D. LE SECTEUR MARITIME ET FLUVIAL

1. Une infrastructure portuaire insuffisante

Malgré 38.000 kilomètres de façade maritime, le potentiel maritime de la Russie a été considérablement réduit lors de l'effondrement du bloc soviétique, en particulier en ce qui concerne les ports de la mer Noire et ceux de la mer Baltique qui ont, en grande partie, été récupérés par les Etats Baltes et par l'Ukraine.

Si la Russie a conservé le bassin de l'Extrême-Orient (ports de Vladivostok, Vostotchny, Nakhodka...), celui de l'Océan Arctique (Arkhangelsk, Mourmansk...) et celui de la mer Caspienne (Astrakhan...), elle n'a obtenu qu'un tiers du bassin de la mer Baltique (Saint-Pétersbourg, Vyborg et Kaliningrad) et un peu plus du quart de celui de la mer Noire (Novorossisk, premier port de la Russie), alors que ce dernier représentait, à lui seul, 40 % de la capacité portuaire de l'URSS.

En conséquence, malgré ses 44 ports maritimes , qui représentent environ un trafic de 200 millions de tonnes par an, la Russie se trouve très dépendante (à hauteur de 30 %) pour l'exportation de ses biens. L'obligation d'utiliser les ports étrangers de la Baltique et de la mer Noire lui coûte d'ailleurs très cher en devises.

C'est pourquoi le gouvernement russe met en oeuvre un programme de modernisation des ports maritimes , avec comme objectif une réduction à 10 % de la dépendance à l'égard de capacités maritimes étrangères. Outre de nombreux investissements dans les ports en activité, ce programme prévoit la construction de deux nouveaux ports sur la mer Baltique : l'un à Oust-Louga , qui traitera du bois, du charbon, de produits chimiques et de minerais en conteneurs, l'autre à Primorsk , au débouché de l'oléoduc BPS (Baltique Pipeline System) qui achemine le brut du Grand Nord.

Il convient de noter que la privatisation des ports russes progresse . La tutelle des grands ports a été attribuée en 1994 aux autorités locales, l'Etat fédéral conservant toutefois une certaine influence par l'intermédiaire d'une administration portuaire. A l'occasion de privatisations partielles, des acteurs économiques majeurs prennent des participations dans les ports intéressant leurs activités, à l'instar du pétrolier Loukoï à Mourmansk.

2. Une flotte amputée

L'éclatement du bloc soviétique s'est également traduit par l'attribution à la Russie d'une flotte maritime diminuée . En effet, la répartition de la flotte a suivi celle des ports d'attache, de sorte que la Russie n'a recueilli que 56 % des navires de commerce de l'URSS . Elle possède encore une seule des trois grandes compagnies à vocation généraliste que comptait l'URSS : la Far Eastern Shipping (FESCO), basée à Vladivostok, la deuxième ayant fait faillite et la troisième, la Black Sea Shipping (BLASCO), rattachée à Odessa, étant revenue à l'Ukraine.

Les autres compagnies maritimes russes connaissent d'importantes difficultés financières , aggravées par la crise de 1998. Il en résulte notamment une tendance des armateurs russes à recourir à des pavillons de complaisance afin d'éviter le paiement des droits d'immatriculation relativement élevés en Russie. Ainsi, la part du commerce maritime russe réalisée sous pavillon russe n'a cessé de se réduire, passant de 91 millions de tonnes en 1992 à 26 millions de tonnes en 2000.

Le gouvernement fédéral a envisagé de réagir par une loi réservant à la marine marchande russe le transport des cargaisons stratégiques et la moitié du transport des produits énergétiques.

3. Un secteur fluvial en développement

La Russie possède un réseau fluvial étendu sur près de 145.000 kilomètres (dont 125.900 kilomètres de voies d'eau naturelles et 18.700 kilomètres de canaux) et comptant 700 ouvrages hydrauliques.

Cependant, les conditions climatiques difficiles ralentissent le développement du transport fluvial. En outre, le mouvement des marchandises s'effectue essentiellement d'est en ouest alors que les fleuves navigables sont orientés selon un axe nord-sud.

Si les marchandises transportées par voie d'eau sont surtout des matières pondéreuses , le transport fluvial de produits pétroliers progresse , de même que celui du bois. Les bassins les plus dynamiques pour le trafic fluvial sont le réseau Volga-Don, la Dvina septentrionale et l'Ienisseï. Le transport fluvio-maritime se développe également, à partir de la mer Caspienne.

La Russie compte 128 ports fluviaux , les plus dynamiques étant Volgograd, Oufa, Novosibirsk, Krasnoïarsk ainsi que certains ports fluvio-maritimes comme Astrakhan et Rostov-sur-le-Don.

Les autorités russes envisagent une croissance du transport fluvial qui, selon M. Sergueï Frank, ministre des transports de la Fédération de Russie, pourrait être une alternative à la route . Mais, dans ce domaine aussi, la rénovation du réseau s'avèrera nécessaire.

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