6. Audition de l'ONF

M. Pierre-Olivier Drège, directeur général de l'ONF, a tout d'abord rappelé que l'Office national des forêts, en tant que gestionnaire des forêts publiques locales et domaniales, était fortement impliquée dans le développement de nouvelles filières de valorisation de la biomasse et principalement de bois-énergie.

Il a ensuite déclaré que, contrairement aux idées reçues, le bois-énergie n'était en rien une énergie du passé, ajoutant qu'il bénéficiait de technologies thermiques de pointe pour des chaufferies automatiques à combustion régulée, permettant de valoriser au maximum le pouvoir calorifique du bois, tout en réduisant considérablement les rejets dans l'atmosphère. En fait, a-t-il fait observer, l'utilisation du bois comme source d'énergie est neutre vis-à-vis de l'effet de serre, puisque les émissions de carbone qu'elle engendre sont compensées par les absorptions réalisées en forêt. Le protocole de Kyoto reconnaît d'ailleurs cette neutralité.

M. Pierre-Olivier Drège a souligné que le bois-énergie représentait un enjeu essentiel en termes d'aménagement du territoire et de développement local : le bois a l'avantage d'être une ressource abondante et bien répartie sur l'espace national. Par ailleurs, il a rappelé que le développement du bois avait un fort « contenu emploi » : la multiplication de petites unités de chaufferies en milieu rural, avec un bassin d'approvisionnement réduit, devrait ainsi permettre de développer des emplois de proximité en milieu rural : bûcheronnage, débardage, broyage, transformation, transport, maintenance des chaufferies et des réseaux de chaleur...

Par ailleurs, il a relevé que, contrairement à certaines idées répandues, les besoins d'alimentation de la filière bois-énergie ne vont en rien déséquilibrer la bonne gestion durable des forêts. La forêt française regorge, en effet, de potentialités : plus grande forêt d'Europe avec 14 millions d'hectares, la forêt française occupe actuellement 26% du territoire. Les espaces boisés ont doublé de superficie depuis deux siècles en France et la forêt retrouve aujourd'hui la surface qui était la sienne à la fin du Moyen Age. La forêt française est même, a-t-il observé, en croissance continue : elle croît de 30000 à 82000 hectares par an selon les estimations. Entre le tiers et la moitié de l'accroissement annuel de la biomasse forestière n'est pas valorisé. En effet, la forêt française produit une biomasse de 90 millions de mètres cubes de bois par an, alors que la récolte annuelle oscille seulement entre 45 millions et 60 millions de mètres cubes.

Autrement dit, a-t-il insisté, la forêt française est loin d'être menacée à court terme par la déforestation.

Interrogé par M. Jean-Marc Juilhard, rapporteur, sur le rôle de l'ONF en matière de structuration de la filière d'approvisionnement en bois, M. Pierre-Olivier Drège a répondu que l'ONF, par la gestion de la forêt publique, avait incontestablement un rôle structurant à jouer, en liaison avec l'ensemble des acteurs de la filière bois.

Il a rappelé que venait d'être créée en avril 2006 une filiale de l'ONF, baptisée « ONF-Energie » dont l'objet est précisément de servir d'interface avec les porteurs de projets pour organiser l'aval de la filière-bois.

De même, il a souligné qu'un protocole d'accord, visant à développer la production de plaquettes forestières de qualité et à garantir leur fourniture dans la durée, venait d'être signé entre l'ONF et l'Union des coopératives forestières françaises (UCFF).

Enfin, M. Pierre-Olivier Drège a mis en exergue l'implication et le soutien de l'ONF dans le projet des communes forestières « 1000 chaufferies pour 2010 » , soutenant que ce projet constituait un parfait exemple de regroupement des initiatives locales.

En conclusion, M. Claude Belot, rapporteur , s'est réjoui de cette initiative de nature à poursuivre le Plan Bois Energie de l'ADEME, dynamiser certains territoires ruraux et offrir aux maîtres d'ouvrage la faculté de coordonner leurs actions (économie de coûts d'études et d'ingénierie, conception d'une ingénierie financière « groupée », meilleures capacités de négociation ...).

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