B. UNE RÉÉVALUATION SANS DOUTE EN DESSOUS DE LA RÉALITÉ, QUI PROVISIONNE UN PROBABLE ESSOUFFLEMENT

Il faut constater que les recettes fiscales attendues pour 1998 représentent 42,5 milliards de francs de mieux que l'exécution de 1997, ce qui apparaît, de prime abord, proche des 43 milliards de francs de produit supplémentaire attendu dans la loi de finances initiale.

C eci révèle en réalité une exécution pour 1998 légèrement moins bonne que prévu, alors que la croissance a été soutenue en 1998.

Les recettes auraient progressé de 3 % par rapport aux résultats de 1997, contre 3,1 % dans les prévisions de la loi de finances initiale.

Il est légitime de se demander, dès lors, si les estimations révisées ne présentent pas une sous-évaluation des plus-values de recettes fiscales en 1998.

En effet, au mois de septembre 1998, les recettes fiscales nettes sont supérieures de 31,6 milliards de francs aux recettes de 1997, soit une progression de 3,9 % par rapport à 1997.

Pour la TVA nette, la prévision s'élève à + 3,9 % dans le projet de loi de finances rectificative, alors que la situation fin septembre montre une progression de 5,5 %. Pour la TIPP, les chiffres sont respectivement de 3 % et 3,7 %.

Compte tenu de la bonne conjoncture économique, votre rapporteur général s'interroge sur l'écart entre ces résultats et la révision des recettes proposée.

L'évolution des recettes fiscales entre septembre 1997 et septembre 1998

 

Exécution 1997

LFI 1998

Différence

Exécution 97/LFI 98

Sept 97

Sept 98

Différence

sept 97/sept 98

En pourcentage

Recettes fiscales nettes

1.416,6

1.448,2

31,6

1.051,7

1.092,4

40,7

3,8%

IR

293,5

294,7

1,2

255,7

256,2

0,5

0,2%

IS (net)

172,1

190,0

17,9

111,3

124,9

13,6

12,2%

TIPP

150,8

154,9

4,1

110,1

114,2

4,1

3,7%

TVA (nette)

626,1

637,0

10,9

457,7

482,9

25,2

5,5%

Divers

174,1

171,6

- 3,5

116,9

114,2

- 2,6

-2,2%

(en millions de francs cumulés)

Le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie indique que le taux de progression à fin septembre d'une année sur l'autre " s'explique en partie par des modifications techniques et calendaires ".

L'effet de la loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier (MUFF), évalué pour 1997 à 23,1 milliards de francs par le ministère de l'Economie et des finances, ne facilite évidemment pas la comparaison d'un exercice à l'autre.

Selon le ministère, les deux premiers acomptes d'impôt sur les sociétés au titre de l'exercice 1998 intègrent une partie des versements liés au MUFF de décembre 1997, alors que les mêmes acomptes en 1997 n'en tenaient pas compte.

Il ajoute que la limitation de la déductibilité de la provision pour renouvellement de concession (article 5 de la loi de finances pour 1998) et la suppression des provisions pour fluctuation des cours et pour licenciement (articles 6 et 7) ont procuré un gain pour l'Etat dès le mois d'avril 1998.

Cependant, votre rapporteur note qu'il s'agit bien là de réelles plus-values de recettes qui, si elles s'observent dès le mois de septembre 1998, devraient logiquement contribuer au résultat de l'année.

En matière de TVA, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie explique que le dynamisme observé au cours des premiers mois de l'année 1998, s'agissant des encaissements bruts, devrait être tempéré par des remboursements et dégrèvements d'impôts importants en fin d'année.

Il ajoute que la baisse notable des importations de marchandises en provenance des pays tiers, constatée depuis le recouvrement de septembre, devrait avoir des incidences importantes,également en fin d'année.

Enfin, il indique que les droits d'enregistrement et de timbre sont plus dynamiques en 1998 mais que des pertes de recettes interviendront au dernier semestre en raison de la suppression de ces droits sur les cartes nationales d'identité et sur la délivrance du permis de conduire.

Tous ces arguments sont, aux yeux de votre rapporteur général, largement insuffisants pour expliquer que les recettes fiscales nettes ne progresseraient, en définitive, que de 11 milliards de francs par rapport à la loi de finances pour 1998, soit moins de 1 %, par rapport à cette évaluation initiale, alors que l'exécution pour 1997 avait permis d'enregistrer 13 milliards de francs de recettes supplémentaires.

S'il est possible de constater certains mouvements de décaissement sur l'impôt sur les sociétés, les encaissements fin 1997 ayant été très lourds pour les entreprises, l'évolution attendue en matière de TVA paraît improbable.

De deux choses l'une : ou cette estimation est sous-évaluée, ou le ralentissement de la croissance fin 1998 est tel que les encaissements de TVA se ralentiraient considérablement.

Les réévaluations de recettes du collectif budgétaire

Recettes fiscales nettes

LFI 1998

PLFR 1998

Evolution

impôt sur le revenu

294.709

299.500

+ 1,6 %

impôt sur les sociétés net

190.000

182.000

- 4,2 %

TIPP

154.878

155.400

+ 0,3 %

TVA nette

636.950

650.670

+ 2,1 %

autres

171.636

171.574

-

total

1.448.173

1.459.144

+ 0,7 %


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