2. Des pôles de compétitivité, « à la française » ?

Un autre axe de coopération franco-hongrois est la coopération technique et institutionnelle, qui a eu pour objet premier de privilégier la préparation de la Hongrie à l'adhésion à l'Union européenne. La France a ainsi participé à seize jumelages institutionnels PHARE en Hongrie depuis 1998, dont 11 en tant que chef de file.

Par ailleurs, entre février 2003 et janvier 2007, un assistant technique fut placé d'abord auprès du ministre des affaires européennes pour contribuer à l'élaboration du plan national de développement. Dans un deuxième temps, il a été placé auprès des organes en charge du développement régional pour travailler sur la mise en place de pôles de compétitivité en Hongrie sur le modèle français.

Lors de son entretien avec M. György Podolák, vice-président de la commission « Economie et informatique » du Parlement hongrois 20 ( * ) , la délégation a pu apprendre que la Hongrie avait d'ores et déjà identifié neuf pôles de compétitivité.

La délégation a pu se rendre à Miskolc, troisième ville de Hongrie 21 ( * ) située dans le Nord-Est du pays, qui est précisément au coeur d'un projet de « pôle de développement », projet largement nourri par la coopération 22 ( * ) étroite entre Miskolc et la ville française de Valenciennes en Lorraine, toutes deux confrontées aux problématiques de la reconversion d'anciens sites industriels .

Miskolc est une ville fière de son passé industriel et compte aujourd'hui 175.000 habitants, soit 200.000 de moins qu'à son âge d'or comme centre d'industrie lourde. Elle peine désormais à effectuer sa reconversion depuis le changement de régime. Les deux usines sidérurgiques et métallurgiques qui employaient 30.000 employés n'en comptent plus que 3.000, si bien que le taux de chômage est l'un des plus élevés du pays à Miskolc.

Le maire de la ville, M. Sandor Káli, qui a réservé le meilleur accueil à la délégation, lui a expliqué la teneur du projet de développement de la région de Miskolc : devenir un pôle touristique et culturel, notamment grâce à ses installations thermales et à l'accueil chaque printemps du Festival international d'opéra, développer le tissu urbain (construction d'un tramway inspiré de celui de Valenciennes) et mettre en place une « technologie régionale », dans divers domaines : mécatronique, science des matériaux et nanotechnologies, technologies de l'information, chimie, environnement (gestion des déchets, traitement des eaux, énergies renouvelables)... La variété de ces domaines a laissé craindre à la délégation une certaine dispersion dans l'effort de développement que manifeste la ville de Miskolc.

Lors de la réunion à la mission économique de Budapest, la délégation s'est vue confirmer que les pôles de compétitivité hongrois rencontraient plusieurs difficultés :

- d'abord, comme cela est apparu dans le cas de Miskolc, ils paraissent trop diversifiés, les maires voyant dans la largeur du champ économique couvert par le pôle un moyen d'attirer plus de fonds européens ;

- ensuite, ils semblent desservis par un défaut de gouvernance à leur tête, la dimension « recherche » du pôle de compétitivité étant privilégiée, au risque d'écarter les entreprises privées ;

- enfin, ils pâtissent d'un conflit d'administration, la responsabilité des pôles n'étant pas clairement attribuée.

* 20 La Commission de l'économie et de l'informatique se compose de sous-commissions:

- sous-commission des affaires communautaires

- sous-commission énergétique

- sous-commission de l'informatique et des télécommunications

- sous-commission des transports et du développement et des infrastructures

- sous-commission du logement et du bâtiment

- sous-commission du développement des entreprises et de la recherche.

* 21 Après Budapest et Debrecen.

* 22 Un protocole de coopération a ainsi été signé le 19 octobre 2005.

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