III. DES DÉPENSES EN PROGRESSION SIGNIFICATIVE

A. LES CREDITS OUVERTS AU COURS DE L'ANNÉE 1998

Les mouvements en cours d'exercice se sont traduits par l'ouverture de 6.037 millions de francs de crédits dont 3.800 millions au titre des dépenses militaires.

1. Le décret d'avance du 16 janvier 1998

Le décret d'avance du 16 janvier 1998 a ouvert un milliard de francs de crédits au chapitre 47-21 " Programmes d'action sociale de l'Etat " du budget de l'emploi et de la Solidarité (II. Santé, solidarité et ville). Il s'agit des crédits destinés aux chômeurs de longue durée, mis en place à l'issue des manifestations du début du mois de janvier 1998.

Ainsi que l'avait relevé fort justement notre collègue Jacques Oudin dans son avis sur le projet de loi d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions 2( * ) , la mise en place de ce fonds n'est pas exempte de critiques.

Il soulignait ainsi que dans son rapport au Premier ministre 3( * ) , Mme Join-Lambert avait noté que par le biais de ce fonds, des sommes importantes avaient été dépensées en un temps record, sans critères d'attribution définis, sans examen sérieux des cas individuels et sans conditions, au risque de déstabiliser le travail de terrain accompli depuis des années par les intervenants sociaux.

2. Le décret d'avance du 21 août 1998

Le montant de dépenses nouvelles ouvertes par le décret du 21 août 1998 s'élève à 5,04 milliards de francs, dont 4,83 milliards de francs de dépenses ordinaires et 210,3 millions de francs de crédits de paiement.

Au sein de ces mouvements, on signalera tout particulièrement l'importance de ceux affectant les crédits du ministère de la défense qui représentent 75,5 % des sommes totales.

Les principales ouvertures de crédit concernent les postes suivants :

3,8 milliards de francs sont ouverts au titre III du ministère de la défense, sur les chapitres relatifs aux rémunérations et aux charges sociales. L'insuffisance des crédits est, en effet, pour la fin de l'année 1998, nettement supérieure à celle des années 1996 et 1997, notamment en raison d'importants reports de charges de 1997 sur 1998, et du recrutement anticipé de militaires du rang. L'armée de terre bénéficie ainsi, à elle seule, de 2,61 milliards de francs, soit 68 % de ces nouveaux crédits, et la gendarmerie, de 593 millions de francs.

Il apparaît, en effet, que lors de la professionnalisation des armées, on a mal mesuré la part des dépenses du titre III par rapport à celles du titre V, notamment par comparaison avec la situation d'autres pays où existent des " armées de métier ", tels que le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Il existe donc un très réel risque que se poursuive ce mouvement d'accroissement des crédits du titre III, aux dépens de ceux des titres V et VI. Ainsi, en l'espèce, le décret d'annulation du 21 août 1998 a supprimé 3,85 milliards de francs de crédits sur les titres V et VI.

500 millions de francs de crédits ont été ouverts au sein du titre IV du ministère de l'emploi et de la solidarité, au profit de la formation professionnelle. Ce mouvement qui avait été prévu par l'article 75 de la loi du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, vise à compenser la baisse, en loi de finances initiale, de 5,27 milliards de francs pour 1997 à 4,77 milliards de francs pour 1998 des crédits du chapitre 43-05 destinés à la formation professionnelle. Il a été financé par un prélèvement " exceptionnel " de 500 millions de francs sur la trésorerie des organismes collecteurs des fonds de la formation professionnelle.

Votre rapporteur tient à souligner que nonobstant le caractère " exceptionnel " de ce prélèvement en 1998, celui-ci devrait être réitéré par le gouvernement en 1999, ainsi que cela ressort des documents budgétaires. Il ne peut donc qu'émettre les plus vives réserves sur un tel procédé.

Le décret d'avance du 21 août 1998 a ouvert des crédits au bénéfice du budget de l'enseignement scolaire à hauteur de 342,58 millions de francs, soit 7,10 % du total des crédits ouverts.

Ces ouvertures de crédits, destinées à financer les emplois-jeunes et à titrer les conséquences budgétaires de l'accord salarial du 10 février 1998 portent, au sein du budget de l'enseignement scolaire, sur 0,12 % du total des crédits.

51,1 millions de francs de crédits sont ouverts sur les budgets du ministère des affaires étrangères pour la commémoration du 5 ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, et l'organisation de l'année de la France au Japon.

34,3 millions de francs sur le budget de la santé seront principalement affectés à l'organisation des états généraux de la santé.

De façon plus limitée, au titre du budget des anciens combattants, 1,3 million de francs ont été ouverts au chapitre 43-02, concernant les interventions en faveur de l'information historique. Il s'agit en effet de préparer le 80ème anniversaire du 11 novembre 1918, les crédits ouverts en loi de finances initiale n'étant que de 1,7 million de francs. De même, 2 millions de francs de crédits de paiement ont été ouverts au chapitre 57-51 du budget de la justice afin de rénover la bibliothèque du Conseil d'Etat.

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