D. LES PROPOSITIONS DE LA MISSION POUR FAVORISER L'ACCÈS DES JEUNES À UN EMPLOI DURABLE

1. Pour améliorer l'organisation du SPE

? Renforcer la coordination entre l'éducation nationale et le SPE et développer le travail en réseau

Le Gouvernement a adressé, le 22 avril 2009, une instruction aux recteurs et aux préfets pour que se mette en place, d'ici la fin de l'année scolaire, une coordination systématique entre l'éducation nationale et les acteurs locaux de l'emploi et de la formation (Pôle emploi, missions locales, conseil régional...) pour accompagner les jeunes sortant du système éducatif sans qualification.

La mission soutient sans réserve cette initiative, qui doit permettre d'éviter que des jeunes en situation de « décrochage » scolaire restent trop longtemps sans solution.

De manière plus générale, il est important que les différents acteurs du SPE travaillent efficacement en réseau, afin que des synergies puissent se dégager entre leurs différentes interventions et éviter les « doublons ».

? Rapprocher le réseau des points d'information jeunesse et celui des missions locales et PAIO

On recense environ 1 600 Points d'information jeunesse sur le territoire, financés par l'État et les collectivités territoriales, et dont l'activité recouvre en partie celle des missions locales. Afin d'améliorer le fonctionnement de nos structures administratives et de les rendre plus lisible pour les jeunes, la mission propose de rapprocher ce réseau de celui des missions locales, la mission locale pouvant éventuellement assumer un rôle de chef de file qui faciliterait la coordination de leurs interventions.

? Rénover la composition du conseil d'administration des missions locales

Afin de mieux associer l'ensemble des acteurs concernés, des représentants de l'éducation nationale et des chambres de commerce et d'industrie devraient obligatoirement figurer dans le conseil d'administration des missions locales.

2. Pour améliorer l'efficacité du SPE

? Diversifier le recrutement des conseillers de Pôle emploi et des missions locales

Les candidats ayant une bonne connaissance de l'entreprise et du marché de l'emploi devraient être privilégiés (y compris des diplômés d'école de commerce, des salariés du privé employés auparavant dans un service de ressources humaines...).

? Personnaliser davantage le suivi des jeunes demandeurs d'emploi, afin de mieux valoriser leur potentiel auprès des employeurs

Le plan de cohésion sociale avait préconisé que chaque conseiller de mission locale suive 50 jeunes titulaires du Civis et, dans le cadre de la préparation de la fusion ANPE-Assedic, un objectif, à terme, de 30 demandeurs d'emploi pour un conseiller avait été envisagé.

Ces ratios ne seront pas atteints, à brève échéance, dans le contexte actuel de hausse rapide du chômage. A moyen terme , cependant, lorsque la situation économique se sera stabilisée, le SPE devrait veiller à diminuer le nombre de jeunes suivis par chaque conseiller , afin notamment de pouvoir leur offrir un suivi individualisé dès le premier mois de chômage.

? Prévoir une évaluation obligatoire des opérateurs publics et privés du SPE en examinant leur volume d'activité mais surtout leurs résultats en termes d'insertion professionnelle durable des jeunes

Votre mission propose d'augmenter les moyens alloués aux missions locales et agences locales de Pôle emploi qui obtiennent les meilleurs résultats (sortie des jeunes vers l'emploi durable, entrée en formation, création d'entreprise). Ces résultats doivent bien sûr être appréciés en tenant compte des caractéristiques socio-économiques du territoire de la mission locale.

? Poursuivre, voire amplifier après évaluation, le recours aux opérateurs privés de placement

Même si le coût de leurs prestations est initialement supérieur à celui des opérateurs publics, cet investissement peut être justifié si les résultats en termes d'insertion professionnelle sont meilleurs.

? Multiplier les rencontres directes entre les employeurs et les jeunes demandeurs d'emploi

Une délégation de votre mission d'information a visité, à la gare Saint-Lazare, le Train pour l'emploi et l'égalité des chances qui s'est arrêté dans onze villes de France. Les entreprises et administrations partenaires de l'opération ont proposé 15 000 offres d'emplois. Elles se sont engagées à mettre en oeuvre un protocole de recrutement transparent, fondé sur l'information et l'orientation, afin de lutter contre les discriminations à l'embauche.

Des émissions consacrées à la mise en relation directe d'employeurs et de jeunes demandeurs d'emploi ont également été organisées, avec succès, par des stations de radio. Des forums pour l'emploi ont aussi été créés en région par des acteurs de terrain.

Dans le même esprit, le concours « Talents des cités », auquel est associé le Sénat, met en valeur des projets de création d'entreprise lancés par des jeunes vivant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Les candidats sont conseillés par des professionnels expérimentés ou des chefs d'entreprise pour réaliser leur projet et les lauréats reçoivent une dotation.

La mission propose que ces occasions de rencontres directes entre les jeunes et les chefs d'entreprise se multiplient de façon à surmonter les préjugés et les stéréotypes qui agissent parfois comme de puissants freins à l'embauche.

? Développer les actions en faveur de la mobilité

La mission a constaté que le défaut de permis de conduire peut être , dans certains cas, un sérieux obstacle pour l'accès à l'emploi , y compris pour des jeunes qui possèdent une qualification recherchée sur le marché du travail. Elle rappelle qu'une formation gratuite au permis de conduire était autrefois délivrée à de nombreux jeunes dans le cadre du service national.

Le ministère des transports a mis en place, en 2005 , un dispositif de « permis à un euro par jour » , qui repose sur un emprunt bancaire : un établissement financier avance la somme nécessaire à l'obtention du permis, l'Etat prenant en charge les intérêts de l'emprunt, et le bénéficiaire rembourse ensuite un euro par jour pendant une trentaine de mois. Les apprentis et les titulaires du Civis reçoivent, de surcroît, une aide directe de 200 euros.

La mission souhaite aller plus loin en ce domaine :

- un mécanisme de cautionnement public pourrait être organisé, afin que les jeunes faiblement solvables puissent néanmoins emprunter ; le remboursement pourrait être subordonné à l'obtention d'un CDI ou d'un CDD d'une certaine durée ;

- une aide directe plus élevée pourrait être versée aux jeunes qui s'orientent vers un métier en tension .

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