(3) La difficile élimination des farines

Les stocks de farines mettront vraisemblablement plus de temps à se résorber dans la mesure où les débouchés commerciaux ne sont pas immédiatement disponibles.

La destruction, depuis 1997, des farines du service public de l'équarrissage se faisait pour partie dans des usines d'incinération auxquelles l'Etat versait une indemnité. Si une part de ces farines dites « à haut risque » était utilisée comme combustible chez les cimentiers, c'était moyennant le versement de subventions publiques (400 francs par tonne de farine incinérée). Les cimentiers constituent aujourd'hui un des principaux débouchés, appelés à se développer pour la destruction de farines issues de produits bas risque. Le préfet Proust a indiqué à la commission que leur capacité d'utilisation devrait passer de 200.000 tonnes à 450.000 tonnes au cours de l'année 2001. Douze nouvelles cimenteries sont en cours d'agrément, ce qui porte à une trentaine le nombre de cimenteries agréés pour brûler les farines. L'incinération par les cimentiers présente l'avantage de ne pas générer de rejet dans l'atmosphère, les particules produites étant assimilées au mélange.

Mélangées au charbon, les farines pourraient également constituer un combustible intéressant pour les centrales thermiques. Le projet de fabrication d'un mélange constitué de charbon et de farines (dans la limite de 10 % ) est actuellement étudié par la Société nationale d'électricité et de thermique (SNET), filiale de Charbonnages de France. S'il aboutit, ce projet pourrait permettre la consommation de 100.000 à 150.000 tonnes de farines par an.

De même, la société Agglocentre, filiale de Total et de Charbonnages de France, s'est d'ores et déjà spécialisée dans la fabrication d'un nouveau combustible aggloméré, composé de 80 % de farines et de 20 % de charbon, qui est sans odeur et stockable. Doté d'un pouvoir calorifique inférieur de seulement 15 % à celui du charbon, il serait vendu à un prix inférieur de 30 % à celui de ce dernier.

L'utilisation comme combustible pourrait également trouver une application dans les unités de co-génération qui produisent simultanément chaleur et énergie. Le développement de cette technique requiert l'établissement d'un partenariat entre EDF et les entreprises intéressées. Le préfet Proust a cité l'exemple du groupe agro-alimentaire Doux, qui a pour objectif d'utiliser la vapeur et la chaleur produite par la combustion des farines, l'excédent d'énergie produite étant recueilli par EDF.

La filière déchet est, quant à elle, intéressée par la possibilité d'utiliser les farines en vue de brûler les boues des stations d'épuration.

D'autres utilisations, telles que la fabrication de matériaux pour les routes ou le bâtiment, sont évoquées, mais n'ont pour l'heure pas encore fait l'objet de procédés industriels applicables.

Selon les estimations fournies par le préfet Proust, le développement de ces débouchés devrait permettre d'utiliser 400.000 tonnes de farines en 2001, ce qui réduirait à 300.000 tonnes le volume de farines stockées à la fin de l'année.

Le déstockage total ne devrait pas avoir lieu avant 2003, compte tenu des délais nécessaires aux entreprises intéressées pour acquérir les équipements requis en vue d'utiliser les farines.

Le coût du stockage, à la charge de l'Etat, devrait s'établir autour de 100 millions de francs pour l'année 2001, le coût total du stockage, de l'indemnisation des équarrisseurs et de la destruction des farines avoisinant les 2 milliards de francs.

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