M. Jean-Claude Larrivoire, journaliste

Merci à tous, nous allons laisser maintenant la place à notre quatrième et dernière table ronde.

Quatrième table ronde : quelles régulations ?

M. Louis de Broissia, sénateur de la Côte-d'Or, membre de la commission des Affaires culturelles du Sénat

Si j'en juge par les échanges qui ont eu lieu et la fréquentation de ce débat, le sujet dont nous traitons est d'une grande actualité.

J'introduirai la question des régulations de l'audiovisuel à partir d'un constat simple que je crois pouvoir faire au nom du Sénat : le secteur paraît aujourd'hui efficacement régulé, par une autorité administrative indépendante, comme nous l'avons souhaité, qui a su acquérir le respect du pouvoir politique et celui des grands groupes audiovisuels. Compte tenu des difficultés rencontrées depuis lors, ce résultat n'était pas forcément acquis lorsque la loi du 29 juillet 1982 a décidé de créer la Haute Autorité de la Communication audiovisuelle. Notons que le besoin de renommer les institutions successives créées pour cette régulation apporte plutôt la preuve des réticences du pouvoir politique à confier à une autorité indépendante ce qui relevait jusqu'alors du domaine de l'État. Il n'est pas si loin le temps où le président de la République, parlant de la Commission Nationale de la Communication et des Libertés, disait : « Elle ne fait rien qui puisse inspirer ce sentiment qui s'appelle le respect. »...

La stabilité actuelle du CSA semble aujourd'hui témoigner de la stabilité institutionnelle du secteur, voulue par le Parlement.

J'insisterai ici sur la persévérance du CSA, en particulier dans le domaine de la signalétique jeunesse. Ce dispositif, qui substitue responsabilité à censure, repose sur une adhésion des acteurs. Il a permis de constater qu'une instance de régulation est en mesure de convaincre tous les opérateurs de suivre des règles de bonne conduite définies dans la concertation.

Je rappellerai aussi que l'efficacité du pouvoir de sanction du CSA peut encore être améliorée. Depuis son origine, l'action du Conseil dans ce domaine se trouve limitée par une disposition législative qui lui interdit d'infliger une amende à un opérateur qui n'aurait pas respecté ses obligations réglementaires, législatives ou conventionnelles, dès lors que le manquement en cause est passible d'une sanction pénale. Il serait souhaitable que cette disposition soit aménagée pour permettre de défalquer du montant de l'amende éventuellement infligée par le juge celui déjà prononcé par le CSA.

En dépit des motifs de satisfaction que je signalais, on peut penser que l'avenir du mode de régulation actuel est encore incertain. En effet, si le Conseil a déjà traversé bon nombre de polémiques pour arriver à un certain équilibre, on peut se demander si les modalités actuelles de son action ne sont pas menacées. Menacées par la construction européenne comme par la mondialisation du secteur qui abolit chaque jour les frontières, mais qui surtout rend possibles les stratégies d'optimisation réglementaire. Le sentiment d'une régulation européenne pourra naître à l'occasion de ce débat.

La menace vient aussi des évolutions technologiques, notamment par le processus de convergence entre l'audiovisuel et les télécommunications, processus qui fait naître une incertitude quant à la définition exacte du terme même de « communication audiovisuelle ». Nos catégories juridiques peuvent en devenir obsolètes, ce qui ne manquera pas de provoquer des confrontations entre diverses instances de régulation. La commission des Affaires culturelles de notre Haute Assemblée sera attentive à l'adaptation des compétences de chacune des autorités qui pourrait être réalisée, en n'ignorant jamais que le CSA s'occupe d'abord de radio et de télévision.

Quelle que soit l'autorité administrative indépendante qui pourrait émerger, le Parlement revendiquera toujours son rôle de régulateur.

À écouter les débats de cette journée, je me demandais si ceux de l'an dernier concernant la TNT portaient sur un besoin de nouvelles télévisions ou sur un besoin de télévisions nouvelles, c'est-à-dire de nouveaux produits.

Nous serons ainsi attentifs à l'offre de contenu de même qu'à la convergence de toutes les formes qu'exprime la télévision -loisirs, culture, information, sport, etc. La télévision étant au coeur de la vie, nous serons également attentifs au fait qu'elle devra être régulée et recentrée en particulier sur l'éveil à la vie par l'éducation.

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