B. UNE FRAGILISATION RÉCENTE

Le secteur viticole français est néanmoins confronté depuis peu à une fragilisation de son assise qui a conduit certains observateurs à diagnostiquer une « crise de la viticulture ».

Si l'on ne peut parler indistinctement de crise pour l'ensemble du secteur viticole français, force est de constater qu'un certain nombre d'indicateurs envoient depuis peu des signaux inquiétants.

Cette situation est relativement récente. Ainsi que le soulignait, lors de son audition, Mme Marie-France Cazalère, sous-directrice des cultures et des produits végétaux au ministère de l'agriculture, la viticulture était encore considérée il y a trois ans comme la référence dans le domaine agricole, tant sa réussite semblait indiscutable.

1. Les indicateurs de la crise

a) La diminution des exportations (chiffres CFCE)

Depuis 1999, les exportations françaises de vins et spiritueux marquent le pas, après des années caractérisées par une certaine euphorie des ventes.

Il est vrai que la situation avait été, jusqu'à cette date, particulièrement favorable , notamment grâce à l'obtention de bons millésimes, mais aussi parce que des éléments exceptionnels avaient contribué à doper les ventes.

Ainsi, confrontés à une épidémie de phylloxéra, les Etats-Unis avaient augmenté fortement leurs importations de vins. De même, la sécheresse persistante dans le sud de l'Europe avait conduit à des récoltes relativement médiocres en Espagne et en Italie.

Il convient également d'évoquer le gonflement des ventes lié à la célébration de l'an 2000, qui avait occasionné des ventes record de champagne en 1999. De fait, entre 1995 et 1999, les exportations de vins français n'avaient cessé de progresser en volume et en valeur.

LA PROGRESSION EN VALEUR DES EXPORTATIONS DE VINS FRANÇAIS

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Exportations
(en milliards d'euros)

3,32

3,47

3,78

4,66

5,25

5,76

Evolution

+6,7 %

+4,5 %

+8,9 %

+23,2 %

+12,7 %

+9,7 %

Source : CFCE

En 2000, les exportations françaises de vins et spiritueux connaissent les premiers signes d'un fléchissement (-0,7 % en valeur).

Ce recul est imputable à une forte diminution des ventes de vins à l'étranger, alors que, dans le même temps, les exportations de spiritueux renouent avec une croissance longtemps attendue (+14,6 %).

Les exportations de vins diminuent de 7,4 % en volume et de 5,4 % en valeur. La hausse des cours, observée depuis 1997, est partiellement en cause. Ainsi, les grands vins rouges d'appellation (Bordeaux et Bourgogne), dont les cours avaient augmenté de 25 % en 1998 et 1999, subissent un repli significatif.

Cependant, l'effet de la percée des vins dits du nouveau monde ne peut plus être ignoré. De fait, c'est sur le marché britannique , principale cible de ces pays dans la mesure où il constitue une vitrine de la consommation mondiale de vin, que les exportations françaises connaissent leur plus fort recul , avec une diminution de 13 % en volume et de 16,3 % en valeur.

Cette déprime des ventes françaises se constate également aux Etats-Unis, avec un recul de 11,4 % en volume et de 11,1 % en valeur, de même qu'en Belgique (respectivement -6,8 % et -7,1 %).

En 2001, pour la deuxième année consécutive, les exportations françaises de vins et spiritueux régressent (-2,8 %) en valeur.

Cette diminution en valeur concerne en premier les vins (-3 %),malgré une reprise (+4,9 %) des volumes exportés sous l'effet de la baisse des cours.

Ainsi, en dépit des résultats positifs enregistrés par les vins français sur le marché britannique en 2001, le Centre français du commerce extérieur souligne, dans son bilan annuel que la France est le fournisseur qui réalise les moins bonnes performances sur ce marché globalement en expansion.

Il estime que la progression notable des exportations de vins de pays au Royaume-Uni en 2001 est le résultat de la « grande braderie » pratiquée au printemps, le négoce anglais ayant profité de la baisse des cours des vins de pays français pour reconstituer ses stocks essentiellement à partir de cépages d'oc.

Il relève que les prix pratiqués sont loin d'être rémunérateurs. Par ailleurs, cette envolée s'est faite au détriment des ventes de vins de table, qui reculent à la fois en volume et en valeur.

Surtout, les résultats de l'année 2001 jètent une ombre sur les marchés américain, allemand, belge et danois , marquant un retournement pour le premier et confortant les tendances observées l'année précédente pour les trois autres.

Sur ces marchés, la France a accusé en 2001 une baisse de ses ventes de 440 000 hectolitres , générant un manque à gagner de 244 millions d'euros par rapport à 2000.

L'ÉVOLUTION DES EXPÉDITIONS FRANÇAISES DE VINS EN 2001 SUR LES PRINCIPAUX MARCHÉS CLIENTS

Volume en

1.000 hl

Valeur en

millions d'euros

Variations 2001/2000 en %

Volume

Valeur

Royaume-Uni

3 714

1 079

+28,3

+9,9

Etats-Unis

1 047

850

-7,8

-10,7

Allemagne

2 963

675

-4,5

-6,8

Belgique

1 711

497

-2,0

-8,5

Japon

613

384

+12,0

+8,9

Pays-Bas

1 628

334

+6,1

-5,0

Suisse

657

312

+3,9

-1,5

Canada

636

223

+3,0

+6,4

Danemark

690

154

-7,3

-10,9

Italie

166

145

-42,6

-15,2

Sources : douanes françaises/CFCE

En ce qui concerne les spiritueux, la reprise de 2000 ne s'est pas confirmée en 2001, les exportations accusant un recul de 2,6 % en valeur.

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