c) Ramener rapidement le déficit sous le seuil de 3 points de PIB pour éviter de perdre la confiance des marchés

L'exemple des Etats « périphériques » de la zone euro montre que les conditions de financement d'un Etat qui perd la confiance des marchés peuvent rapidement devenir insoutenables.

Si elle se finançait sur les marchés, la Grèce, dont la dette publique représente de l'ordre de 150 points de PIB, emprunterait à long terme à environ 12 %, ce qui pour stabiliser sa dette impliquerait, en supposant une croissance de 4 % par an en valeur, de dégager un excédent primaire de 12 points de PIB, ce qui est manifestement impossible. La Grèce est, de toute évidence, en situation de défaut virtuel.

Le Portugal et l'Irlande sont dans une situation moins grave, puisque selon la même hypothèse de croissance, compte tenu du niveau actuel de leurs taux d'intérêt ils devraient dégager un excédent primaire de « seulement » 3,6 et 6 points de PIB. Il s'agit bien entendu d'une situation intenable.

L'Espagne, avec une dette publique de seulement 70 points de PIB en 2011, et qui emprunte à moins de 6 %, n'a en revanche a priori pas besoin de recourir au fonds européen de stabilité financière (FESF). Pour qu'elle se trouve dans la même situation que le Portugal actuellement, il faudrait que ses taux d'intérêt atteignent 10 %, soit le même taux que l'Irlande.

Les écarts de taux d'intérêt par rapport à la moyenne de la zone euro
(dette publique sur le marché secondaire)

(en points de base)

Source : agence France Trésor

Si la France conservait durablement un déficit public de 6 points de PIB, elle risquerait de faire défaut. En effet, un tel déficit stabiliserait sa dette à 150 points de PIB au bout de quelques décennies, ce qui, si le taux d'intérêt de sa dette était de seulement 6 %, impliquerait un excédent primaire de 3 points de PIB - considéré dans le tableau ci-avant comme le seuil du risque de défaut. La dette atteindrait 110 points de PIB au bout de dix ans et 125 points de PIB au bout de vingt ans.

Si les marchés avaient l'impression que la France suivait une telle trajectoire, elle serait rapidement sanctionnée. Tel est d'autant plus le cas que l'existence de l'euro suscite, au sein de la zone, une « fuite vers la qualité » qui implique qu'un Etat doit absolument évité d'être classé parmi les « mauvais élèves ». S'agissant de la France, dont la cotation triple A est la condition même de crédibilité du futur mécanisme européen de stabilité, une telle hypothèse serait d'une extrême gravité pour la pérennité même de la zone euro.

Comme le montre le tableau ci-après, un Etat connaissant une croissance annuelle du PIB de 4 % en valeur et ayant une dette de 90 points de PIB - ce qui correspond à la situation de la France - a besoin de maintenir son déficit à un niveau maximal de 3,6 points de PIB pour que sa dette, exprimée en points de PIB, cesse d'augmenter. Il importe donc de ramener rapidement le déficit public sous le seuil de 3 points de PIB.

Le solde stabilisant correspondant à différents niveaux d'endettement
et de croissance du PIB

(en points de PIB)

Croissance du
PIB en valeur

2 %

3 %

4 %

5 %

6 %

7 %

Dette

60

-1,2

-1,8

-2,4

-3,0

-3,6

-4,2

65

-1,3

-2,0

-2,6

-3,3

-3,9

-4,6

70

-1,4

-2,1

-2,8

-3,5

-4,2

-4,9

75

-1,5

-2,3

-3,0

-3,8

-4,5

-5,3

80

-1,6

-2,4

-3,2

-4,0

-4,8

-5,6

85

-1,7

-2,6

-3,4

-4,3

-5,1

-6,0

90

-1,8

-2,7

-3,6

-4,5

-5,4

-6,3

95

-1,9

-2,9

-3,8

-4,8

-5,7

-6,7

100

-2,0

-3,0

-4,0

-5,0

-6,0

-7,0

105

-2,1

-3,2

-4,2

-5,3

-6,3

-7,4

110

-2,2

-3,3

-4,4

-5,5

-6,6

-7,7

115

-2,3

-3,5

-4,6

-5,8

-6,9

-8,1

120

-2,4

-3,6

-4,8

-6,0

-7,2

-8,4

125

-2,5

-3,8

-5,0

-6,3

-7,5

-8,8

130

-2,6

-3,9

-5,2

-6,5

-7,8

-9,1

135

-2,7

-4,1

-5,4

-6,8

-8,1

-9,5

140

-2,8

-4,2

-5,6

-7,0

-8,4

-9,8

145

-2,9

-4,4

-5,8

-7,3

-8,7

-10,2

150

-3,0

-4,5

-6,0

-7,5

-9,0

-10,5

155

-3,1

-4,7

-6,2

-7,8

-9,3

-10,9

160

-3,2

-4,8

-6,4

-8,0

-9,6

-11,2

165

-3,3

-5,0

-6,6

-8,3

-9,9

-11,6

170

-3,4

-5,1

-6,8

-8,5

-10,2

-11,9

175

-3,5

-5,3

-7,0

-8,8

-10,5

-12,3

180

-3,6

-5,4

-7,2

-9,0

-10,8

-12,6

185

-3,7

-5,6

-7,4

-9,3

-11,1

-13,0

190

-3,8

-5,7

-7,6

-9,5

-11,4

-13,3

195

-3,9

-5,9

-7,8

-9,8

-11,7

-13,7

200

-4,0

-6,0

-8,0

-10,0

-12,0

-14,0

205

-4,1

-6,2

-8,2

-10,3

-12,3

-14,4

210

-4,2

-6,3

-8,4

-10,5

-12,6

-14,7

Source : calculs de la commission des finances

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