3. Le centre pénitentiaire du Port : vers une restructuration ?
a) Un établissement ouvert en 1974, puis étendu en 1989

Le centre pénitentiaire du Port était, jusqu'à l'entrée en service du centre pénitentiaire de Saint-Denis, le principal établissement pénitentiaire de La Réunion.

Ouvert en 1974 , il a par la suite était étendu et rénové en 1989. Implanté sur la commune du Port (au nord de l'île), il est aussi appelé centre de détention de la Plaine des Galets en référence à son implantation proche de la rivière des Galets.

Sur un domaine de 35 hectares, le centre comprend deux quartiers distincts :

- le centre de détention ;

- le secteur « maison d'arrêt / maison centrale / quartier mineurs », en fonctionnement depuis 1989.

Le centre du Port est le siège de l' unité opérationnelle (UO) de La Réunion et assure la gestion administrative et financière des établissements pénitentiaires de Saint-Denis et de Saint-Pierre ainsi que du SPIP.

Depuis l'origine, cet établissement a une vocation agricole : des détenus assurent la culture et la récolte de fruits et légumes (y compris bio), essentiellement utilisés par la cuisine de l'établissement.

b) Les effectifs répondent aux besoins

Le centre pénitentiaire du Port « tourne » avec 226 personnels se ventilant comme suit : un directeur des services pénitentiaires (hors classe), deux directeurs des services pénitentiaires, un attaché d'administration et d'intendance, sept secrétaires administratifs, seize adjoints administratifs, un directeur technique, un technicien, quatre adjoints techniques, cinq capitaines pénitentiaires, un lieutenant pénitentiaire, cinq majors pénitentiaires « hommes », dix-sept premiers surveillants, une première surveillante, cent cinquante-deux surveillants pénitentiaires ou brigadiers, douze surveillantes pénitentiaires ou brigadiers « femmes ».

Il s'appuie par ailleurs sur une antenne locale d'insertion et de probation composée de 11 personnes : un directeur d'insertion et de probation, cinq conseillers pénitentiaire d'insertion et de probation (1 ère classe), deux conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation (2 ème classe) et trois assistants de service social.

Parmi les initiatives prises par l'équipe du SPIP du Port, il en est une particulièrement originale méritant d'être soulignée. Il s'agit d'un projet de réinsertion structuré autour d'un objectif de développement durable .

Le projet « Bardzour » (aube naissante)

ou comment concilier réinsertion et développement durable

Centré autour d'un objectif de développement durable, le projet de réinsertion intitulé « Bardzour » (aube naissante) vise à développer l'autonomie énergétique de l'île . Cette action originale et pédagogique s'inscrit dans le cadre du Grenelle de l'Environnement. Elle vise à l'installation d'une « ferme solaire » d'ici la fin de l'année 2011.

Le projet prévoit la mise en place de panneaux photovoltaïques , d'une puissance de 10 mégawatts (MW), au coeur du centre pénitentiaire.

Le pari est ambitieux : alimenter à terme le tiers de la population de la commune du Port en énergie propre, soit l'équivalent de 4 000 foyers.

Une dizaine de détenus sont sélectionnés pour mettre en place cette installation solaire avec, en toile de fond, la réinsertion des détenus via des formations aux métiers « verts ».

Parallèlement, des formations diplômantes aux métiers « durables » sont proposées au sein du centre pénitentiaire. Elles concernent les métiers du photovoltaïque, du solaire thermique, de l'agriculture biologique et de l'électricité du bâtiment.

Singulière en France, l'initiative du centre suit pourtant un chemin déjà tracé chez certains de nos voisins européens. Ainsi, en Norvège, les établissements de Bastoey et Halden travaillent eux aussi dans le sens de l'aménagement en énergie renouvelable des lieux carcéraux.

c) Un taux d'occupation correct qui n'empêche pourtant pas des évolutions à venir

Le centre pénitentiaire du Port comptait, au 10 mars 2011, 507 personnes écrouées et hébergées .

Ses capacités théorique et opérationnelle étant fixées à 560 places , son taux d'occupation ressort ainsi à 90,5 % .

Le graphique ci-après présente l'évolution de ce taux d'occupation depuis quatre ans.

L'évolution du taux d'occupation carcérale au Port

Source : DAP

Alors que cet établissement souffrait d'un taux de sur-occupation pouvant atteindre 115 %, la contrainte s'est desserrée à partir de la fin de l'année 2008 . En effet, l'ouverture du nouveau centre pénitentiaire à Saint-Denis a représenté un « ballon d'oxygène » immédiatement mis à profit par l'administration pénitentiaire pour mieux « lisser » les effectifs de détenus entre les deux prisons du nord de l'île.

Depuis le second semestre de l'année 2009, le taux d'occupation de l'établissement se situe à un niveau correct, dans une fourchette de 90 % à 95 % . Sans être excessif, ce niveau permet une gestion rationnelle des effectifs écroués et dans des conditions de détention acceptables.

Pour autant, l'administration pénitentiaire envisage de faire évoluer encore le centre du Port . Ainsi que l'a indiqué Jean-Amédée Lathoud, directeur de l'administration pénitentiaire, lors de son audition par votre rapporteur spécial 32 ( * ) , la DAP travaille actuellement sur une modernisation et une restructuration du centre qui pourrait se traduire par la suppression de 30 à 40 places, en fonction des besoins estimés.

Votre rapporteur spécial considère que cet objectif de modernisation s'inscrit bien dans la politique immobilière menée à La Réunion depuis plusieurs années. Il rappelle cependant que cette modernisation devra être menée avec le souci de préserver une capacité d'accueil suffisante dans les établissements pénitentiaires de l'île .


* 32 Audition du 9 mai 2011.

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