C. UN POTENTIEL ÉCONOMIQUE CONSIDÉRABLE

1. Des ressources naturelles substantielles

La Russie offre un énorme potentiel de ressources biologiques, minérales et énergétiques.

Si la rudesse des conditions climatiques paralyse l'activité agricole pendant de longs mois, la Russie n'en possède pas moins une surface agricole utile de 220 millions d'hectares, dont 130 millions de terres arables (contre 18 millions en France). L'épaisse couverture forestière qui s'étend sur une large part du territoire est un réservoir pour l'exploitation du bois. Enfin, les nombreuses étendues d'eau comme le lac Baïkal ou le lac Lagoda, les fleuves géants tels que la Lena (4.400 kilomètres), l'Amour (4.354 kilomètres), l'Ienisseï (4.102 kilomètres) et la Volga (3.540 kilomètres) offrent des ressources pour la pêche , l' irrigation et la production d' hydroélectricité .

Mais ce sont surtout les réserves minérales de la Russie qui sont impressionnantes. Ce pays recèle un tiers des réserves gazières mondiales , 5 % des réserves de pétrole et près de 20 % des réserves mondiales de charbon. D'autres richesses sont présentes en abondance dans son sous-sol, comme le fer (gisement de Koursk), le manganèse, le cuivre, le nickel, ainsi que des métaux précieux (or de l'Oural) auxquels il convient d'ajouter les minerais utilisés pour la fabrication des engrais.

Ainsi, la Russie possède des ressources naturelles considérables qui ne sont encore aujourd'hui que partiellement exploitées . Leur mise en valeur suppose, en effet, des investissements importants ce qui, compte tenu du manque de capitaux dont souffre ce pays, rend indispensable le recours à des investissements étrangers .

2. Une opportunité réelle pour l'Union européenne et pour la France

L'Union européenne constitue un partenaire économique de première importance pour la Russie. Elle est, à la fois, son premier fournisseur (37,6 % des importations russes) et son premier client (35,5 % des exportations russes). En outre, l'Union européenne est à l'origine de 38 % des investissements directs étrangers en Russie, ce qui la place au premier rang des investisseurs de ce pays.

Les relations économiques et commerciales de la France et de la Russie connaissent une progression marquée.

Nos échanges commerciaux se caractérisent par un important déficit (moins 2,9 milliards d'euros en 2002), qui s'est accentué depuis 1990 en raison de l'appréciation du cours du brut. Les hydrocarbures et produits énergétiques constituent, en effet, l'essentiel (85,8 %) de nos importations de Russie qui s'élèvent, en 2002, à 4,5 milliards d'euros.

Nos exportations atteignent 2,5 milliards d'euros en 2002. Elles concernent des biens de consommation courante (25 %), des biens d'équipement (26 %), des biens intermédiaires (27 %), le reste étant constitué de produits agroalimentaires et de véhicules automobiles. Les produits français les plus achetés par les Russes demeurent les parfums et les cosmétiques. Si des exportations françaises ont enregistré une progression ces dernières années, l'appréciation de l'euro pourrait toutefois contribuer à freiner cette tendance.

La présence française se renforce dans le domaine des investissements. Certes, la Russie n'occupe encore que le 50 e rang des destinations dans le monde pour les investissements français et la France n'est que le 8 e investisseur direct en Russie.

Cependant, quelque 400 entreprises françaises sont aujourd'hui implantées sur le territoire russe , représentant un stock d'investissement compris entre 400 et 500 millions d'euros. Les domaines concernés sont variés, de la grande distribution (Auchan) à l'agroalimentaire (Bonduelle, Danone, Lactalis, Soufflet, Sucden...), en passant par les pneumatiques (Michelin), le verre (St-Gobain) ou encore l'automobile (Renault).

La Russie offre d'intéressantes opportunités à la France, notamment dans les domaines suivants :

- le secteur aéronautique et aérospatial

Ce domaine prioritaire pour la coopération franco-russe a déjà donné lieu à d'importantes réalisations. Airbus vend ainsi des appareils à Aeroflot , un contrat d'achat portant sur 18 appareils ayant été passé en 2000. D'autre part, Aéroports de Paris (ADP) a été chargé de la réalisation des études préalables à la construction du troisième terminal de l'aéroport Sheremetievo et pourrait remporter le marché de son exploitation. Air France compte développer son partenariat avec Aeroflot dans le cadre de l' alliance Skyteam . Enfin, une coopération se noue également entre EADS et l'agence spatiale Rosaviacosmos, alors que les lanceurs Soyouz utilisés pour la station spatiale internationale devraient être installés sur le site de Kourou en Guyane.

- le secteur énergétique

Compte tenu de la place importante qu'occupe la Russie dans notre approvisionnement en gaz (25 % de nos importations) et de pétrole (2 e fournisseur), les entreprises françaises de ce secteur sont naturellement très intéressées par le développement de liens avec la Russie. Total développe ainsi une activité d'exploitation pétrolière , alors que Gaz de France vient de renouveler auprès de Gazprom un contrat d'approvisionnement à long terme et envisage de s'impliquer dans la reconfiguration des réseaux de distribution du gaz russe en Europe, où ce dernier représente 30 % de la consommation. Dans le domaine du nucléaire, les relations pourraient être plus fortes mais se heurtent, pour l'instant, à des divergences d'appréciation en matière de sûreté nucléaire.

- le secteur agricole

La France pourrait jouer un rôle dans la reconstitution des cheptels de la Russie, notamment de son cheptel bovin , par l'exportation d'animaux et de semences. Elle pourrait également partager son expérience dans le domaine vétérinaire et celui de la santé animale. Réciproquement, une complémentarité pourrait s'instaurer entre les agricultures russe et européenne, si la Russie acceptait de remplacer une partie de ses cultures céréalières par des protéines végétales, production dans laquelle l'Union européenne souffre d'un important déficit.

- le domaine des transports

Enfin, les entreprises françaises pourraient être intéressées par l'ouverture des transports urbains russes à la gestion déléguée . Par ailleurs, un groupe de travail franco-russe a été mis en place en 2002 en vue de la création d'un système de concessions autoroutières , la Russie se montrant très intéressée par l'expérience française dans ce domaine.

Ainsi, les perspectives offertes à la France par l'économie russe sont nombreuses et variées. Certes, la pesanteur administrative, l'insécurité juridique, les manoeuvres des concurrents nationaux peuvent décourager les investisseurs potentiels. Mais pour les entrepreneurs les plus persévérants, la réussite est à portée de main. Certains des chefs d'entreprises rencontrés par la délégation lors de son déplacement parlent de « paradis fiscal » et de « retour sur investissements substantiel ».

Les liens associatifs entre la Russie et la France s'avèrent utiles pour nouer des contacts et développer des initiatives. En témoigne l'action menée par l'association France-Baïkal, devenue depuis 1998 l'association Europe-Baïkal, dont les représentants ont été auditionnés par la mission d'information. Présente depuis plus de dix ans en Russie, cette association travaille au développement de la protection de l'environnement et du tourisme, ainsi qu'à la sauvegarde du patrimoine dans la région d'Irkoutsk et du lac Baïkal.

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