C. UN IMPACT QUI NE DOIT CEPENDANT PAS ÊTRE NÉGLIGÉ

Si la hausse des prix du pétrole n'a exercé jusqu'à présent qu'un effet relativement limité sur l'activité mondiale, les zones économiques les plus pauvres sont également celles qui sont les plus touchées. En outre, compte tenu de la faible croissance économique de la zone euro, le choc pétrolier pourrait dans le futur avoir un impact plus négatif. Enfin, des incertitudes pèsent sur l'avenir de la croissance mondiale.

1. Un impact plus prononcé pour les pays en développement

La revue de l'OFCE d'octobre 2004 mettait en garde contre les effets plus marqués du troisième choc pétrolier sur les pays en développement importateurs de pétrole et leur capacité à gérer les déséquilibres induits par ce choc.

Les pays hors OCDE consomment 40% de la production mondiale de pétrole. L'intensité énergétique et pétrolière y est traditionnellement plus forte qu'ailleurs du fait d'appareils productifs moins performants. Selon l'AIE, pour produire un point de PIB, le Brésil a besoin de 42% d'énergie en plus que les membres de l'OCDE, la Chine 132%, la Thaïlande 137% et l'Inde 188%.

Comparativement aux pays développés, la facture énergétique des pays en développement importateurs de pétrole est beaucoup plus élevée et atteindrait 3,5 points de PIB selon la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), soit en moyenne deux fois la facture pétrolière des pays de l'OCDE. L'Afrique et l'Asie sont les régions les plus exposées à la hausse des prix du pétrole.

Leur plus grande fragilité vient également du fait que le risque de tensions inflationnistes, dans un contexte où la stabilisation des prix et du taux de change n'est pas achevée, est plus fort. Il nécessite un resserrement monétaire d'autant plus élevé que la crédibilité des autorités monétaires reste à construire.

Jusqu'à présent, le consommateur avait été relativement épargné par les hausses de prix grâce aux différentes subventions versées par les Etats. Ainsi, le coût total de ces subventions pour 2004 s'est élevé à 3 milliards de dollars en Inde, 6,4 milliards de dollars en Indonésie et 2 milliards de dollars en Thaïlande. Toutefois, la persistance de prix élevés associée à la forte dégradation des finances publiques liée auxdites subventions (elles ont représenté 30% des dépenses gouvernementales pour l'Indonésie cette année) a conduit certains pays à les limiter, voire à les interrompre, ce qui s'est traduit par une augmentation brutale de l'inflation. En Thaïlande, le taux d'inflation atteignait 7,2% en juillet dernier. De nombreuses banques centrales ont donc commencé à durcir leurs politiques monétaires : en Thaïlande, le taux directeur a ainsi été relevé de 50 points de base.

En outre, la dégradation de la compétitivité prix pèse sur les exportations. Dès lors, la détérioration des comptes courants s'ajoute au ralentissement intérieur. Le pays peut alors entrer dans un processus d'ajustement récessif afin de réduire ses déséquilibres externes et internes.

Au stade actuel, la situation financière des pays asiatiques émergents semble globalement très satisfaisante. En outre, la sous-évaluation de leurs devises et, dans le cas de la Chine, l'énorme réservoir de main-d'oeuvre bon marché permettent aux balances commerciales de rester excédentaires, voire de s'accroître. Pour autant, il convient d'être attentif à la diversité des situations particulières : par exemple, le continent africain pourrait être durement affecté par le choc pétrolier, en raison d'une brutale dégradation des termes de l'échange.

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