III. LA NÉCESSITÉ DE PROLONGER CE CONTRÔLE PAR UN EXAMEN PLUS LARGE DE L'ACTION CULTURELLE A L'ÉTRANGER

Dans le contexte de la révision générale des politiques publiques (RGPP), et donc du réexamen nécessaire de notre politique culturelle à l'étranger, la gestion raffermie de CulturesFrance, grâce à l'aiguillon de vos rapporteurs spéciaux, constitue un atout.

Pour autant, la problématique de l'action culturelle à l'étranger est plus large que celle du rôle spécifique de CulturesFrance. Dans ce domaine, on relève une pluralité d'acteurs. Cela pose la question de la lisibilité de l'action de la France, et celle de la cohérence d'initiatives multiples . Ceci suppose une clarification du rôle de chacun.

C'est dans cet esprit que vos rapporteurs spéciaux ont souhaité voir préciser tout d'abord le rôle de la Direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID), administration centrale du ministère des affaires étrangères et européennes, dont on attend essentiellement une vision stratégique et l'exercice d'une tutelle efficace sur des opérateurs nombreux. Or le niveau des effectifs de la DGCID (plus de 480) montre que cette direction a un rôle plus large de programmation culturelle, et de distribution de crédits, en plus des subventions qu'elle verse à ses opérateurs.

Vos rapporteurs spéciaux ont, dès lors, fait adopter au cours de l'examen du projet de loi de finances pour 2008 deux amendements sur les missions « Action extérieure de l'Etat » et « Aide publique au développement », visant à supprimer sur chacune de ces deux missions dix ETPT, soit vingt au total . Ces deux amendements avaient vocation à encourager et anticiper le recentrage de la DGCID sur sa vocation de stratégie, de pilotage et de coordination des nombreux opérateurs extérieurs. Ce recentrage doit bien évidemment être amplifié dans les mois à venir.

La pluralité des acteurs culturels à l'étranger

Depuis Paris

Direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID)

CulturesFrance

Fondation de l'Alliance française

Unifrance

Bureau export de la musique

A l'étranger

Conseillers de coopération et d'action artistique des ambassades (174)

Centres culturels (149)

Alliances françaises (1.062 dont 228 subventionnées)

Antennes du bureau export de la musique (8)

Bureaux d'Unifrance à l'étranger (4)

Source : commission des finances

En outre, soucieux de faire prévaloir la spécificité de chacun des acteurs culturels, votre rapporteur spécial de la mission « Action extérieure de l'Etat » s'est intéressé à l'action d'UNIFRANCE , association subventionnée par l'Etat visant à promouvoir le cinéma français à l'étranger. La force de cette association réside dans l'implication des professionnels, auxquels il est logiquement réclamé une cotisation, au demeurant modique. Constatant de très nombreux impayés, et désireux que la participation du milieu du cinéma dans la promotion des films à l'étranger s'accroisse, votre rapporteur spécial de la mission « Action extérieure de l'Etat » a adressé un « coup de semonce », à travers l'adoption d'un amendement de diminution de la subvention de 100.000 euros pour charge de service public versée par le ministère des affaires étrangère à son opérateur UNIFRANCE.

Au-delà de ces initiatives, votre rapporteur spécial de la mission « Action extérieure de l'Etat » a souhaité approfondir ses travaux en menant un travail de contrôle global sur la diffusion culturelle et linguistique à l'étranger , dont il rendra compte à votre commission des finances à la fin du premier semestre 2008. Sans anticiper sur ses conclusions, votre rapporteur spécial a lancé quelques pistes au cours du débat sur le projet de loi de finances pour 2008.

Il s'est ainsi interrogé pour savoir si la lisibilité du réseau culturel à l'étranger ne passait pas par la labellisation de l'ensemble des établissements culturels sous la dénomination « Alliance française » . Certains observateurs dénoncent fréquemment le double, voire le triple réseau culturel français à l'étranger - celui des alliances françaises, celui des centres culturels et celui des conseillers culturels. Abordée sous cet angle, dès lors que, localement, alliances françaises et centres culturels ne « doublonnent » pas, la question est en partie un « faux problème ». Elle peut se poser depuis Paris, pour qui observe le réseau de manière globale. Elle ne se pose pas, pays par pays, lorsqu'il existe un seul opérateur culturel. Reste néanmoins à examiner la répartition des rôles respectifs entre les acteurs parisiens, les conseillers culturels et les acteurs locaux : une rationalisation doit être menée.

Votre rapporteur spécial n'est pas partisan de créer un « Goethe institut » à la française qui risquerait de devenir une machine administrative lourde, coûteuse et centralisée . Il recommande de tirer parti des atouts de chacun des acteurs, tout en les mettant en cohérence. Il est aussi attaché à un modèle français, celui des alliances françaises, modèle qui a aussi inspiré dans les années 1920, la création de l'Association française d'action artistique, préfiguration de CulturesFrance.

Tirer parti des atouts de chacun des acteurs culturels à l'étranger

Acteur

Domaine d'intervention

Atouts

DGCID

Programmation culturelle, coopération linguistique et universitaire et subventions

Vision stratégique et exercice de la tutelle

Conseillers culturels

Programmation artistique, coopération linguistique et universitaire

Effet de levier de subventions, mise en cohérence de l'action politique de l'ambassadeur

CulturesFrance

Création contemporaine, arts de la scène, art contemporain etc...

Une hybridation
est-elle possible ?

Connaissance de la création contemporaine et des institutions culturelles françaises

Alliance française

Action linguistique et culturelle

Immersion dans le tissu local, maillage très dense, faibles coûts, offre culturelle très adaptée au public local

Centres culturels

Action linguistique et culturelle

Vitrine culturelle dans les grandes villes de l'OCDE

Source : commission des finances

En quoi consiste ce modèle français ?

Il réside dans une multitude d'associations locales, très immergées au sein des sociétés civiles des villes dans lesquelles elles sont implantées, au contact des notabilités locales, et donc demain potentiellement des mécènes, peu subventionnées, et ayant une obligation d'équilibre financier les conduisant à maîtriser leurs coûts salariaux .

Le travail de contrôle de votre rapporteur spécial reposera ainsi sur l'hypothèse d'un renforcement de ce modèle française original , plutôt que sur la duplication de modèles étrangers dont l'action n'est pas toujours convaincante.

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