B. LES ATOUTS DE LA FRANCE

1. La génétique et la recherche

Le travail de sélection des races pures a permis l'évolution du cheptel français. La génétique française est réputée et performante et repose largement sur France Génétique Élevage (FGE), interprofession de la sélection génétique, qui fonde son savoir-faire sur une base de sélection très large, impliquant un très grand nombre d'éleveurs.

Lors de l'audition des représentants de FGE, ceux-ci ont assuré que le dispositif génétique français était à la disposition de la filière pour accompagner les changements d'orientation, par exemple la recherche de bêtes moins lourdes et engraissées plus rapidement, et que la sélection pouvait être mise à disposition d'objectifs économiques.

Outre la génétique, la recherche en matière d'élevage est essentielle à la performance économique du cheptel. La recherche intègre désormais également des objectifs environnementaux.

L'INRA a ainsi indiqué à votre rapporteur, lors de la visite du site de Theix, près de Clermont-Ferrand, que ses chercheurs suivaient de nombreuses pistes de recherche, notamment :

- la recherche de vêlages précoces pour les reproductrices (à 24 mois plutôt que 32 mois), mais le vêlage précoce est un système tendu dépendant de l'alimentation fournie ;

- l'adaptation de la vache aux variations qualitatives ou quantitatives des rations d'herbe.

2. La traçabilité et la sécurité sanitaires

La production de viande bovine française s'effectue dans le cadre d'exigences sanitaires élevées . Les contrôles vétérinaires dans les élevages puis au stade de la production de viande dans les abattoirs et établissements industriels apportent des garanties fortes au consommateur .

La traçabilité de l'animal jusqu'à l'assiette permet de prendre des mesures de précaution rapides, comme le retrait en juin 2011 de lots incriminés dans l'infection de plusieurs consommateurs par la bactérie Escherichia coli présente dans des steaks hachés.

La maîtrise de ces risques de contamination justifie d'ailleurs l'élévation du niveau des normes auxquelles les abattoirs doivent répondre pour disposer d'un agrément.

Ce haut niveau de sécurité sanitaire est essentiel à la confiance du consommateur et à la prévention de crises de confiance qui ont des effets massifs sur le marché. Les dispositifs qui y concourent, comme la déclaration obligatoire de certaines maladies par les éleveurs, sont anciens.

Pour autant, les investissements de sécurité sanitaire effectués à chacun des stades de la filière, production, transformation ou distribution, n'entraînent pas une survalorisation de la production nationale, dont les prix de vente doivent rester proches des cours mondiaux de viande bovine, ce qui est regrettable.

Le consommateur exige la sécurité mais reste attaché, semble-t-il, à un accès à la consommation de viande bovine à un coût raisonnable , d'autant que les prix des autres catégories de viande, porcine ou de volaille, sont plus bas.

C'est pourquoi le coût de la sécurité sanitaire doit être maîtrisé. Dans cette optique, les états généraux du sanitaire (EGS) qui se sont tenus au printemps 2010, ont permis d'optimiser la plateforme d'épidémiosurveillance des risques sanitaires en élevage, mais aussi la reconnaissance des compétences des éleveurs dans les soins courants apportés à leurs animaux, afin de leur permettre d'effectuer des gestes simples comme la vaccination du cheptel.

Enfin, la réussite de la filière en matière de sécurité sanitaire dépend de l'ensemble de ses maillons : une rupture de la chaîne du froid dans la distribution est susceptible d'ébranler la confiance du consommateur de la même manière que l'apparition d'une nouvelle maladie dans les élevages.

L'existence d'incidents sanitaires affecte également les échanges internationaux. De ce point de vue, la France est aussi dépendante d'autres événements affectant l'Union européenne, les pays-tiers appliquant souvent des embargos sanitaires à l'ensemble de l'Union.

Malgré son coût, le haut niveau de sécurité sanitaire reste néanmoins un atout pour l'élevage français.

3. Le potentiel herbager français et la défense du modèle français de l'élevage extensif

Présent dans les régions intermédiaires et les zones de montagne, l'élevage bovin s'appuie sur la disponibilité de vastes espaces bénéficiant d'une pluviométrie généreuse .

La France est l'un des rares pays européens avec l'Irlande à disposer de tels atouts pour développer l'élevage extensif.

La mise à l'herbe constitue une source peu chère d'alimentation du bétail, qui correspond de plus aux attentes du consommateur.

Le potentiel herbager français est une source de compétitivité et de bénéfices environnementaux et en termes d'aménagement du territoire, qui justifient l'apport d'une aide publique tant de la PAC que de l'État, pour rémunérer les bénéfices environnementaux et territoriaux de l'élevage à l'herbe.

Le modèle des « feed lots » vient concurrencer celui de l'alimentation animale dans les prairies mais ses performances économiques sont aujourd'hui obérées par un coût élevé de l'alimentation animale.

Cette situation explique en partie la régression de l'activité d'engraissement en Italie. Mais elle n'est peut-être pas définitive.

Il importe donc de rester vigilant dans la défense du modèle français de l'élevage principalement à l'herbe, qui contribue au soutien à l'élevage de l'opinion publique.

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