2. Un élan encore insuffisant

. Une réflexion encore lacunaire sur le concept d'emploi

M. Hubert Haenel avait déjà regretté l'absence d'une véritable réflexion sur les conditions d'emploi des réservistes. Sans doute le plan " Réserves 2000 " prévoyait-il la participation des réservistes à toutes les missions qui peuvent être confiées aux forces armées notamment des missions " d'intervention, armée ou non, à l'extérieur du territoire national ".

Cette ouverture répondait aux voeux exprimés par les réservistes comme à l'intérêt même des armées.

Lors de la guerre du Golfe, selon le principe de l'assimilation des réservistes aux appelés en matière de conditions d'emploi, les candidatures des volontaires pour participer aux opérations s'étaient vu opposer un refus. En effet, les dispositions du code du service national qui subordonnaient l'affectation des appelés, en temps de paix, à des unités " stationnées hors d'Europe et hors des DOM-TOM ", au volontariat des intéressés, n'avaient pas été appliquées. Cette position n'avait pu que nourrir chez les réservistes une sérieuse crise d'identité.

Sans doute, la possibilité prévue par le plan " Réserves 2000 " de recourir à des volontaires spécialistes ou non dès le temps de crise, représentait-elle une avancée certaine. Cependant, les missions des unités de réserve dérivées prévues par l'armée de terre paraissent s'inscrire dans le cadre traditionnel d'une mobilisation générale .

En deçà de ce scénario, le recours à ces unités soulevait beaucoup d'interrogations. En outre, le concept d'emploi des réserves n'avait pas tellement fait l'objet d'une réflexion interarmées et dépendait de chaque armée.

. Le cas particulier de la gendarmerie

Dans la mesure où la mobilisation n'avait jamais véritablement figuré au rang des préoccupations prioritaires de la gendarmerie, la gestion et la formation des réservistes -dont l'emploi était principalement commandé par les nécessités d'une possible mobilisation- avaient été négligées.

La prise en charge par la gendarmerie de la gestion de 60 % de ses réservistes jusque là assurée par l'armée de terre ne pouvait, dans ce contexte, que créer des difficultés supplémentaires.

La situation apparaissait d'autant plus délicate que les moyens financiers n'étaient en aucune manière à la mesure des besoins encore accrus par cette nouvelle charge.

. Le problème récurrent de l'équipement

La situation des équipements des réserves dans l'armée de terre et la gendarmerie n'a jamais répondu aux nécessités liées au doublement prévu des forces d'active dans l'hypothèse d'une mobilisation.

Le bilan dressé par le rapport Haenel était d'ailleurs sur ce point sans appel : " la réalité des dépôts de mobilisation contribue à asseoir l'idée que les réserves sont généralement très mal équipées. Les véhicules stockés pour de longues durées souffrent des mauvaises conditions qu'ils doivent subir dans des hangars souvent sommaires et peu protecteurs. Beaucoup nécessiteraient de longues et coûteuses remises en condition pour un résultat probablement médiocre si d'aventure on souhaitait les utiliser massivement. Les autres équipements, armement, moyens de transmissions, créeraient des difficultés logistiques (rechanges, munitions) ou d'intercommunication compte tenu du décalage de génération souvent constaté entre eux et les équipements des unités d'active ".

Si pour l'armée de terre, la réduction des effectifs aura permis d'équiper les réserves de manière plus adaptée, pour la gendarmerie, en revanche le problème est resté entier.

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