EXPOSÉ GÉNÉRAL

I. L'ENQUÊTE TECHNIQUE : UN INSTRUMENT ESSENTIEL À L'AMÉLIORATION DE LA SÉCURITE DES TRANSPORTS AÉRIENS

Le transport aérien a atteint aujourd'hui un niveau de sécurité élevé, grâce à une politique active de prévention des risques menée par l'ensemble des acteurs du secteur et dans laquelle l'enquête technique joue un rôle important.

A. L'AVION, UN MOYEN DE TRANSPORT COMPARATIVEMENT SÛR, MAIS EXPOSÉ AUX RISQUES D'ACCIDENT

En 1998, 19 accidents de transport public ont été recensés à travers le monde sur des avions de plus de 5,7 tonnes effectuant des vols réguliers. Ces accidents ont entraîné la mort de 1028 personnes. Sur les dix dernières années, et 15 millions de vols réguliers par an, il a été enregistré en moyenne 45 accidents par an.

En France, l'année dernière, sur ce même type de vols, un seul accident est survenu, entraînant la mort de 14 personnes. Pour l'ensemble du transport aérien public et privé, ces chiffres s'élèvent cependant en 1998, à 293 accidents, 67 morts et 100 blessés.

Les comparaisons sur la sécurité des différents modes de transport sont délicates et variables en fonction des indicateurs retenus : nombre d'accidents en fonction du temps passé dans les transports, nombre de voyages effectués, distance parcourue. Une comparaison portant sur le nombre de décès dans le monde rapporté au nombre de passagers/kilomètre parcourus, donne des résultats comparables pour l'avion et le train, aux environs d'un décès pour 500 millions de passagers/kilomètre dans le monde, soit un niveau au moins 10 fois inférieur à celui de la route.

En France, sur les dix dernières années, le nombre des décès par an est également comparable pour le transport aérien et pour le rail. Il s'élève à environ une centaine, bien loin derrière les 8.000 morts sur la route.

Ces données montrent, s'il en était besoin, que l'avion est un moyen de transport comparativement sûr. Les accidents sont rares, ils ont en revanche des conséquences souvent tragiques.

Le niveau de sécurité aujourd'hui atteint résulte d'une vigilance de tous les instants des professionnels de l'aviation civile. L'avion demeure, en effet, un moyen de transport exposé au risque d'accident du fait de la complexité technologique des avions, de leur vitesse ainsi que de l'augmentation du trafic aérien.

Les enquêtes techniques sur les causes des accidents d'aviation civile font apparaître que la sécurité des vols dépend de très nombreux paramètres techniques et humains. Compte tenu des performances des aéronefs modernes, le moindre dysfonctionnement d'un composant même accessoire de l'avion, la moindre défaillance humaine peut avoir des conséquences irrémédiables. La sécurité exige, en conséquence, un effort continu des professionnels du secteur pour améliorer la conception des aéronefs, la préparation des vols et la formation du personnel.

Cette vigilance est d'autant plus nécessaire que l'augmentation du trafic devrait accroître le risque d'accidents. Les prévisions de croissance du trafic aérien établies par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) conduisent à envisager son doublement d'ici 15 à 30 ans. En conséquence, il faudrait s'attendre, à taux d'accident constant, à un doublement des accidents et du nombre des victimes.

A cette perspective déjà préoccupante, s'ajoute la crainte que l'augmentation du trafic n'entraîne une diminution du niveau de sécurité.

Le développement du trafic aérien est, en effet, lié à une libéralisation croissante du secteur. Or l'ouverture du marché du transport aérien a conduit à un renforcement significatif de la concurrence, à la recherche de modes d'organisation de plus en plus complexes et à un rythme de création et de disparition de compagnies plus rapide que par le passé. Toutes ces évolutions incitent à une réduction des coûts et favorisent une dilution des responsabilités techniques qui sont autant de facteurs de risque.

Dans ces conditions, un renforcement de la politique de prévention des risques d'accidents aériens est nécessaire pour que le développement des capacités de transport aérien ne se traduise pas par une diminution du niveau de sécurité.

La France a, dans ce domaine, un rôle important à jouer en raison de sa responsabilité dans le développement de l'industrie aéronautique civile européenne et de sa situation géographique au centre de l'Europe. Ce rôle crée naturellement des devoirs vis-à-vis de millions de passagers, des compagnies aériennes qui les transportent, mais aussi de tous les pays qui exploitent des aéronefs dont l'industrie aéronautique française garantit la sécurité.

La sécurité de l'aviation civile française est donc une exigence légitime et un enjeu économique majeur.

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