,9 %

1997

631.000

0,1 %

A la différence de l'an dernier, le projet de loi de finances rectificative pour 1998 ne prévoit aucune ouverture de crédits complémentaires au titre de l'AAH.

Le tableau ci-après retrace l'évolution des crédits consacrés à l'AAH depuis dix ans :

Crédits consacrés à l'AAH

(en millions de francs)

Année

Crédits

Evolution en %

1987

12.997

+ 5,0

1988

13.544

+ 4,2

1989

14.286

+ 5,5

1990

15.881

+ 5,4

1992

16.575

+ 4,4

1993

17.895

+ 8,0

1994

18.661

+ 4,3

1995

20.081

+ 7,6

1996

21.350

+ 6,3

1997

22.370

+ 4,8

1998

23.389

+ 4,6

Le rapprochement de l'évolution du nombre des bénéficiaires de l'AAH et du nombre des crédits afférents est instructif. Entre 1987 et 1997, les bénéficiaires sont passés de 495.000 à 631.000, soit une augmentation de 27,5 %. Sur la même période, les crédits consacrés à l'AAH sont passés de 12,997 milliards de francs à 21,350 milliards de francs, soit une augmentation de 72,1 %.

L'évolution des crédits budgétaires relatifs à l'AAH entre 1987 et 1998 s'explique :

- d'une part, par l'augmentation du montant de la prestation (2.632 francs au 1er janvier 1987 ; 3.470 francs au 1er janvier 1998) et la création à partir du 1er février 1993 de l'aide forfaitaire en faveur de la vie autonome à domicile des personnes adultes handicapées, transformée en complément d'AAH par la loi du 18 janvier 1994 (555 francs au 1er janvier 1998) ;

- d'autre part, par l'accroissement du nombre des bénéficiaires de 495.000 pour 1987, à 631.000 au titre de 1997.

Divers facteurs peuvent être pris en considération pour expliquer l'évolution de la prestation.

Il s'agit ainsi d'une meilleure connaissance de l'accès au droit, grâce aux informations données par les CAF et les COTOREP (formulaire unique).

Surtout, l'examen des relevés statistiques du régime général fait apparaître une forte inertie dans la structure des bénéficiaires. Ainsi, 30 % des entrants ont moins de vingt-cinq ans, et la moitié des allocataires ont moins de quarante ans. De l'âge peu élevé des bénéficiaires découle un effet mécanique, qui est la permanence du bénéfice de la prestation.

De plus, 60 % des allocataires perçoivent une AAH à taux plein, ce qui indique l'absence de ressources des intéressés.

Ce constat peut notamment trouver son explication dans la dégradation de la situation économique, le chômage touchant particulièrement les personnes handicapées, déjà fragilisées dans leur vie quotidienne par le handicap. Or, la situation de chômage donne lieu, en application de la réglementation, à des abattements ou à la neutralisation des ressources, ce qui permet de faire rentrer de nouvelles personnes dans le champ de la prestation ou de leur donner une différentielle d'AAH qui se rapproche davantage du taux plein.

La situation du marché de l'emploi peut également expliquer que l'instauration du RMI en 1988 n'a pas eu pour effet le basculement de certains bénéficiaires de l'AAH dans le champ du RMI. Dans un tel contexte, la phase d'instruction du RMI a pu, à l'inverse, être un facteur déclenchant de l'orientation vers la COTOREP et donc de l'attribution de l'AAH, notamment au titre de l'article L.821-2 du code de la sécurité sociale.

A la suite des observations de la Cour des Comptes, l'article 95 de la loi de finances pour 1994 a modifié l'article L.821-2 du code de la sécurité sociale, qui prévoit désormais que les personnes qui sont, en raison de leur handicap, dans l'impossibilité reconnue par la commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) de se procurer un emploi doivent également justifier d'un taux minimal d'incapacité . Ce taux a été fixé à 50 % par le décret n°94-379 du 16 mai 1994.

L'observation des relevés statistiques des décisions d'attribution de l'AAH montre que le nombre des AAH attribués au titre de l'article L. 821-2 est de 57.510 en 1996, contre 55.930 en 1995. Pour les premières demandes, la part des décisions d'attribution au titre de l'article L. 821-2 est de 37,8 % en 1994, soit 36,3 % en 1995 et 34,6 % en 1996.

Il apparaît donc que l'article 95 de la loi de finances pour 1994 a permis d'arrêter la dérive que constituait l'augmentation constante de la proportion des AAH attribuées au titre de l'article L. 821-2, mais n'a pas permis de diminuer significativement les AAH attribuées à ce titre.

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