VI. LE TOURISME, MODE PRIVILÉGIÉ DE MISE EN VALEUR DE L'ENVIRONNEMENT MONTAGNARD

A. UNE ACTIVITÉ FONDAMENTALE POUR LES ZONES DE MONTAGNE

1. Une offre touristique scindée en deux saisons
a) Une saison d'hiver assez longue mais très concentrée géographiquement

En montagne, la saison d'hiver est la plus longue. Dépendante de la présence de la neige, elle peut débuter dès le mois de novembre pour durer jusqu'au mois de mai. Mais en pratique, la fréquentation est la plus forte en « haute saison » correspondant aux trois mois de l'hiver et du début du printemps.

Les stations de sport d'hiver française, dont l'offre est essentiellement fondée sur le produit « ski alpin », se trouvent aujourd'hui à la première place mondiale par l'étendue et l'équipement de leurs domaines skiables : elles représentent 18 % du parc mondial de remontées mécaniques, sur un domaine d'une surface de 118 000 hectares.

Toutefois, aussi étendu soit-il, ce domaine ne représente que 1 % du territoire montagnard français. Aussi, alors que 6 319 communes sont classées en zone montagne, seules 311 d'entre elles sont supports de stations, soit une proportion d'un peu moins de 5 %.

Il existe trois grands types de stations de ski, auxquelles correspondent différents types de clientèles :

- les grandes stations d'altitude, concentrées dans les Alpes, qui regroupent les plus grands domaines skiables du monde et ont un enneigement garanti et de qualité. À elles seules, elles sont de véritables marques commerciales et font office de locomotives économiques pour les territoires où elles sont implantées ;

- les stations petites et moyennes, dont les atouts résident dans la qualité du paysage naturel et urbanistique, ainsi que dans la convivialité qui les animent, plus sensibles aux aléas climatiques qui peuvent réduire l'enneigement. Elles ont un rôle déterminant, en maintenant des activités dans des espaces souvent dépourvus d'autres ressources que le tourisme, et en constituant une offre alternative pour les touristes qui ne peuvent ou ne veulent pas accéder aux grandes stations ;

- les stations de proximité, destinées à une clientèle régionale et situées le plus souvent en périphérie de zones urbaines, qui sont particulièrement vulnérables aux aléas climatiques parce que situées à des altitudes moyennes.

b) Une saison d'été plus diffuse géographiquement mais plus courte

La fréquentation touristique de la montagne est mieux répartie géographiquement durant la saison d'été. En effet, les activités de loisirs durant la « belle saison » ne dépendent pas de la neige, ni d'un équipement lourd en remontées mécaniques. Mais cette saison d'été est plus courte que celle d'hiver, puisque concentrée sur les deux mois de juillet et août.

c) Une source d'emplois importante

Avec près de 124 000 emplois salariés liés au tourisme, la montagne représente 12 % de l'activité touristique métropolitaine. Le chiffre d'affaires des stations de ski françaises s'élève lui à 7 milliards d'euros. L'hôtellerie concentre un quart des emplois touristiques, avec une répartition géographique prédominante dans le massif des Alpes. La plupart des entreprises touristiques du secteur de la montagne sont des très petites entreprises.

Le tourisme en zone de montagne repose largement sur le recours à des travailleurs saisonniers, qui permettent de répondre aux besoins accrus durant les mois de forte affluence. Dans les stations, 80 % des emplois sont ainsi occupés par des saisonniers, qui viennent en priorité renforcer les effectifs dans le secteur de l'hôtellerie et la restauration. Si ce public constitue un élément essentiel dans l'organisation touristique de la montagne, ces emplois apparaissent cependant comme précaires, avec une couverture sociale parfois insuffisante et des conditions de travail contraignantes. Améliorer la situation contractuelle des saisonniers permettrait de fidéliser ces travailleurs sur les territoires.

d) Une contribution essentielle à l'économie locale

L'activité touristique est un vecteur de retombées économiques significatives pour les régions de montagne. Les économies locales bénéficient directement des dépenses touristiques, dont la structuration ne varie pas entre la période hivernale et estivale. Chaque touriste dépense en moyenne et par jour 117 euros, avec toutefois de grandes disparités selon les profils.

Dans une commune support de station de sport d'hiver, l'investissement par habitant permanent consenti est trois fois plus important que dans l'ensemble des communes françaises. Ce chiffre traduit une activité immobilière soutenue, les investissements servant à financer des structures d'hébergement (hôtels, villages de vacances et gîtes), ainsi que des équipements (domaines skiables, parcs de loisirs et casinos).

e) Des investissements intensifs pour le ski

Avec 3 800 installations, la France dispose du parc de remontées mécaniques le plus important devant l'Autriche, les États-Unis et le Japon. Depuis le début des années 90, l'investissement sur les domaines skiables a connu une croissance soutenue et presque continue, malgré un léger fléchissement ces dernières années. Pour l'ensemble des départements liés à la montagne, l'investissement touristique se monte à 4,7 milliards d'euros en moyenne annuelle.

Le parc de remontées représente ainsi pour l'année 2011 un investissement à hauteur de 173 millions d'euros. La neige de culture, le damage et les travaux de piste forment les principaux autres postes de dépenses d'investissement.

2. Une fréquentation qui fléchit
a) Des chiffres de fréquentation en baisse

La montagne est la cinquième destination touristique en termes de fréquentation : quatre Français sur dix déclarent s'y rendre, mais seuls un sur dix de manière régulière. Cette statistique contraste avec l'attirance pour la montagne, qui concerne deux-tiers des Français, saisons hivernales et estivales confondues. La destination montagne semble donc souffrir d'une difficulté à transformer son attractivité théorique en séjours effectifs. En été, les séjours sont en règle générale plus longs par rapport à l'hiver, même si la tendance générale est à la diminution du nombre de nuitées depuis une dizaine d'années.

Durant la saison 2010-2011, 3,6 millions de personnes âgées de 15 ans et plus se sont absentées pour aller en voyage personnel dans une station de ski, ce qui représente un taux de départ d'environ 7 % pour la population concernée. Les cadres et les professions libérales ainsi que les personnes issues de l'agglomération parisienne enregistrent un taux de départ plus élevé que la moyenne.

La tendance générale, que ce soit pour l'hiver ou l'été, est à un recul de la fréquentation. L'attirance vis-à-vis de la montagne connaît une baisse légère pour la saison hivernale, mais une érosion plus notable en été : sur une période de quatre ans, les stations ont enregistré 6 millions de nuitées de moins, soit une perte nette de 5 % en termes de fréquentation estivale. Ce mouvement s'inscrit dans un contexte de concurrence de plus en plus marquée avec d'autres destinations de montagne, européennes ou internationales.

b) Les raisons de cette relative désaffection

L'aléa météorologique d'abord a un impact direct sur la fréquentation des stations durant la période hivernale. D'une saison sur l'autre, le contexte d'enneigement peut être très variable, influant sur les performances des skieurs. L'incertitude climatique, se traduisant par un manque de neige, entraîne des conséquences critiques pour les acteurs économiques locaux, surtout en cas de répétition de cette situation plusieurs hivers d'affilée.

Par ailleurs, par rapport aux destinations concurrentes comme la Suisse ou l'Autriche, les stations intégrées françaises issues du plan neige proposent une offre jugée parfois trop standard, qui ne donne pas au consommateur la possibilité d'élargir son champ d'activités et de découvrir de nouveaux loisirs.

Ensuite, durant la saison hivernale, les nouvelles « destinations soleil » lointaines font concurrence à la montagne, tandis qu'en été, la montée en puissance des destinations urbaines a relégué la montagne à la quatrième place, derrière la mer et la campagne.

Enfin, l'image de la montagne reste encore souvent associée à un certain élitisme : les stations de skis seraient l'apanage d'une classe sociale favorisée, du fait de difficultés d'accessibilité financière. Une autre barrière à l'entrée provient de la perception du milieu montagnard, parfois considéré comme hostile et dangereux, entraînant un risque potentiel d'accident.

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