C. QUELS SCÉNARIOS À LONG TERME ?

1. Un PIB réduit de manière probablement définitive

a) A court terme, une réduction probablement permanente du PIB potentiel

La crise actuelle n'est pas une crise conjoncturelle ordinaire, mais une crise bancaire qui, comme les autres graves crises bancaires, devrait avoir sur le PIB un impact permanent .

Habituellement, la croissance du PIB fluctue autour d'une tendance de long terme, évaluée dans le cas de la France à environ 2 %. Cette tendance est structurelle, parce qu'elle dépend de la démographie et de la croissance de la productivité du travail, qui résulte elle-même de l'investissement et de la croissance de la productivité globale des facteurs. Une croissance inférieure au potentiel une année donnée est ainsi en principe compensée par une croissance supérieure au potentiel les années suivantes.

Les graves crises bancaires ont comme caractéristique d'empêcher ce mécanisme de jouer, en créant un retard d'investissement qui n'est ensuite pas rattrapé 25 ( * ) .

Le graphique ci-après illustre ce que pourrait être ce phénomène dans le cas de la France.

La courbe inférieure représente la croissance effective du PIB, conforme aux hypothèses de votre commission des finances indiquées ci-avant jusqu'en 2012, puis marquée par une période de « rattrapage » du PIB potentiel de 2013 à 2020. Le fait que ce rattrapage ne commence qu'aussi tardivement vient du caractère probablement durable de la crise bancaire, qui empêche la croissance d'être supérieure à son potentiel, les agents ne pouvant alors dépenser davantage que ce qu'ils gagnent.

La courbe supérieure représente ce que serait le PIB potentiel en l'absence de crise économique : on suppose que l'écart de production est nul en 2002, et on applique un taux de croissance de 2 % par an jusqu'en 2014, et de 1,75 % ensuite (à cause de l'évolution démographique).

La courbe du milieu représente le PIB potentiel, tel qu'il pourrait résulter de la crise économique. Elle résulte de l'application au PIB potentiel d'un taux de croissance plus faible, fixé, de manière conventionnelle, à 0,75 % sur la période 2008-2011. Au total, le PIB potentiel s'en trouverait réduit d'environ 5 points. La croissance du PIB potentiel reprendrait ensuite au taux qui aurait été le sien sans la crise.

Bien qu'une réduction permanente du PIB potentiel de 5 points puisse sembler élevée, elle n'est pas invraisemblable. Le scénario alternatif d'un impact non permanent de la crise est en revanche dépourvu de crédibilité : l'écart de production par rapport à la courbe supérieure serait tel que pour le combler, il faudrait une croissance effective d'environ 3 % par an de 2013 à 2020, ce qui n'est pas réaliste.

* 25 Pour une présentation de la littérature économique à ce sujet, on peut se reporter au rapport de la Commission européenne sur la zone euro de juin 2009.

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