V. LA VILLE DE PARIS : UN PROGRAMME DE VÉGÉTALISATION

La ville de Paris s'est engagée depuis le début des années 2000 dans un ambitieux programme de végétalisation, dont le premier Plan climat énergie, adopté en 2007, et le Plan de biodiversité, voté en 2011, ont constitué des étapes importantes. Ce programme a été prolongé et renforcé, avec de nouveaux engagements couvrant la période 2014-2020.

Avec l'exemple de la ville de Paris, votre rapporteur a entendu valoriser les initiatives entreprises en faveur de la végétalisation des villes. Ces actions simples favorisent la biodiversité en milieu urbain et participent d'une stratégie d'adaptation au changement climatique.

A. LES OBJECTIFS

Les finalités du programme de végétalisation de la ville de Paris sont multiples.

La végétalisation est l'une des actions entreprises par la ville dans sa stratégie d'adaptation au changement climatique, dans la mesure où elle permet de lutter contre les effets des évènements climatiques extrêmes, telles les canicules ou les intempéries.

La ville de Paris mobilise ainsi la végétalisation pour prévenir la formation d'îlots de chaleur, c'est-à-dire la forte hausse de la température observée en milieu urbain par rapport aux zones rurales ou péri-urbaines. À titre d'illustration, ce différentiel, imputable à la densité du bâti et à l'imperméabilité des sols, avait atteint 8°C entre Paris et le reste de la région Ile-de-France durant la canicule de 2003 51 ( * ) .

Utile contre les épisodes de canicule, la végétalisation présente également un intérêt face aux intempéries. Les toitures végétalisées et les espaces verts contribuent en effet à une meilleure gestion des eaux pluviales, en évitant notamment le risque de saturation du système d'évacuation des eaux.

Si la végétalisation est une voie d'adaptation aux effets du changement climatique, elle apparaît également intéressante au regard de ses bénéfices pour la biodiversité. En encourageant la végétalisation, il s'agit en effet de renforcer les continuités écologiques et de favoriser la proximité des citadins avec la nature.

C'est donc un double objectif d'adaptation aux effets du changement climatique et de promotion de la biodiversité urbaine, qui a conduit la ville de Paris à lancer un programme de végétalisation.

B. LES ACTIONS

1. Les premières actions engagées avant 2014

C'est au début des années 2000 que la ville de Paris a entrepris de végétaliser massivement son territoire.

En 2005, la ville a engagé la création de toitures terrasses sur les bâtiments communaux nouvellement construits ou faisant l'objet de certains travaux de rénovation.

Dans le cadre de son premier Plan climat énergie, adopté en 2007, elle a explicitement identifié la végétalisation comme un outil d'adaptation au changement climatique, en précisant que « le végétal a une vraie place dans le processus de lutte contre le dérèglement climatique tant préventivement que pour l'adaptation aux aléas météorologiques » 52 ( * ) .

La végétalisation a par ailleurs été encouragée dans le cadre du Plan de biodiversité voté en 2011. Ce plan, qui regroupe 3 axes et 30 actions, a permis de formaliser un certain nombre d'engagements lisibles et cohérents, destinés à renforcer la place de la nature en ville.

Le plan a ainsi pour finalité :

- de favoriser les continuités écologiques à l'échelle de la ville et de la région, dans le cadre de la mise en oeuvre de la trame verte et bleue (axe 1, visant à « renforcer les continuités écologiques » ) ;

- de faire de la biodiversité un objectif transverse, guidant l'exercice de chacune des compétences de la ville, notamment dans le domaine de l'urbanisme (axe 2, tendant à « intégrer la biodiversité dans le développement durable de Paris » ) ;

- enfin de produire et diffuser des connaissances relatives à la biodiversité urbaine, avec la création d'un Observatoire parisien de la biodiversité (axe 3, destiné à « développer et fédérer la connaissance, porter des messages » ).

De manière plus concrète, la ville de Paris a programmé, avec ce plan, la création avant 2020 de 7 hectares de toitures végétalisées, dont 15 jardins en terrasse.

2. Les nouvelles actions conduites depuis 2014

Si le programme de végétalisation de la ville de Paris est ancien, il a été complété par de nouveaux engagements pour la période 2014-2020.

Seront ainsi créés d'ici 2020, 100 hectares de toitures et de façades végétalisés, dont un tiers dédié à l'agriculture urbaine. En outre, la ville de Paris a prévu d'ouvrir au public 30 hectares d'espaces verts, de planter 20 000 arbres, et d'accompagner 200 points végétalisés de proximité.

Pour atteindre l'objectif de végétalisation de 100 hectares, la ville a mobilisé deux leviers d'action : d'une part, elle a souhaité végétaliser les bâtiments municipaux ; d'autre part, elle a entendu inciter les acteurs publics et privés à agir dans cette même direction.

La ville de Paris a ainsi entrepris la création de 20 hectares de toitures et de façades végétalisées sur son domaine communal. Ces projets seront implantés sur 300 équipements communaux, ainsi que sur des murs situés sur l'espace public. En outre, la ville s'est engagée à ce que tout nouveau bâtiment municipal comprenne une façade ou une toiture végétalisée.

Afin de donner un aboutissement concret à ses engagements, la ville de Paris a récemment conduit trois initiatives :

- en juillet 2014, un appel à projets, intitulé « Du vert près de chez moi », a été lancé afin de permettre à la population de proposer des lieux susceptibles d'être végétalisés. Quelque 1 500 contributions ont été reçues, et 209 projets ont été retenus. L'esprit de cette initiative était d'améliorer le cadre de vie et de favoriser le lien social autour de points de verdure situés à proximité directe des lieux d'habitation ;

- à l'occasion de l'adoption du budget participatif de la ville, en septembre 2014, deux projets de végétalisation - « Des jardins sur les murs » et « Cultiver dans les écoles » - ont été adoptés. Le premier, d'un coût de 2 millions d'euros, prévoit la création de 41 murs végétalisés, dont les deux tiers sur le domaine communal. Le second, qui mobilise 1 million d'euros, vise à permettre à chaque établissement scolaire de disposer d'un jardin pédagogique ;

- en juin dernier, une dernière initiative a été dévoilée en faveur de la végétalisation. Un « permis de végétaliser » a ainsi été mis en place : il offre la possibilité aux personnes désireuses d'implanter un projet de végétalisation sur l'espace public de solliciter l'autorisation de la ville de Paris.

Un formulaire de demande électronique a été conçu à cet effet. L'autorisation, délivrée dans un délai d'un mois, est valable pour une durée de trois ans et est renouvelable par reconduction tacite. Une « charte de végétalisation de l'espace public parisien » précise les engagements du porteur de projet, parmi lesquels l'entretien du dispositif de végétalisation, le non-recours à des produits phytosanitaires ou à des engrais minéraux, et le choix d'essences locales et mellifères.

L'enjeu, pour la ville de Paris, est de favoriser l'émergence de projets dans les interstices de la ville, en encourageant notamment la végétalisation des murs, des clôtures, des trottoirs, des potelets ou des pieds d'arbres.

Votre rapporteur salue cet outil innovant, d'un coût modique sinon nul pour la collectivité, qui permet à tout un chacun de végétaliser l'espace public, sur le modèle de ce qui est pratiqué depuis longue date en Allemagne et dans les pays scandinaves.

3. Une forme originale de végétalisation : les jardins partagés

En 2003, la ville de Paris a été l'une des premières collectivités à encourager le développement de jardins partagés, en mettant son domaine public à la disposition d'associations de quartier afin qu'elles y développent des projets d'agriculture urbaine.

Pour ce faire, la ville a développé deux outils : d'une part, une « convention cadre d'occupation et d'usage pour la gestion d'un jardin collectif » fixe un cadre contractuel entre la ville de Paris et l'association porteuse du projet ; d'autre part, une « charte main verte » précise les bons usages devant être respectés sur les jardins partagés, dont l'ouverture au public et l'entretien selon des méthodes favorables à la biodiversité.

Votre rapporteur se félicite du renouveau des jardins partagés observé depuis le début des années 2000, qui concourent à renforcer le lien social autour de projets associatifs, à valoriser des zones urbaines qui avaient pu être délaissées, et à rapprocher les citadins du monde agricole et plus généralement de la nature.


* 51 Mairie de Paris, « Le programme de végétalisation de Paris », 2014, page 1.

* 52 Mairie de Paris, « Plan climat de Paris », 2007, page 62.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page