B. UN TRAIT DE CÔTE FRAGILISÉ

Le trait de côte se définit comme la laisse des plus hautes mers astronomiques de coefficient 120 , avec des conditions météorologiques normales. Courant le long des trois façades maritimes françaises, il est estimé à 5 853 km .

Sous l'action d'éléments naturels, mais également du fait de l'action de l'homme, ce trait de côte montre une tendance flagrante au recul, qui s'accélère de façon exponentielle.

1. La mobilité du trait de côte : un phénomène naturel

Résultant de l'action combinée des vagues, du vent, des courants et de la flore, la mobilité du trait de côte est, à la base, un phénomène naturel prenant la forme d'un déplacement des dunes et estuaires.

Les tempêtes marines font ainsi régulièrement reculer le trait de côte, de 3 à 22 mètres sur 250 km de la façade atlantique selon les relevés du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pour ce qui est de la tempête Xynthia.

2. Un phénomène aggravé par les interventions humaines

Cependant, ce phénomène se trouve accentué par des actions d'origine humaine , dans un double sens.

D'un côté, le niveau de la mer , du fait du réchauffement climatique , est en légère augmentation . Ce même réchauffement aurait également une action sur les aléas climatiques marins, dont il augmenterait la récurrence et l'intensité 4 ( * ) . M. Jean-Paul Vanderlinden, professeur associé à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, expert participant au programme de recherche de l'Union européenne Theseus, a souligné que la multiplication des phénomènes de submersion résultait des changements climatiques et de la hausse du nombre de tempêtes, mais surtout de la remontée du niveau de la mer, qu'il a estimée à une trentaine de centimètres pour le littoral français au cours du XX e siècle. Il a relevé que ce facteur avait des effets négatifs de premier ordre sur la résistance de long terme des structures de protection des côtes.

De l'autre, le littoral est affecté par un recul dont les origines ne sont pas uniquement naturelles : la modification des courants côtiers résultant d'aménagements portuaires, la destruction des laisses des mers provenant du nettoyage des plages, l'érosion des falaises - ou « falaisage » - due aux pompages et drainages, le creusement de gravières sous-marines.

L'affaissement des sols est en grande partie d'origine humaine. Ainsi, au Japon , des changements topographiques ont été observés sous la pression de l'activité humaine, du fait de la concentration importante de la population le long des côtes.

La fragilisation des barrières naturelles protégeant le littoral a un lien direct avec les phénomènes de submersion marine . Celui qu'a connu La Faute-sur-Mer dans le secteur de la Belle Henriette s'explique en partie par la rupture du cordon dunaire l'abritant de l'océan atlantique. Les vagues s'étant engouffrées par la brèche ont retrouvé le cours de la rivière Le Lay, prenant en « tenaille » les maisons situées sur la langue de terre située entre l'océan et ladite rivière.

Vue des communes de L'Aiguillon-sur-Mer et La Faute-sur-Mer le 7 juillet 2010. Les zones en rouge indiquent les habitations ( Direction de la sécurité civile )

Vue des communes de L'Aiguillon-sur-Mer et La Faute-sur-Mer. Les zones en bleu ont été inondées lors de la tempête Xynthia ( Direction de la sécurité civile )

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* 4 Voir infra.

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