B. UNE PART TOUJOURS PRÉDOMINANTE DE DEMANDEURS D'ASILE

Au cours des derniers mois, la part des migrants se réclamant de pays dont les ressortissants ont peu de chance d'obtenir une protection internationale en raison de leur nationalité a augmenté. Cela concerne principalement les ressortissants du Pakistan, qui constituent la quatrième nationalité la plus représentée en 2015 en Grèce pour un taux de protection moyen dans l'Union européenne de 25 % 5 ( * ) . De même, les Marocains, dont le nombre a crû à partir du mois d'octobre, ont été 5 010 à débarquer à Lesbos en 2015, représentant la sixième nationalité sur l'île, alors même que le taux de protection dans l'Union européenne est de moins de 13 %.

Cependant, la grande majorité des migrants demeurent des demandeurs d'asile susceptibles de recevoir une protection internationale . L'UNHCR met ainsi en avant le chiffre de 91 % des arrivées en Grèce en 2015 provenant des dix premiers pays d'origine des réfugiés au monde.

À titre d'illustration, selon les garde-côtes de Lesbos, en 2015, les Syriens représentaient 48,1 % des arrivants devant les Afghans (33,3 %) et les Irakiens (10,3 %), ces trois nationalités comptant pour près de 95 % des migrants débarqués sur l'île. Les taux de reconnaissance moyens de l'asile au sein de l'Union européenne sont respectivement de près de 98 %, 70 % et 88 % pour ces nationalités.

Source : commission des lois du Sénat à partir des données fournies par les garde-côtes de Lesbos

C. LA GRÈCE, PAYS DE TRANSIT

Demandeurs d'asile ou migrants économiques, la quasi-totalité des personnes entrées en Grèce cherchent à poursuivre leur route vers d'autres pays de l'Union européenne . En dépit du Règlement « Dublin » qui fait obligation aux demandeurs d'asile entrés dans l'Union européenne par la Grèce d'y déposer leur demande d'asile ( cf. infra ), seules 13 197 demandes d'asile y ont été enregistrées en 2015 pour un taux d'accord pourtant de 47,4 %.

Cette situation s'explique principalement par la crise économique que traverse la Grèce depuis plusieurs années maintenant, entraînant un taux de chômage autour de 25 %, voire 50 % chez les jeunes. La difficulté pour un réfugié à y trouver un emploi décourage donc même ceux qui pourraient prétendre légalement à un emploi.

Ce mouvement de transit est facilité depuis la réouverture en avril 2015 de la frontière avec l'Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) par le gouvernement de M. Alexis Tsipras. En 2014, la difficulté à sortir de Grèce avait en effet abouti à ce qu'environ un million d'immigrés reste bloqué sur le territoire grec, représentant environ 10 % de la population grecque.

Le chemin vers la « route des Balkans »

Source : UNHCR

Pour éviter tout phénomène d'engorgement sur son territoire, le gouvernement grec a organisé, à compter de la fin de l'été 2015, des rotations en ferries entre les îles, submergées - les neuf îles 6 ( * ) constituant la préfecture de l'Egée du Nord comptent 220 000 habitants pour environ 780 000 migrants accueillis en un an -, et Athènes ou Kavala, sur le continent. De là, les migrants peuvent rejoindre le nord du pays via Idomeni et emprunter la « route des Balkans » vers l'Allemagne et la Suède principalement.


* 5 Les taux de protection ici cités sont issus du relevé du troisième trimestre 2015 publié par Eurostat.

* 6 Il s'agit de Lesbos, Limnos, Agios Efstratios, Chios, Oinousses, Pasara, Samos, Ikaria et Fournoi.

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