B. LA PROMOTION DES TERRITOIRES NATIONAUX SUR LES MARCHÉS MONDIAUX : UN IMPÉRATIF POUR LES GOUVERNEMENTS

La mondialisation économique, la généralisation des échanges et des investissements transnationaux, ne signifient, ni la fin du national, ni la fin de la compétition économique entre les nations, tout au contraire. L'effacement des frontières, loin de tarir la concurrence entre les nations, a imposé aux États une nouvelle forme de compétition pour attirer et retenir entreprises, talents et capitaux sur leur territoire.

Privés de la protection qu'offraient hier les frontières, les États sont tenus d'offrir aux forces vives de leur économie un environnement tout aussi (sinon plus) attractif que leur voisin à un moment même où leur marge de manoeuvre est de plus en plus réduite.

1. Une course pour attirer entreprises, capitaux et compétences

En ouvrant leurs marchés, les États ont délibérément renoncé à maîtriser les flux de marchandises et de capitaux issus ou à destination de leur territoire, pour se concentrer sur le solde des flux entrant et sortant. Il est, aujourd'hui, souhaitable que des entreprises nationales investissent massivement à l'étranger, mais également qu'inversement des entreprises étrangères investissent dans les mêmes proportions sur le territoire national.

Cette nouvelle course pour attirer entreprises, capitaux et compétences, passe par la mise en oeuvre de politiques économiques centrées sur l'attractivité du territoire . Cet objectif constitue un des axes majeurs de toutes les politiques économiques des pays développés comme des pays en voie de développement.

Toute entreprise ou personne désireuse de trouver une nouvelle implantation peut, aujourd'hui, disposer de comparaisons entre les performances de différents sites au regard de critères aussi variés que la stabilité des prix, la qualité des infrastructures, le montant des loyers, les charges sociales, etc. La multiplication de ces comparaisons internationales et le succès du « benchmarking » dans tous les aspects de la vie économique, sont l'illustration même de cette rivalité croissante entre les territoires sur un nombre sans cesse accru de critères censés assurer aux investisseurs potentiels l'existence d'un environnement entrepreneurial performant.

En matière d'investissement direct, cette nouvelle forme de concurrence a conduit la quasi-totalité des pays à se doter de structures spécifiques chargées d'attirer les entreprises étrangères : Invest in Britain en Grande Bretagne, la Netherlands Foreign Investment Agency aux Pays-Bas, Sviluppo Italia en Italie et la dernière-née, l'Agence française pour les investissements internationaux, sont autant d'organismes chargés de défendre les couleurs de leur pays dans cette nouvelle compétition.

En matière de capitaux, où la concurrence est déjà ancienne, chaque place financière cherche à attirer l'épargne internationale en offrant une palette de produits financiers assurant à chaque investisseur l'équilibre souhaité entre la rentabilité, le risque et la liquidité.

En matière de compétences, la concurrence que se livrent les États occidentaux pour attirer les salariés les plus qualifiés , n'en est pas moins vive, car ces économies se sont progressivement spécialisées dans des secteurs à forte valeur ajoutée, qui exigent une main-d'oeuvre de plus en plus formée. Ce capital humain, essentiel à cette nouvelle « économie du savoir », est en passe de devenir une ressource d'autant plus convoitée qu'elle se raréfie. Ainsi, dans le domaine des nouvelles technologies, la pénurie de spécialistes est devenue une des principales préoccupations des pouvoirs publics, en Europe comme aux États-Unis. Selon un récent rapport du Bureau international du travail, le nombre d'emplois non pourvus dans ce secteur s'élèvera à 1,6 million en 2002.

Dans ce contexte, comme l'observe le dernier rapport de l'OCDE sur les tendances des migrations internationales, « de nombreux Etats multiplient les procédures favorisant la mobilité du travail qualifié et hautement qualifié pour pallier la pénurie sectorielle de main d'oeuvre » . Il peut s'agir de programmes spécifiques, comme c'est le cas pour les informaticiens en Allemagne, ou bien d'un assouplissement des critères d'éligibilité pour certaines catégories de travailleurs qualifiés (Japon, Royaume-Uni, France et États-Unis). Ainsi, aux États-Unis, le nombre de visas H1B destinés aux travailleurs particulièrement compétents dans les domaines des nouvelles technologies, est passé de 60.000 en 1999 à 195.000 en 2001. Comme l'ont souligné devant la mission M. Claude Allègre et le professeur Luc Montagnier, on assiste aujourd'hui à une véritable « chasse aux talents ».

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