II. LES CRÉDITS EN FAVEUR DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000

Le Parlement doit se prononcer sur les crédits de l'aménagement du territoire inscrits dans le fascicule budgétaire " I. Aménagement du territoire " du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement .

Ces crédits ne constituent qu'une petite partie de l'ensemble des crédits du budget que l'Etat estime relever de la politique d'aménagement du territoire. Dans le projet de loi de finances pour 2000, l'effort total de l'Etat est estimé à 54,8 milliards de francs par le " jaune " budgétaire, tandis que les crédits du " bleu " s'élèvent à 1,9 milliard de francs, soit 3,5 % de l'ensemble.

A. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DU MINISTÈRE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT

La nomenclature des crédits de l'aménagement du territoire n'a pas changé dans le projet de loi de finances pour 2000. Ils comprennent :

- les dépenses de fonctionnement de la délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, la DATAR ;

- les crédits consacrés à la prime d'aménagement du territoire (PAT) ;

- les crédits du fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT).

Le graphique ci-dessous retrace la part relative de ces trois grands postes de dépenses :

Le budget de l'aménagement du territoire s'élève à 1,9 milliard de francs dans le PLF 2000. Il augmente de 127 millions de francs, soit 7 %.

Cette augmentation résulte principalement de l'augmentation de 105 millions de francs de la dotation de la prime d'aménagement du territoire.

L'évolution par titre des crédits de l'aménagement du territoire

(en millions de francs)


 

LFI 99

PLF 2000

Evol. en valeur

Evol. en %

Titre III (DATAR)

108,7

119,1

+ 10,3

+ 9,5 %

Titre IV (FNADT interv.)

295,3

455

+ 159,6

+ 54 %

Titre VI (investissement)

- PAT

- FNADT

1398,7

315

1083,7

1356

420

936

- 42,7

+ 105

- 147,7

- 3,05 %

+ 31,25 %

- 13,6 %

1. La DATAR

Les crédits de la DATAR représentent 1 % du budget de l'aménagement du territoire.

Ils augmentent, en apparence, de 10 % entre 1999 et 2000.

En réalité, l'augmentation des moyens de la DATAR est due à la poursuite du mouvement, engagé dans la loi de finances pour 1999, de transfert des crédits d'études de la DATAR du FNADT (titre VI) vers les moyens de fonctionnement de la délégation. En 2000, le montant du transfert s'élève à 9 millions de francs.

Le taux de progression réel des crédits de la DATAR en 2000 est de 1 %. Cette progression est entièrement due à celle des dépenses de personnel.

En 2000, les crédits d'études seront principalement orientés vers le financement des études que pourraient commander les nouvelles cellules de prospectives mises en place au sein de la DATAR. Ces cellules ne sont pas encore constituées.

Un appel à proposition a été lancé par la DATAR le 2 août 1999. Les thèmes proposés sont les suivants : aménagement du territoire en Europe ; loisirs et temps de vie : sports, tourisme, culture et formation ; réseaux, services et usages : technologies d'information et de communication, énergie et transports ; santé et territoires ; espaces naturels et ruraux et société urbanisée ; temps et territoire ; représentations et territoires ; les systèmes territoriaux nationaux : mutations, risques et innovations ; prospective territoriale et action publique ; échanges marchands et territoires.

Moyens de fonctionnement de la DATAR

 

1998

1999

2000

2000 à struct. constante

2000/1999 (en %)

2000/1999 (en %) à struct.constante

Personnel

54,27

56,93

58,52

58,52

+ 2,7

+ 2,7

Fonctionnement des services (hors études)

33,82

33,82

33,17

33,17

- 1,9

- 1,9

Etudes

18,00

18,00

27,46

18,46

+ 52,5

+ 2,5

Total

106

108,7

119,1

110,1

+ 10,1

+ 1,01

Total (hors études)

88,10

90,75

91,69

91,69

+ 1,03

+ 1,03

 
 
 
 
 
 
 

En 2000, les dépenses de fonctionnement de la DATAR progresseront, en tout, de 10,4 millions de francs alors que les dépenses de personnel augmentent de 1,6 millions de francs et les crédits d'études progressent de 9,4 millions de francs. La différence, soit 600.000 francs, provient d'un ajustement à la baisse des moyens de fonctionnement des services, qui sont réduits de 1,9 % en 2000.

Cet ajustement à la baisse repose essentiellement sur les dotations des postes de la DATAR à l'étranger. Selon les informations recueillies par votre rapporteur auprès de la DATAR, le renouvellement de l'équipement informatique des postes à l'étranger les années précédentes leur permettra de supporter sans difficulté la réduction des crédits qui leur sont consacrés.

La disparition programmée des postes de la DATAR à l'étranger au profit d'une Agence pour la promotion des investissements étrangers en France

Traditionnellement, votre rapporteur spécial présente dans son rapport un bilan de l'activité des bureaux de la DATAR à l'étranger, et se félicite de la qualité du travail accompli. Par exemple, pour les années 1996, 1997 et 1998, les bureaux de la DATAR à l'étranger ont été à l'origine de l'implantation de 356 entreprises étrangères qui ont créé 28.290 emplois.

Ces postes sont pourtant appelés à disparaître, dans le cadre d'une rationalisation de l'ensemble des instruments de promotion des investissements étrangers en France. Le rapport réalisé par notre collègue Serge Vinçon pour le compte de l'office parlementaire d'évaluation des politiques publiques (Sénat n° 333) a mis en évidence certains " doublons ".

En 1999, les crédits publics consacrés à la promotion des investissements étrangers en France se répartissaient de la manière suivante :

- 41,6 millions de francs pour les bureaux de la DATAR à l'étranger ;

- 7,5 millions de francs correspondant à la subvention versée par le FNADT au réseau Invest in France ;

- la prise en charge par la direction du personnel, de la modernisation et de l'administration (DPMA) des moyens matériels de la délégation aux investissements internationaux du ministère de l'économie et des finances, ainsi que le versement d'une subvention de fonctionnement de l'ordre de 5 millions de francs. Les 10 collaborateurs de la délégations sont mis à disposition par la DPMA et la direction des relations économiques extérieures (DREE).

Le 27 octobre 1999, votre commission des finances a auditionné le délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, ainsi que l'ambassadeur délégué aux investissements internationaux, au sujet des perspectives d'évolution du dispositif public d'attraction des investissements étrangers en France. Votre rapporteur spécial reproduit ci-dessous un extrait du compte-rendu de cette audition :

" M. Jean-Louis Guigou, délégué à l'aménagement du territoire, a tout d'abord rappelé quelques données chiffrées : trente ans après l'ouverture en 1969 du premier bureau de la DATAR à New-York, on dénombre actuellement 17 représentations françaises à l'étranger, dont 12 dans les pays de l'OCDE employant 70 personnes, pour 43 millions de francs de crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour l'an 2000.

Il a admis l'existence d'un certain nombre de dysfonctionnements soulignés dans le rapport de M. Serge Vinçon pour l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques et, en particulier, la compétition inadmissible entre deux services de l'État, tout en indiquant que, désormais, on était d'accord, tant du côté de la DATAR que du ministère des finances, pour travailler ensemble.

Il a attiré l'attention sur le nouveau contexte créé par la mise en place de l'euro, qui faisait de l'Europe la concurrente directe de l'Amérique pour attirer les investissements étrangers, compte tenu des perspectives économiques dans le reste du monde.

Il a noté, à ce propos, que même un pays de tradition libérale comme l'Allemagne était sur le point de créer un organisme national de promotion, à la tête duquel doit être nommé un ancien président de la Bundesbank, ce qui montre l'importance que ce pays attache désormais à ce type de structure.

M. Jean-Louis Guigou a alors explicité les conditions dans lesquelles il allait être procédé au " mariage " entre ses services et ceux de la Délégation aux investissements internationaux du ministère des finances :

- la future agence doit, quel que soit son statut, être ouverte aux régions, faute de quoi on pourrait assister à une balkanisation de l'effort public actuellement réparti à raison de 200 millions de francs pour les régions, 50 millions pour la DATAR et 10 millions de francs pour le ministère des finances ;

- les bureaux à l'étranger ne doivent pas être constitués de fonctionnaires, compte tenu de leur fonction essentiellement commerciale ;

- la prospection à l'étranger ne peut être dissociée de celle des territoires et un lien étroit doit être maintenu entre les bureaux à l'étranger et ceux implantés dans les régions ;

- la prospection doit s'appuyer sur une stratégie, ce qui prive de fondement la critique contenue dans le rapport de l'Office parlementaire d`évaluation des politiques publiques, consistant à dénoncer l'absence de stratégie de l'administration : bien au contraire, cent technologies-clés de l'avenir ont été identifiées, parmi lesquelles il en est douze où la France est bien placée.

Puis M. Didier Lombard, ambassadeur délégué aux investissements internationaux, est intervenu pour compléter l'intervention du délégué à l'aménagement du territoire. Après avoir rappelé certains éléments de cadrage et, en particulier, leur croissance exponentielle -les investissements internationaux doublent tous les deux ans- l'ambassadeur délégué a reconnu les lacunes du dispositif actuel, source de confusion dans l'esprit des entreprises étrangères qui ne savent pas toujours à qui s'adresser. Il a insisté sur la nécessité de mettre en place un réseau de communication intranet très performant et réitéré les objectifs de la réforme : clarification du dispositif, renforcement de la présence à l'étranger et développement de la coopération avec les acteurs régionaux. Il a conclu en estimant arbitraire la division du travail entre les agents de la DATAR et ceux du ministère des finances préconisée par le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques. "

2. La prime d'aménagement du territoire (PAT)

Les crédits consacrés à la prime d'aménagement du territoire augmentent de 105 millions de francs en 2000 (+ 33 %) et s'établissent à 420 millions de francs.

Cette forte progression marque la " fin d'une époque ", au cours de laquelle les crédits de la PAT étaient caractérisés par une sous-consommation chronique.

L'année 2000 marquera l'achèvement du processus d'apurement du stock de report de crédits de paiement reportés, enclenché par le précédent gouvernement et poursuivi par l'actuel. En 1998, 111 millions de francs d'autorisations de programme et 32 millions de francs de crédits de paiement ont ainsi fait l'objet d'annulations. Le taux de consommation des crédits en 1998 s'est élevé à 85 %, contre 56,8 % en 1997.

De plus, l'assouplissement, certes limité, des critères d'éligibilité à la prime à compter de 2000 permettra d'améliorer la consommation des crédits du chapitre 64-00.

3. Le fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT)

Le FNADT est une création de l'article 33 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADT) du 4 février 1995. Il a vocation à regrouper les crédits " consacrés aux interventions pour l'aménagement du territoire, à la restructuration des zones minières, à la délocalisation des entreprises, à l'aide aux initiatives locales pour l'emploi, au développement de la montagne et à l'aménagement rural ".

Ses crédits sont répartis entre deux sections :

- une section générale gérée par le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT) présidé par le Premier ministre, qui bénéficie d'environ 35 % des crédits du fonds ;

- une section locale composée de crédits déconcentrés auprès des préfets de région qui les utilisent pour financer des opérations contractualisées (plus de 50 % des crédits) et, pour le solde, subventionnent des opérations présentant un intérêt d'aménagement du territoire.

Une circulaire précisant les modalités de la gestion du FNADT paraîtra au début de l'année prochaine. Elle devrait notamment entériner l'évolution du FNADT vers le soutien aux projets présentant une dimension intercommunale.

Lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, la ministre de l'aménagement du territoire, interrogée sur ce point, a rappelé les circonstances qui ont motivé l'élaboration de cette circulaire. Le compte-rendu de cette audition rapporte que la ministre a " indiqué que le gouvernement avait fait part de son souci de modifier les règles d'emploi du FNADT dès le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIADT) du 15 décembre 1997 et que, dans ce but, elle avait demandé à l'inspection générale des finances de réaliser une évaluation du dispositif actuel. Elle a déclaré que cette étude avait confirmé que le FNADT ne servait pas toujours à financer des projets nouveaux d'aménagement du territoire, mais se substituait souvent aux crédits d'autres ministères. Elle a fait allusion à certaines analyses très dures de l'utilisation par les préfets de la section locale du FNADT. Elle a souhaité que, à compter de 2000, la gestion du FNADT respecte le principe de subsidiarité et s'oriente principalement vers les projets participant à la recomposition du territoire. "

Dans le projet de loi de finances pour 2000, le montant des crédits du FNADT est pratiquement stable : il augmente de 1 %.

L'évolution des crédits du FNADT

(en millions de francs)

 

LFI 99

PLF 2000

Evol. en volume

Evol. en %

Interventions

295,3

455

+ 159,7

+ 54 %

Investissements

1083,7

936

- 147,7

- 14 %

TOTAL

1379

1391

+ 12

+ 1%

La stabilité du montant total du FNADT contraste avec les évolutions de la répartition interne des crédits du fonds, caractérisée par un transfert des dépenses d'investissement (titre VI) vers les dépenses d'intervention (titre IV).

Ce mouvement s'explique par la volonté de la DATAR d'orienter sa politique contractuelle vers le soutien logistique (conseil, études) à la définition de " conventions d'objectifs ", qui préfigureront le contenu des nouveaux contrats de pays et contrats d'agglomération créés par la loi du 25 juin 1999, et qui seront intégrés aux contrats de plan Etat-régions.

S'agissant des contrats de plan Etat-régions, la DATAR a modifié sa nomenclature budgétaire de manière à faire apparaître le montant des crédits consacrés au financement d'opérations relevant des contrats 2000-2006. Cette initiative est appelée à être imitée par les autres ministères, et permettra d'améliorer le suivi du financement par l'Etat de sa participation aux contrats de plan Etat-région.

Au total, la DATAR consacrera 595 millions de francs aux contrats de plan en 2000.

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