III. LA RUSSIE : UN PARTENAIRE INDISPENSABLE POUR L'OTAN, L'UNION EUROPÉENNE ET LA FRANCE

L'élargissement de l'Union européenne et de l'OTAN aux pays d'Europe centrale et orientale a marqué une étape historiquement importante pour la Russie puisqu'elle devenait frontalière de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique, les deux organisations incorporant non seulement d'anciens pays du bloc de l'Est, mais également trois anciennes républiques soviétiques.

Si l'élargissement de l'Union européenne semble désormais bien accepté par les autorités russes, il n'en va pas de même de celui de l'OTAN, et en particulier de la perspective d'une éventuelle adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'Alliance atlantique.

Lors de ces différents contacts, tant avec les parlementaires, à la Douma et au Conseil de la Fédération, qu'avec les représentants de l'administration présidentielle et du gouvernement russe, la délégation a pu constater l'extrême sensibilité de la question de l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie, plusieurs interlocuteurs ayant manifesté, parfois de manière très abrupte, leur réprobation à cette perspective, considérée comme une menace directe et un facteur d'isolement de la Russie, sentiment renforcé par l'annonce du déploiement d'éléments du système de défense anti-missile américain en Pologne et en République tchèque.

Il est apparu à la délégation que ces différents ne rendent que plus nécessaire l'établissement entre l'Union européenne et l'OTAN, d'une part, et la Russie, d'autre part, d'un véritable partenariat utile pour la stabilité et la prospérité du continent et que la France avait un rôle important à jouer pour favoriser ce rapprochement.

A. LA RUSSIE FACE À L'OTAN APRÈS LE SOMMET DE BUCAREST

La délégation a pu constater dans ses différents contacts une tonalité systématiquement négative des responsables russes à l'égard de l'OTAN en général, et de son élargissement en particulier .

L'OTAN demeure essentiellement perçue comme une organisation militaire associée à la guerre froide, regroupant plusieurs centaines de milliers d'hommes et un nombre considérable de matériels.

À l'heure où la Russie peine à maintenir et moderniser son appareil de défense, l'expansion de l'OTAN dans la zone de ses intérêts vitaux entretient des appréhensions, que la délégation a bien ressenties.

Cela concerne, en particulier, l'adhésion éventuelle de l'Ukraine et de la Géorgie à l'Alliance atlantique, qui suscite une ferme opposition de la Russie.

1. Les progrès de la coopération OTAN/Russie

Après l'Acte fondateur OTAN-Russie de 1997, les relations ont franchi une nouvelle étape avec la création, en mai 2002, du Conseil OTAN-Russie au sein duquel la Russie siège sur un pied d'égalité avec chacun des pays de l'Alliance, c'est-à-dire, depuis l'élargissement, dans un format à 27. Il permet de conduire un dialogue politique sur les principaux dossiers de sécurité, mais aussi d'aborder sous un angle concret les préoccupations russes.

Depuis 2002, une dizaine de groupes de travail ont été activés, les principaux thèmes de discussion étant le développement de l'interopérabilité des systèmes de défense antimissiles de théâtre, les mode de décision politique pour de futures opérations conjointes de maintien de la paix et une coopération en matière d'espace aérien, visant à sécuriser les voies aériennes transpolaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La prolifération, la menace terroriste, la coopération en matière de réformes de défense et de plans civils d'urgence figurent aussi au rang des sujets abordés.

La Russie attend de ce partenariat une assistance pour la mise en oeuvre de la réforme de son appareil de défense, mais de tels projets se heurtent aux limites financières des programmes de l'OTAN.

Dans le domaine de la gestion des crises, une coopération est engagée sur l'interopérabilité, la standardisation, la formation et des exercices communs. Un exercice de gestion civile de crise s'est déroulé en juin 2004.

La Russie participe ainsi à l'opération navale de l'OTAN en Méditerranée « Active endeavour » destinée à surveiller le trafic maritime dans le cadre de la lutte anti-terroriste.

Par ailleurs, la Russie apporte un soutien indirect à la FIAS en Afghanistan . Ainsi, la Russie a accordé aux pays membres de l'Alliance participant à l'opération en Afghanistan des facilités en matière de survol de son territoire, et, lors du Sommet de l'OTAN de Bucarest en avril dernier, des facilités pour le transit terrestre du matériel non militaire à travers son territoire.

Si la Russie comme les alliés se disent très attachés à ce partenariat, il n'en demeure pas moins que les relations entre l'OTAN et la Russie se sont fortement dégradées ces dernières années.

L'adhésion éventuelle de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN et le projet d'installation d'éléments du système américain de défense anti-missile en Pologne et en République tchèque constituent les deux principaux sujets de différends.

Lors du Sommet de l'OTAN à Bucarest, auquel avait été convié Vladimir Poutine, les pays membres de l'Alliance se sont engagés à intensifier la coopération avec la Russie, notamment en ce qui concerne la défense anti-missiles.

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