II. L'AVENIR DU MUSÉE NATIONAL DU SPORT : UN VIRAGE DÉCISIF À NE PAS RATER

Au-delà de l'aspect financier, le déménagement du MNS à Nice lui offre une nouvelle chance de réussite, dans des locaux a priori bien mieux adaptés à son activité. Toutes les interrogations ne sont néanmoins pas encore levées.

A. UN OUTIL PLUS ADAPTÉ À LA RÉUSSITE DU MUSÉE

1. Un espace d'exposition plus vaste

Comme l'indique la convention d'avril 2013, le MNS disposera de 2 977 m 2 d'espace utile, dont environ 2 000 m 2 dédiés aux espaces d'exposition stricto sensu (parmi lesquels un espace sera spécifiquement dédié aux opérations temporaires).

Cet espace devrait permettre au musée de montrer au public une partie bien plus significative de ses collections que dans son ancienne « vitrine » parisienne.

Il devrait également permettre l'accueil du public dans de bonnes conditions de confort ; au-delà du simple espace disponible, il faut relever que les locaux sont neufs et modernes - situés dans un stade lui-même inauguré en 2013.

De même, les espaces en sous-sol permettent la conservation des objets dans de très bonnes conditions, à la fois en termes de température et d'hygrométrie.

2. Une unité de lieu bienvenue

L'espace total dédié au MNS dans l'Allianz Riviera, soit 5 860 m 2 , permet de recréer une « unité de lieu », en localisant au même endroit les espaces d'exposition, les locaux administratifs de l'ensemble du personnel (dans les étages supérieurs) et les réserves (au sous-sol).

Comme l'ont souligné les représentants de la direction et du personnel, il s'agit d'une réelle amélioration par rapport à la situation passée. Les relations internes en seront facilitées, tout comme les opérations sur les collections.

D'ailleurs, lors de son déplacement à Nice, dix jours avant l'ouverture du musée au public, votre rapporteur spécial a pu constater la grande motivation et l'implication de l'ensemble du personnel. Il s'agit là d'un indéniable facteur de réussite.

B. DES INTERROGATIONS QUI SUBSISTENT

Le musée national du sport dispose donc à présent d'un outil qui devrait enfin lui permettre d'accomplir au mieux ses différentes missions. Néanmoins, comme à l'occasion de tout nouveau départ, plusieurs interrogations, qui conditionnent le succès du musée, subsistent.

1. L'intégration du musée dans la ville

Tout d'abord, l'arrivée d'un tel établissement dans une nouvelle localité pose, presque par définition, la question de l'accueil du nouveau venu par la population.

Le musée va-t-il bien s'intégrer dans son environnement ? Comment sera-t-il perçu par les différents milieux - politique, culturel, sportif, populaire, etc. ? En un mot, la greffe va-t-elle prendre ?

A ce stade, la question reste évidemment posée. Cependant, les premiers signes sont encourageants. D'une part, la municipalité a été très active pour accueillir cet équipement sur son sol et a consenti un fort soutien, y compris financier, à l'installation du MNS. D'autre part, le premier week-end d'ouverture (du 27 au 29 juin 2014), certes atypique (notamment parce que l'accès était gratuit), a vu le musée accueillir quelque 3 000 visiteurs, ce qui montre au minimum un effet de curiosité à l'égard de l'établissement. Toutefois, en temps ordinaire, le musée sera payant (5 euros par exposition, permanente ou temporaire, et 7 euros pour deux expositions à tarif plein). Or les musées publics niçois sont traditionnellement gratuits, ce qui a pu créer des habitudes sur place.

2. L'accessibilité du musée

La question de l'intégration du musée dans son environnement pourrait néanmoins se poser de manière d'autant plus aiguë au vu de la localisation du MNS dans la ville de Nice .

Bien sûr, le fait de s'installer dans le nouveau grand stade présente d'indéniables avantages. L'équipement est neuf, en bon état, et bénéficie d'une forte notoriété auprès des Niçois et au-delà. De plus, lier l'image du musée à celle d'une grande infrastructure sportive est cohérent. Le musée n'apparaît pas comme artificiellement inséré dans un univers qui n'était pas prêt à l'accueillir.

En revanche, le quartier de l'Allianz Riviera se situe dans une zone périphérique de la commune . Les futurs visiteurs devront donc sans doute se rendre spécifiquement au MNS, dans le cadre d'un déplacement organisé. Il n'y aura sans doute que de très rares personnes qui entreront spontanément.

Ce problème est d'autant plus réel que, pour l'heure, la zone autour du stade reste peu développée et, surtout, peu accessible en transports en commun - mais proche d'une sortie d'autoroute. Seuls quelques autobus et le train touristique des Pignes desservent cet équipement.

3. La multiplicité des acteurs résultant de l'exploitation de l'Allianz Riviera en partenariat public-privé

Enfin, même s'il a pour l'instant reçu un bon accueil, le musée va se trouver dans un écrin géré de façon relativement complexe, au milieu de parties prenantes assez nombreuses et aux intérêts pas nécessairement convergents.

L'Allianz Riviera a, en effet, été construit dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP). Le présent rapport d'information n'est pas le cadre pour évoquer les mérites et les défauts d'un tel schéma juridique 8 ( * ) . Il s'agit ici simplement d'observer qu'un PPP fait coexister la collectivité propriétaire, le gestionnaire privé de l'infrastructure, le club de football résident et les autres parties prenantes - dont le musée national du sport.

Il n'est forcément aisé d'assurer de manière constante le dialogue entre toutes ces parties et de créer une convergence d'intérêts, voire un dynamisme profitable à tous. En particulier, le MNS ne pourra pas vraiment s'appuyer sur les flux de visiteurs que draineront les matchs de l'OGC Nice puisqu'il devra fermer deux heures avant le coup d'envoi des rencontres.


* 8 Voir à cet égard le rapport que votre rapporteur spécial et notre collègue Dominique Bailly ont rédigé l'année dernière sur le financement public des grands équipements sportifs - rapport d'information n° 86 (2013-2014).

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