B. UN « ÂGE D'OR » AUX LENDEMAINS INCERTAINS

1. Une augmentation forte et durable des cours du pétrole

De l'avis même des personnalités rencontrées par votre délégation, par delà les variations parfois erratiques à court terme, se pose la question du prix d'équilibre et de son « trend » à moyen-long terme. Pour d'aucuns, ce prix d'équilibre se situerait entre 40 dollars au minimum et jusqu'à 100 dollars en cas de tension géopolitique majeure.

Cet écart démontre les très fortes incertitudes qui pèsent sur le cours du pétrole, incertitudes liées autant au contexte géopolitique régional qu'aux nombreuses et vives controverses relatives à l'état des réserves. Un raisonnement similaire peut être tenu s'agissant des autres matières premières, notamment en raison de la très forte demande issue de la Chine ou de l'Inde.

2. Un contexte de tarissement annoncé des réserves

L'existence d'un pic de production, ou « pic de Hubbert 7 ( * ) » , à partir duquel la production pétrolière commencera à décliner, modifie la donne et conduit les monarchies pétrolières à adopter une gestion fine et « politique » du prix du pétrole afin de maximiser leurs ressources tout en évitant que le développement d'énergies de substitution ne s'impose comme une alternative rentable et durable.

La question de la date de ce pic fait toutefois l'objet de nombreuses controverses.

Selon l'hypothèse « pessimiste » de l'Association for the study of peak oil (ASPO), le pic de production serait très proche voire imminent, entre 2008 et 2015. De même, dans son ouvrage « Pétrole, apocalypse » 8 ( * ) , notre collègue député Yves Cochet estimait le début de la décroissance de la production mondiale de pétrole, concomitamment à l'augmentation structurelle de la demande, aux alentours de 2007 et envisageait que le baril puisse atteindre 100 dollars en 2010.

Selon l'hypothèse « optimiste », qui table sur la capacité d'innovation technologique permettant d'accéder à de nouvelles ressources pétrolières à un coût acceptable, ce pic ne se profilerait pas avant l'horizon 2040.

Un tel débat s'explique par les incertitudes sur l'augmentation de la demande pétrolière mondiale dans les 30 prochaines années et la difficulté à estimer le volume des réserves ultimes. En effet, s'agissant de ces dernières, l'incertitude résulte tout autant des difficultés techniques à mesurer cette ressource naturelle, que des réticences stratégiques des pays producteurs à dévoiler précisément les informations dont ils disposent. Ces réserves, stratégiques au sens littéral du terme, conditionnent en effet le bon fonctionnement de leur « économie de rente » et, partant, la pérennité de leur modèle de société.

L'hypothèse la plus communément admise est celle de la compagnie pétrolière Total, selon laquelle, ce pic pourrait intervenir entre 2015 et 2025.

En tout état de cause, la génération actuelle est, semble-t-il, la dernière qui pourra bénéficier d'une telle manne « de façon insouciante ». Ces pays sont ainsi confrontés à des choix majeurs en termes de développement durable, de soutenabilité du modèle retenu de croissance et de maintien tant de la cohésion nationale que du lien intergénérationnel.

* 7 Du nom du géophysicien Marion King Hubbert, qui suggéra, dans les années 1940, que la courbe de production d'une matière première non renouvelable, et en particulier du pétrole, suivait une courbe en cloche (croissance exponentielle, plafonnement et diminution).

* 8 Fayard, 2005.

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