b) La notion de plurilinguisme : une nouvelle approche pour l'apprentissage des langues
La
politique linguistique que prônent le Conseil de l'Europe et la
Commission européenne s'appuie sur la notion de
« plurilinguisme ». Comme le spécifie la
Recommandation 1539 (2001) de l'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe
relative à l'année européenne des langues,
soutenue par votre rapporteur, ce terme «
devrait être
perçu comme
une certaine capacité à communiquer dans
plusieurs langues, et non nécessairement comme maîtrise parfaite
de ces langues
».
Cette approche remet en cause un certain nombre de certitudes et de
représentations sur l'apprentissage des langues. En cela, elle est
porteuse de perspectives nouvelles en vue d'une plus grande
diversification :
- l'école n'a pas à porter seule la responsabilité de
l'acquisition de compétences linguistiques : elle doit jeter les
bases permettant à chacun d'« apprendre à
apprendre », le bagage linguistique de chaque individu ayant vocation
à être entretenu, approfondi et diversifié tout au long de
la vie ;
- elle comprend en outre le « concept
révolutionnaire » de
compétences partielles
, qui
permet de développer la capacité plurilingue de chacun à
des degrés de maîtrise hétérogènes, selon les
besoins individuels de la vie professionnelle ou privée :
le peu
que l'on sait d'une langue a déjà de la valeur
; il ne
s'agit pas d'un objectif au rabais, mais d'une approche permettant de souligner
les deux aspects essentiels de l'apprentissage des langues : pouvoir
établir la communication avec l'autre et parvenir à un niveau
minimal pour être motivé à se former tout au long de la
vie ;
DÉFINITIONS
A noter
que le plurilinguisme se distingue du multilinguisme :
- le terme de
multilinguisme
s'applique à une
société dans laquelle coexistent plusieurs langues, officielles
ou non, qui sont pratiquées par les membres qui la composent ;
- le terme de
plurilinguisme
s'applique à chaque
individu : il suppose que tout locuteur est doté d'une
capacité plurilingue, d'un
répertoire linguistique
propre
(composé de variantes familiales, régionales...), constitutif de
sa personne, qu'il choisit ou non de développer au cours de son
existence ; le plurilinguisme comprend les compétences partielles
et s' « auto-enrichit » grâce à des
interactions entre les connaissances de chacun : l'apprentissage d'une
nouvelle langue se fait grâce aux compétences déjà
acquises dans une ou plusieurs autres langues...Les compétences en
langues sont donc une donnée « naturelle » : il
ne s'agit donc pas d'« être doué » pour
apprendre les langues, alors que cette fausse croyance a un rôle
dissuasif certain...