VI. LA FINLANDE, ÉLÈVE MODÈLE DES ENQUÊTES PISA PILOTÉES PAR L'OCDE : LES ENSEIGNEMENTS À TIRER DES COMPARAISONS INTERNATIONALES

A. LA PRÉSENTATION DES ENQUÊTES PISA : OBJECTIFS ET MÉTHODOLOGIE

La Finlande, comme la France, participe depuis l'année 2000 au programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) piloté par l'OCDE.

L'analyse des résultats des enquêtes PISA permet de juger essentiellement de l'efficacité du collège. Cependant, ainsi que notre collègue Jean-Claude Carle, rapporteur de votre commission pour l'enseignement scolaire, l'a relevé dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 2010 sur le budget de l'éducation, « ces tests peuvent plus largement constituer une base de travail utile pour repenser l'architecture de l'ensemble du second degré, lycée y compris ».

Au retour de Finlande de votre délégation, votre commission a souhaité auditionner M. Eric Charbonnier, analyste à la direction de l'éducation de l'OCDE. Celui-ci lui a exposé, le 13 octobre 2009, la méthodologie de l'enquête, ses résultats et les enseignements qu'il estimait pouvoir en tirer.

Cette enquête, organisée en 2000, 2003, 2006 et 2009, tend à comparer les performances des élèves de 15 ans dans le domaine de la compréhension de l'écrit, des mathématiques et des sciences. Chacun de ces sujets est évalué, l'un d'entre eux faisant cependant l'objet d'une priorité à l'occasion de chacune des enquêtes. En outre, l'avis des chefs d'établissement est sollicité et des questions plus personnelles sont posées aux élèves, ce qui permet d'appréhender aussi leur ressenti et leur niveau social.

L'étude a pour triple objectif d'évaluer la qualité des systèmes d'enseignement, notamment au travers :

- de leur performance ;

- de leur équité à l'égard des élèves quel que soit leur milieu social ;

- et de leur efficience , c'est-à-dire du rapport entre les moyens qui leur sont consacrés et leurs résultats.

Ce nouveau type de comparaisons évite le biais lié au niveau scolaire et permet d'évaluer l'acquisition des connaissances de 6 à 15 ans.

B. LES RÉSULTATS DES ENQUÊTES : LA FINLANDE, EN TÊTE DU PELOTON

Selon l'OCDE, la méthodologie, développée scientifiquement, permet d'assurer la fiabilité des résultats.

Les résultats de l'enquête 2006 ont été publiés en décembre 2007. Cette évaluation portait essentiellement sur la culture scientifique de ces élèves arrivant en fin de scolarité obligatoire et, dans une moindre mesure, sur leur culture mathématique et leur compréhension de l'écrit.

Contrairement à d'autres évaluations internationales comme TIMSS ( Trends in Mathematics and Science Study ) ou PIRLS ( Progress in International Reading Literacy Study ), qui concernent des enfants nettement plus jeunes, l'enquête PISA n'est pas directement liée aux programmes scolaires. Abstraction faite des programmes officiels, elle tend à mesurer la capacité des élèves à mobiliser et utiliser des connaissances et compétences utiles pour leur vie adulte.

Le PISA ne comportait pas que des questions scolaires, son ambition étant d'évaluer les compétences et les connaissances pouvant être utiles tout au long de la vie. Pour la France, ce programme montre de meilleurs résultats pour les questions scolaires que pour les questions ouvertes, les élèves craignant de donner de mauvaises réponses.

Le représentant de l'OCDE a indiqué que, en 2006 comme lors des enquêtes précédentes, la France se situe dans un groupe de pays gravitant autour de la moyenne des pays de l'OCDE avec des résultats proches de ceux du Royaume-Uni, de la Pologne et du Danemark. Il a estimé qu'elle aurait pu cependant s'attendre à de meilleurs résultats compte tenu du coût très élevé de son système éducatif. Se référant à la publication de l'OCDE « Regards sur l'éducation », M. Eric Charbonnier a indiqué que le niveau élevé de la dépense française d'éducation tenait notamment à l'importance du nombre des heures d'instruction et donc à celle du nombre d'enseignants : 7 500 heures de cours en France pour les élèves entre 7 ans et 15 ans, contre 5 500 heures pour les jeunes Finlandais. La France se situe dans la moyenne quant au nombre d'élèves par classe, mais la pratique du travail en petits groupes y est peu développée.

S'agissant de l'utilisation des moyens financiers consacrés par chaque pays à son système éducatif, le budget français de l'enseignement apparaît proportionnellement supérieur dans ce dernier à celui de la Finlande. Cependant, le taux d'encadrement semble supérieur, de même que la présence de médecins scolaires, conseillers d'orientation et psychologues.

M. Eric Charbonnier a aussi fait observer que l'organisation du système scolaire exerce une influence sur la performance globale des établissements d'enseignement et constitue un facteur d'explication de la réussite des systèmes éducatifs finlandais et canadiens.

En outre, l'autonomie doit s'entendre comme une plus grande responsabilité accordée aux chefs d'établissement.

Le PISA évalue aussi la proportion d'excellents élèves, qui ne s'élève qu'à 9 % en moyenne, mais à 20 % pour la Finlande, contre 8 % pour la France.

Certains pays, tels la Finlande , le Canada, l'Australie, le Japon, la Corée ou les Pays-Bas, atteignent le triple objectif de performance, d'équité et d'efficience, la Finlande présentant les meilleures performances dans tous les domaines.

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