3. La réserve opérationnelle de la marine nationale

La réserve opérationnelle de la marine nationale soutient le personnel d'active dans ses missions de dissuasion, de prévention, de projection et de sauvegarde maritime. Ces missions visent à assurer la défense du territoire et des intérêts français en mer ou à partir de la mer.

Les réservistes opérationnels de la marine sont affectés individuellement aux forces d'active et permettent de disposer d'expertises que la marine ne détient pas en nombre suffisant, de faire face aux pics d'activité et de renforcer les effectifs déployés. Ils assurent également la présence de la marine hors de ses deux principaux lieux d'implantation, Brest et Toulon, pour sensibiliser nos compatriotes aux enjeux maritimes, et contribuer au recrutement et à son rayonnement.

En cas de crise, les opérations intérieures ou extérieures nécessitent du personnel qualifié et disponible sous bref préavis, et font donc plutôt appel, au moins initialement, à du personnel d'active. Ce personnel est généralement prélevé dans la structure organique, l'affaiblissant au moment où le taux d'activité des forces nécessite au contraire de la renforcer.

Aussi, l'emploi de la réserve est, selon l'Amiral de LASTIC, délégué aux réserves de la marine nationale, indispensable à toute opération de grande ampleur pour :

- assurer le renforcement des postures de sûreté et en particulier la protection des points sensibles et des unités ;

- assurer le renforcement de la sauvegarde maritime, incluant les actions de surveillance du littoral et le contrôle naval ;

- remplir des fonctions opérationnelles en état-major, en complément du personnel d'active ;

- renforcer durablement les soutiens spécialisés ;

- assurer la continuité du fonctionnement des structures organiques ou opérationnelles.

En revanche, la complexité des équipements embarqués impose une formation et un entraînement régulier, peu compatibles avec l'emploi des réservistes, si bien que très peu d'entre eux servent à bord de bâtiments de surface ou de sous-marins.

Hors temps de crise, la réserve opérationnelle permet :

- d'absorber les surcharges d'activité, dans tous les domaines, et permet ainsi une meilleure optimisation des forces ;

- d'apporter des compétences spécifiques ou critiques, pour des expertises dont les compétences sont peu représentées dans la marine (juristes, linguistes, spécialistes des communications ou des technologies nouvelles, etc...) ;

- d'assurer le remplacement du personnel des unités opérationnelles qui s'avérerait temporairement indisponible ;

- d'assurer le gardiennage des unités opérationnelles au port base permettant ainsi d'augmenter leur taux de disponibilité opérationnelle.

La réserve opérationnelle comprend :

- les réservistes ayant souscrit un contrat d'engagement à servir dans la réserve (ESR) (environ 6 400) ;

- les anciens militaires, soumis à l'obligation de disponibilité pendant les cinq années suivant la fin de leur lien au service, dont le rappel peut être décidé par décret en conseil des ministres (environ 14 000). Environ la moitié d'entre eux sont volontaires pour la réserve.

La Marine peut compter en outre sur un vivier d'environ 7 000 anciens réservistes, volontaires pour souscrire un ESR.

A l'horizon 2015, l'objectif est d'atteindre l'effectif de 7 500 réservistes sous ESR.

Cette montée en puissance est prévue selon le rythme suivant :

Année

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Jours d'activité

136 500

140 700

151 800

156 200

160 600

172 500

187 500

Nombre d'ESR

6 500

6 700

6 900

7 100

7 300

7 500

7 500

Moyenne (jours)

21

21

22

22

22

23

25

Source : EMA

Les travaux effectués dans le prolongement du Livre blanc sur la défense et la sécurité de 2008 se traduisent par un renforcement de la « fonction protection », ce qui suppose une augmentation sensible des recrutements de fusiliers marins de réserve.

Une des spécificités de la marine est de disposer d'environ trois volontaires pour un poste. C'est pourquoi, elle applique une politique de mobilité fonctionnelle des réservistes sur leurs emplois.

Comme l'a souligné l'Amiral de LASTIC, la Marine possède un vivier conséquent d'anciens réservistes et de candidats à la réserve. Cela permet de créer une « mobilité fonctionnelle », et d'organiser une « gestion dynamique par flux ». En effet, au bout de quelques années dans la réserve, l'individu peut être amené à suspendre ses activités de réserviste en raison de contraintes diverses (expatriations, événements familiaux, phase professionnelle exigeante...) et à les reprendre.

Cette politique permet d'offrir régulièrement des nouveaux postes aux réservistes et favorise une progression harmonieuse dans l'acquisition de responsabilités. Libérer régulièrement les postes permet en particulier aux réservistes de faire une pause dans leur cursus et de pouvoir retrouver ensuite un ESR.

La politique de mobilité a également pour objet de maintenir une juste adéquation entre le niveau des emplois et le grade des réservistes affectés. Une logique de souplesse dans l'emploi comme dans la gestion est apparue primordiale pour un bon déroulement de cette politique de mobilité.

Les priorités de gestion des réservistes visent actuellement à développer le recrutement en minimisant les coûts de fonctionnement de la réserve de la marine grâce à :

- l'emploi prioritaire des réservistes dans leur domaine de compétence afin de minimiser les coûts de formation ;

- la priorité donnée, à compétences égales, aux candidats de proximité pour minimiser les frais de déplacement.

En 2008, 56 % des volontaires ayant souscrit à l'ESR sont issus de l'active, 34 % de la société civile, et 7 % du contingent 51 ( * ) . Une des faiblesses de la réserve opérationnelle volontaire semble être ce recours trop important aux réservistes issus de l'armée d'active.

La politique de recrutement vise donc à ne plus augmenter le vivier mais à le rajeunir, et augmenter la proportion de réservistes sans passé militaire. Il s'agit de compenser le départ des réservistes issus de l'active ou du service national par des jeunes sans expérience militaire préalable. Le recrutement dans la réserve se fait ainsi prioritairement par la voie des préparations militaires (élémentaire et supérieure).

Les Préparations Militaires Marines (PMM) ont une mission de formation mais aussi de recrutement. Chaque année, 2 000 jeunes gens suivent cette formation et les deux tiers s'engagent dans l'active ou dans la réserve.

Une autre singularité de la réserve de la Marine est l'existence d'un fichier unique permettant d'identifier les volontaires de la réserve opérationnelle, les disponibles, et leur expérience militaire. Il est ainsi possible de rapidement identifier les réservistes correspondant aux besoins de la situation.


* 51 Rapport d'évaluation de l'état de la réserve militaire en 2008, pages 4-31-32

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