Première séquence - Privilégier la solidarité pour un développement économique équilibré, interne comme externe

Ben Amar ZEGHADI, Directeur de la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire de Mayotte

Je félicite La Réunion pour sa capacité à porter son économie, ses enjeux et ses problématiques, à capter et mobiliser les fonds européens pour leur développement. Mayotte n'y parvient pas aussi bien. Toutefois, la réalité réunionnaise ne doit pas servir d'étalon pour l'ensemble des territoires. Ainsi que le mentionnait la sénatrice Odette Herviaux, La Réunion accueille 24 000 emplois et 2 000 établissements de l'économie sociale et solidaire. À Mayotte, nous ne comptons qu'un millier d'emplois pour 348 entreprises 10 ( * ) .

La Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire (Cress) a vu le jour récemment, le 26 juin 2014, à l'initiative du sénateur Thani Mohamed Soilihi. Il présidait alors l'association mahoraise de lutte contre toutes les formes d'exclusion (Tama). Une telle chambre est l'écho de son territoire. Elle réunit aujourd'hui 509 emplois et ses membres disposent de 20 millions d'euros de budget. Leurs actions touchent 14 % de la population mahoraise, notamment par l'intermédiaire de mutuelles et d'associations. Nous espérons bientôt agir auprès d'entreprises plus classiques dans leurs formes, lorsque nous auront la possibilité d'instruire l'agrément « Entreprise solidaire d'utilité sociale » (Esus) qui n'est toujours pas applicable à Mayotte.

La Cress n'a pu se déployer qu'à partir de l'ordonnance du 7 avril 2016. Notre développement s'est ensuite accéléré. Je me rappelle madame la ministre des outre-mer arrivant à Mayotte, le 29 septembre, pour inaugurer la Cress. Dès le 13 décembre, elle était agréée d'utilité publique, grâce à une convention tripartite. À ce titre, je salue l'engagement du Conseil départemental et de l'État à nos côtés. Comme l'indiquait le sénateur Mohamed Soilihi, l'économie sociale et solidaire constitue l'ADN de notre île et l'identité de sa zone.

Nous allons nous trouver confrontés à des difficultés, en raison notamment de la configuration de l'économie à Mayotte. Une économie articulée autour d'un secteur formalisable et d'un autre qui ne le sera pas en l'état. Nous pouvons bien sûr aider les acteurs locaux mahorais à se structurer. Toutefois, la pression démographique est telle qu'une entreprise sur deux n'est pas dans la légalité. Comment devons-nous procéder face à cette économie informelle qui a un effet de dumping sur l'existant ? Elle pourrait trouver une solution dans le cadre d'une coopération régionale inédite à condition de tenir compte de la géopolitique locale.

Traditionnellement, les échanges financiers sont structurés en chicoa , un modèle de financement à forte utilité sociale qui ressemble beaucoup au mode de financement collaboratif. Nous avons l'obligation d'être innovants en répondant au besoin de transposer ce modèle dans son format pour qu'il finance l'activité économique de proximité.

Il convient de ne pas réduire l'économie sociale et solidaire à des associations s'occupant de personnes handicapées grâce à des contrats aidés. 85 % des banques françaises relèvent de l'économie sociale et solidaire. J'entendais Maître L'Homme se réjouir de la fin du monopole des banques françaises. Elles ont pourtant accompagné jusqu'à présent le développement économique de notre nation. L'économie sociale et solidaire représente 10 % de l'emploi français et 13 % de l'emploi privé.

Le potentiel de développement de l'ESS sur Mayotte est exponentiel. Pourquoi dispose-t-elle de ces atouts ? Parce que l'économie y est basée sur deux leviers : la consommation finale et la commande publique. Ce second aspect recouvre la construction de routes, de foyers pour l'enfance, d'écoles, d'instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP), etc. Dans les prochaines années, à court terme, on estime à 500 le nombre d'emplois résultant des différents appels à projets portés par exemple par l'Agence régionale de santé (ARS) ou par la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS).

Mayotte dispose de ressources considérables pour l'économie sociale et solidaire, parce que, outre la structuration de son économie, sa population aborde la réalité de façon pragmatique. Par exemple, la Cress, au-delà de ses missions régaliennes définies par l'article 6 de la loi du 31 juillet 2014, a créé un dispositif d'achat socialement responsable. Il permet l'inclusion des clauses sociales et environnementales dans les marchés publics. L'objectif étant ici de permettre à tous, notamment aux structures d'insertion par l'activité économique (SIAE), de bénéficier pour leurs publics des effets d'une commande publique.

Depuis le 30 septembre, la Cress est membre du Conseil national des chambres régionales de l'économie sociale (CNCRES). Nous créerons prochainement une caravane de l'économie sociale et solidaire. Nous nourrissons beaucoup d'espoir et d'optimisme. Nous devons simplement être attentifs à l'équilibre régional, à notre capacité à déployer l'économie sociale et solidaire, à partir de Mayotte vers l'ensemble du canal du Mozambique. C'est pourquoi à la fois les politiques publiques et des moyens idoines doivent être revus (contrat de plan État-région (CPER), fonds européens,...) pour permettre un développement économique équilibré dans la zone. Nous y veillerons dans le cadre de la prochaine conférence régionale.

Gérard RANGAMA, Président-directeur général de Soleil Réunion

Issu d'une famille monoparentale, mon expérience dans l'économie sociale et solidaire s'est dessinée au moment où j'ai intégré le régiment du service militaire adapté de La Réunion, il y a quelques années. J'ai dû m'efforcer pendant ces quelques mois de respecter à la lettre la discipline militaire, l'apprentissage des prérequis professionnels qui représentent pour moi le socle de mon évolution future.

À la suite de ce parcours, je me suis investi avec les jeunes de mon quartier, au Chaudron, en créant plusieurs associations pour l'insertion des jeunes en difficulté, dispositif qui m'a permis d'apprendre les bases de la création d'entreprise avec la collaboration de divers partenaires, dont les services de l'État, les chambres consulaires, etc.

Après les événements de 1991 à La Réunion, j'ai décidé de poursuivre mon initiative en créant une passerelle économique entre les petits producteurs de fruits et légumes des Hauts de La Réunion et les jeunes de ma cité, mettant à leur disposition des formations composées de techniques de vente des produits du terroir. Mon objectif était de former une synergie afin de créer une structure d'expérimentation économique où des jeunes en difficulté seraient formés sur un parcours d'insertion pour valoriser les produits du terroir de La Réunion, en partenariat avec les petits agriculteurs.

En 2008, Soleil Réunion est agréée entreprise d'insertion, elle est spécialisée dans la transformation et la commercialisation de produits du terroir innovants tels que condiments, confitures pays, épices, plats cuisinés et lentilles de Cilaos en conserve, une gamme de plus de 150 références.

Depuis le début de cette belle initiative, ce sont plus de 500 jeunes qui ont pu bénéficier de notre solidarité grâce à un volet social innovant, avec la création d'un parcours d'insertion composé d'un accompagnement professionnel incluant un service d'écoute, d'accueil, une période d'immersion dans l'activité de production, la réalisation d'une évaluation axée sur le savoir-faire et savoir-être et surtout l'application au quotidien d'une rigueur militaire. À la suite de cela, les jeunes bénéficient de débouchés professionnels solides à La Réunion et en métropole.

La mobilité est également une composante essentielle de notre objectif : nous exportons nos produits à Maurice. Les produits Soleil Réunion sont vendus dans 170 points de vente en métropole et nous participons également au Salon de l'agriculture depuis plusieurs années.

J'ai su relever le défi et démontrer qu'à travers une expérimentation d'économie sociale et solidaire et grâce à plusieurs années de formations intenses, j'ai pu créer mon emploi tout en étant solidaire avec mes compatriotes. Ma passion pour l'insertion des jeunes, l'innovation, le tourisme, l'export et surtout mon engagement pour le développement de mon île, m'a permis d'être élu entrepreneur de l'année de La Réunion en 2013 Tecoma Award . Grâce à mon sérieux et ma très grande rigueur, j'ai pu convaincre l'ensemble de mes partenaires de cofinancer un investissement de 2 millions d'euros pour la construction d'une usine agroalimentaire. Mon objectif est de transformer et d'exporter à moyen terme plus de 250 tonnes de fruits et légumes transformés. Nous sommes actuellement 20 salariés encadrants et nous souhaitons accompagner chaque année à travers notre concept un maximum de jeunes en situation de difficulté sociale, SDF, etc.

Au travers de cette belle expérience, je peux vous dire en toute objectivité que l'île de La Réunion est bien un territoire d'expérimentation pour l'économie sociale et solidaire, avec comme socle essentiel des porteurs de projets investis par l'envie, l'engagement, la passion, portant des valeurs de solidarité et de travail, cruciales pour réussir ce beau challenge. Nous transmettons au quotidien de l'énergie, du temps, de l'attention, afin de créer chez nos jeunes de la confiance, du stimulus, qui sont les leviers et moteurs importants de la réussite de soi.

Nous voyons également que, pour gagner le combat sur l'exclusion et l'indifférence, il est important de miser sur nos atouts composés de notre jeunesse, des agriculteurs, des centres de formation, du régiment du service militaire adapté. Les services de l'État doivent accompagner avec une démarche pédagogique, et non une démarche répressive, et surtout éviter le principe de précaution exagérée.

En conclusion, je dirai que nous sommes tous dans une démarche de recherche de solutions et surtout de vérité. Avec du recul et par rapport à mon expérience, je peux affirmer ici que la vérité est un miroir brisé. L'île de La Réunion est une communauté de destin, une terre d'innovations où chacun de nous détient une partie de cette vérité.

Soifaoui LOUTFI, Président de l'association iD En Or

Diffusion d'une vidéo sur l'association iD EN OR.

À Mayotte, l'économie sociale et solidaire est très importante et constitue une nouveauté. Comme le disait Ben Amar Zeghadi, elle fait partie de notre identité. Pourquoi en sommes-nous aux balbutiements de cette activité ? Parce que l'économie sociale et solidaire souffre d'un défaut de promotion. Lorsque nous avons créé l'association iD EN OR, elle s'appelait d'abord association pour la promotion de l'économie sociale et solidaire à Mayotte.

Nous nous définissons comme une fabrique à idées. Notre équipe compte trois personnes. Nous sommes de jeunes mahorais ayant quitté l'île et y étant revenus. Nous n'avons pas besoin d'être nombreux, mais d'être structurés pour porter des projets. Nous essayons d'identifier les manques du territoire. Ensuite, nous rédigeons, portons des projets et nous efforçons de trouver des acteurs sur le territoire.

Ce matin, j'entendais certains souligner l'absence de projets à Mayotte. Certes, beaucoup de foyers n'ont pas accès à l'eau, sauf dans la capitale. Certes, le Nord souffre de problèmes d'insécurité, mais ce sentiment est renforcé par les réseaux sociaux. Toutefois, ne nous satisfaisons pas de cette représentation négative. Il existe de nombreuses initiatives positives, de jeunes créateurs d'entreprises.

Dans la vidéo que j'ai diffusée, beaucoup de Mahorais semblaient ne pas connaître l'économie sociale et solidaire. Pourtant, nombre d'entre eux la pratiquent au quotidien. Nous devons donc procéder à un travail de vulgarisation. Les Mahorais ont coutume de dire qu'ils ne croient que ce qu'ils voient. Grâce à une aide de la Direction des affaires culturelles de la préfecture de Mayotte, nous avons réalisé des vidéos et un site Internet pour promouvoir les activités existant déjà.

Dans un second temps, nous avons veillé à identifier des projets sortant de l'ordinaire. Les Mahorais ne manquent pas d'idées, mais ils rencontrent des difficultés pour leur donner un contenu opérationnel. Par exemple, nous travaillons actuellement sur les mamas shingos ou le sel de Bandrélé, qui aurait des vertus médicinales. Les touristes viennent visiter l'écomusée du sel, mais cette activité n'est pas encore porteuse d'emplois. Nous allons développer le marketing du produit pour le rendre vendable et exportable.

Nous agissons aussi pour le maintien de la guitare mahoraise, pour la création d'une auto-école solidaire destinée à favoriser l'employabilité des habitants, notamment des personnes à mobilité réduite, pour la création d'une marque de vêtements solidaire pour les enfants. Nous ne souhaitons pas simplement développer l'activité, mais réussir à former la population. Nous agissons ainsi pour gagner en crédibilité et porter l'avenir de Mayotte.

Éric JEUFFRAULT, Directeur régional Réunion-Mayotte-océan Indien du Cirad

Au coeur de l'océan Indien, le Cirad participe aux réflexions de la recherche internationale sur la sécurité alimentaire, le développement durable et l'adaptation de l'agriculture au changement climatique. À La Réunion, les travaux sont menés dans le cadre d'un accord-cadre signé avec l'État, le conseil régional et le conseil départemental de La Réunion pour la période 2015-2020 et bénéficient à ce titre des fonds européens du FEDER et du FEADER. À Mayotte, les projets sont conduits dans le cadre d'une convention avec l'État. L'ensemble des recherches rayonne dans la zone océan Indien à travers des projets de coopération régionale, coordonnés au sein d'une plateforme régionale de recherche en agronomie pour le développement (PRERAD) sous l'égide de la Commission de l'océan Indien.

Les objectifs de l'intervention du Cirad à La Réunion sont en phase avec la stratégie bioéconomique de l'UE, adoptée le 13 février 2012, et la Stratégie de spécialisation intelligente (S3) Réunion sur « La Réunion productrice de solutions en bio-économie tropicale au service de l'économie du vivant ». Ils prennent en compte, par ailleurs, les grandes orientations stratégiques de soutien au développement de l'agriculture et des filières portées par le Programme réunionnais de l'agriculture et de l'agroalimentaire durables (ou PRAAD) 2014-2020, qui a été adopté le 25 juin 2014. Cette nouvelle structuration des programmes de recherche et d'expérimentation permet au Cirad d'intervenir au niveau local en réponse aux priorités du territoire, mais aussi au niveau régional dans le cadre de la Commission de l'océan Indien, et contribue plus largement au rayonnement international de son activité et de celle de La Réunion. À Mayotte, les projets du Cirad sont en phase avec les priorités locales portées par le réseau d'innovation et de transfert agricole (Rita).

À La Réunion, les recherches sont menées au sein de quatre grands dispositifs thématiques :

- biodiversité et santé végétale ;

- réseau de santé animale et humaine, notamment à travers le concept One Health ;

- co-construction de systèmes agroalimentaires de qualité ;

- services et impacts des activités agricoles en milieu tropical.

À Mayotte, les actions sont portées au travers de trois grands projets sur l'amélioration des filières végétales et animales, l'exploitation meilleure des biomasses issues de l'agriculture ; en réponse à un appel à projets porté par les fonds européens du FEADER et avec le soutien du conseil départemental de Mayotte et de l'État (DAAF).

Les résultats des recherches sont diffusés aux professionnels de l'agriculture à travers les réseaux Rita. L'objectif est de renforcer l'articulation entre sciences et pratiques au service du développement de la production agricole et agroalimentaire. Ce renforcement est permis par le développement du transfert de connaissances, de pratiques et de technologies, le renforcement du lien entre centres de recherche, enseignement supérieur et entreprises.

Dans l'océan Indien, les projets de coopération sont coordonnés au sein de la plateforme régionale de recherche en agronomie pour le développement (PRERAD).

À La Réunion, cela concerne 170 agents permanents (70 chercheurs, 100 techniciens), plus de 20 doctorants et près de 100 stagiaires par an ; 14 000 m² de laboratoires, serres, bureaux sur deux sites principaux à Saint-Denis et Saint-Pierre (pôle de protection des plantes) ; 35 hectares de terrain d'expérimentation sur quatre stations (Bassin Plat, La Mare, Ligne-Paradis, Colimaçons).

À Mayotte, cela concerne 5 agents, dont 3 permanents et 3 stagiaires en moyenne par an.

À l'horizon 2050, l'augmentation prévisible de la population, les nouveaux échanges en matière économique, mais aussi le changement climatique et son impact sur les sociétés, les territoires et leurs ressources nous obligent à anticiper pour relever les défis alimentaires et environnementaux sans précédent. Pour les pays membres de la Commission de l'océan Indien (COI), Il s'agit ainsi de parvenir à :

- assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations ;

- adapter l'agriculture aux changements globaux, dont le changement climatique ;

- préserver l'environnement et la biodiversité ;

- protéger la santé humaine, animale et végétale et prévenir les risques pour mieux les anticiper ;

- maintenir indirectement l'emploi agricole et consolider les revenus, pour un développement économique durable.

Pour relever ces défis communs, les pays de la Commission de l'océan Indien misent sur la recherche, l'innovation, le développement, la formation et le travail en réseau public-privé pour mieux coordonner leurs actions.

Aussi, une PRERAD a été mise en place pour fédérer les compétences du grand océan Indien afin de relever les défis d'un développement agricole durable. Cette plateforme regroupe les forces de recherche des pays membres de la COI, à savoir les Comores, Maurice, Madagascar, les Seychelles et la France, notamment celles basées à La Réunion (celles du Cirad mais aussi toutes les autres concernées dans les domaines de l'expérimentation, de la formation et du développement agricole).

Ainsi, PRERAD mobilise actuellement 150 institutions de recherche, d'enseignement supérieur, de formation et de transfert des pays de la Commission de l'océan Indien.

La PRERAD constitue un atout et un pari unique pour répondre plus efficacement et dans des délais restreints aux défis posés, notamment en cas de crise. C'est sous la houlette du Cirad, de la Commission de l'océan Indien et soutenu par la région Réunion, l'État français (Préfecture de La Réunion) et l'Europe à travers les fonds du FEDER Intereg V, qu'a été signé en juin 2014 un accord instituant les modalités de création de la plateforme PRERAD.

La plateforme constitue plus globalement un réseau de compétences immédiatement fonctionnelles, d'acteurs (déjà reconnus), qui se connaissent et travaillent depuis de longues années au service de projets communs. Elle représente aussi un catalyseur pour accélérer la concrétisation des résultats de la recherche, voire pour faire émerger de nouveaux projets et d'autres réseaux.

PRERAD s'est dotée d'une gouvernance à haut niveau au travers d'un comité de pilotage (Copil) de rang ministériel, et d'un comité régional d'orientation scientifique et technique (Crost), organe opérationnel de programmation et de mise en oeuvre. À ce stade, deux Crost, en juin 2015 et en octobre 2016, ont permis de jeter plus concrètement les bases de la plateforme. Les résultats des travaux du Crost ont été traduits dans une première feuille de route validée par le premier Copil fondateur, en septembre 2015 à Ebène (Maurice), siège de la COI. Ce Copil a pu réunir à cette occasion l'ensemble des ministres de l'agriculture des pays concernés (Comores, Maurice, Madagascar, Seychelles et des représentants du préfet de La Réunion et du président de la région Réunion pour la France), en présence du secrétaire général de la COI. L'animation de la gouvernance a été confiée au Cirad dans le cadre d'un accord de financement porté par le FEDER Intereg V et la région Réunion.

Les objectifs poursuivis par la plateforme sont les suivants :

- favoriser l'excellence en recherche-innovation-formation ;

- faciliter la mise en réseau des acteurs locaux, régionaux et internationaux face aux grands défis alimentaires et environnementaux ;

- encourager le partenariat public-privé pour le développement de la zone océan Indien ;

- partager l'innovation scientifique, technique et sociale au profit des agricultures d'aujourd'hui et de demain ;

- mobiliser les expertises pour la gestion de crises (alimentaire, sanitaire et environnementale) ;

- favoriser l'émergence d'une stratégie régionale de recherche agronomique et environnementale.

La PRERAD a convenu des principes d'action suivants :

- accueils et échanges de scientifiques, de techniciens et plus globalement des acteurs des agro-sciences ;

- montage de projets régionaux et d'actions conjointes en coopération ;

- développement de partenariats régionaux et internationaux ;

- apprentissage mutuel, formation et enseignement supérieur en privilégiant l'accès à tous ( e-learning - à cet effet un projet est en cours de définition avec l'appui d'Agreenium France) ;

- mise à disposition, facilitation et mutualisation de moyens (infrastructures, expertise, etc.) ;

- renforcement des infrastructures de recherche et des capacités ;

- transfert d'innovations et des savoir-faire, mise en commun des expériences et des résultats.

PRERAD soutient déjà cinq grands réseaux d'expérience implantés dans des domaines clés des agricultures actuelles et de demain :

- l'élevage et l'adaptation au changement climatique (réseau Arche_net) ;

- la santé animale, la veille et la gestion des crises (réseau One Health ) ;

- la santé végétale et la biodiversité (réseau PRPV) ;

- les ressources génétiques (réseau Germination) ;

- la qualité des aliments (réseau Qualireg).

Ces réseaux fonctionnent pour la plupart depuis plus de 5 ans.

Sur la base des thématiques des réseaux existants dans l'océan Indien et de leurs résultats, cinq grands projets structurants ont été identifiés et validés lors du premier comité de pilotage de PRERAD, en septembre 2015 à l'île Maurice. Il s'agit des projets Eclipse, Epibio, Germination, Qual'innov et Troi. Ces projets s'appuient sur les cinq grands réseaux existants.

Les cinq projets répondent à des besoins forts exprimés par les acteurs des filières agricoles et des acteurs de l'environnement dans l'océan Indien. Ils sont soutenus financièrement, notamment par le programme Interreg V de l'Union européenne géré par la région Réunion, mais aussi pour partie par le Fonds de coopération régionale de l'État français. Le Cirad apporte aussi sa contribution financière, en plus du rôle d'animation qui lui a été délégué.

Le réseau Arche Net est un réseau pour l'adaptation des systèmes de ruminants aux changements globaux. Depuis 2012, il développe et partage des outils pour caractériser et valoriser les ressources (sol, biomasse, animaux), évalue et met en oeuvre des stratégies d'adaptation aux changements des systèmes d'élevage de ruminants. Les professionnels de l'élevage sont en effet confrontés à la nécessité d'adapter leurs systèmes de production aux contraintes et aux changements environnementaux et socio-économiques (aléas climatiques, volatilité du prix des intrants, couverture d'une demande alimentaire croissante...).

En s'appuyant sur le réseau Arche Net, le projet Eclipse porte l'accent sur l'accroissement des échanges agriculture-élevage et le transfert des résultats aux professionnels de l'élevage à La Réunion et dans les pays partenaires. Dans cette optique, et à la demande des différents acteurs du réseau, il tente d'améliorer la production et la conservation des fourrages, d'adapter les systèmes d'élevage à différentes échelles, de l'animal au troupeau, et d'évaluer les résiliences écologique et économique des territoires d'élevage.

Actuellement, le réseau est constitué d'une trentaine de partenaires répartis dans sept pays (Afrique du Sud, Australie, Inde, Madagascar, Mozambique, France-Réunion, Union des Comores).

Depuis 2010, le réseau scientifique et technique QualiREG oeuvre en partenariat pour la valorisation des produits agroalimentaires de l'océan Indien et la protection des consommateurs. Ce réseau de recherche appliquée, très opérationnel, se consacre à l'innovation, au transfert de technologies et à la formation. QualiREG se positionne ainsi comme une référence régionale en matière de caractérisation et d'amélioration des produits et des procédés, mais aussi de gestion des dangers sanitaires alimentaires.

Il accompagne l'émergence de produits animaux et végétaux innovants de qualité et de filières agroalimentaires durables. Il rassemble des acteurs très diversifiés, des secteurs publics et privés, qui s'organisent en clusters , ou grappes d'entreprises, véritables incubateurs d'innovation. Les travaux de QualiREG visent ainsi à faciliter les échanges commerciaux dans le Sud-ouest de l'océan Indien et contribuent ainsi à relever les grands défis de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Le réseau QualiREG porte le nouveau projet Qual'innov qui permet de poursuive plus globalement les actions déjà initiées précédemment au sein du réseau.

Le réseau est actuellement constitué de 60 partenaires répartis dans six pays : France-Réunion, Maurice-Rodrigues, Madagascar, Union des Comores, Seychelles, Afrique du Sud.

Le réseau One Health -OI, depuis une dizaine d'années, étudie les risques zoo-sanitaires du Sud-ouest de l'océan Indien, zone fortement exposée à la menace épidémique. Pour protéger les différentes filières d'élevage et les populations locales des maladies infectieuses et zoonotiques, One Health -OI a développé des outils de veille et de diagnostic innovants tout en proposant des formations spécifiques à ses membres et partenaires. Réseau de recherche et d'actions sanitaires, il se compose de personnalités appartenant à différentes institutions des pays de la Commission de l'océan Indien. Dans le cadre du projet Troi (Traquer les Risques sanitaires dans l'Océan Indien), le dispositif travaille en lien étroit avec le réseau SEGA- One Health , en charge de la surveillance. Parce que 60 % des maladies émergentes chez l'homme sont d'origine animale, les deux réseaux mènent de front une stratégie de lutte et de prévention contre ces pathologies et leurs impacts économiques.

Le réseau One Health est actuellement constitué de 24 partenaires répartis dans cinq pays : Afrique du Sud, Madagascar, Mozambique, France-Réunion, Maurice, Union des Comores, Seychelles.

Les réseaux PRPV pour Programme régional de protection des végétaux et germination ont développé des outils et une politique régionale pour la protection des plantes, de l'environnement et la durabilité de l'agriculture dans la zone océan Indien.

Du côté du PRPV, réseau constitué en 2001, l'accent est porté sur la santé végétale, l'épidémiosurveillance régionale des maladies et ravageurs des agrosystèmes et sur les solutions de biocontrôle respectueuses de l'environnement. Le réseau permet la veille, diffuse l'actualité et l'alerte sur les macroorganismes invasifs et les maladies végétales émergentes dans les îles de l'océan Indien. Depuis 2015, le projet Epibio poursuit les objectifs et les actions déjà portées par le réseau.

Le réseau PRPV est constitué de 25 partenaires répartis principalement dans cinq pays : Madagascar, Maurice, France-Réunion, Union des Comores, Seychelles.

L'objectif du réseau Germination est de préserver et valoriser l'agro-biodiversité dans l'océan Indien pour répondre aux défis de la sécurité alimentaire et du changement climatique. Comment ? En collectant, en répertoriant, en assainissant les ressources végétales et en diffusant les informations sur les ressources génétiques végétales agricoles, en développant un réseau régional de partenaires actifs dans la protection de ces ressources et en renforçant leurs compétences par des formations et des accompagnements.

Un volet sensibilisation et information est aussi présent, comme dans celui du réseau PRPV. Le réseau Germination est constitué actuellement de 30 partenaires répartis dans six pays : La Réunion, Madagascar, Maurice (Rodrigues), Union des Comores, Seychelles, Tanzanie (Zanzibar).

La PRERAD constitue donc une organisation originale, solidaire et très innovante en matière de mobilisation d'équipes de recherche agronomique, d'expérimentation et de développement agricole et de formation pour relever les grands défis de la sécurité alimentaire et des changements globaux en océan Indien. Il s'agit indéniablement d'une force de coopération régionale sans précédent.

Cette plateforme, dotée d'un niveau de gouvernance de rang ministériel, doit conduire les projets prioritaires pour appuyer plus efficacement les agricultures de demain et les politiques publiques dans ce domaine. Il s'agit d'un pari unique, certes complexe en matière de mise en oeuvre, car il n'est jamais simple de conduire des projets scientifiques et techniques concrets de coopération régionale à l'échelle de plusieurs pays. Mais c'est bien là que réside le savoir-faire de la plateforme et la plus-value attendue de son existence.

Pascal PLANTE, Premier Vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion

Comment pourrions-nous envisager d'être solidaires si nous ne sommes pas amis ? La Réunion et Mayotte doivent favoriser leur rapprochement. Mon île est certes plus développée, mais, avec 850 000 habitants, elle ne constitue pas un marché autonome. Ce fait s'impose encore plus pour Mayotte. À ce titre, nous ne devons pas seulement envisager la solidarité comme une vertu, mais comme un enjeu stratégique pour le développement de nos territoires.

Deux des piliers de la mandature actuelle de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de La Réunion coïncident avec la problématique de cette table ronde. Premièrement, nous encourageons la solidarité pour mettre en oeuvre un accompagnement de proximité de nos entreprises. Deuxièmement, nous insistons sur l'importance du développement de notre économie à l'international. Le poids de cette seconde mission, quoique régalienne, varie suivant les mandatures. Pour notre part, nous lui accordons la priorité.

La Réunion et Mayotte disposent d'une dynamique sectorielle remarquable et de nombreux potentiels. Comment pouvons-nous parvenir à assembler ces forces ? Nous devons apprendre à nous unir pour conquérir des marchés. Les territoires doivent bénéficier d'un accompagnement pour mettre en oeuvre cette solidarité et agir de concert. La France a la chance de compter deux départements dans l'océan Indien. Ils doivent se donner la main.

Vous évoquiez la fondation de l'Union des chambres de commerce et d'industrie de l'océan Indien (UCCIOI). Je me rappelle le premier forum économique des îles de l'océan Indien. Un intervenant m'avait demandé : « Pourquoi La Réunion est-elle partie prenante de cette union ? En a-t-elle besoin ? » La Réunion ne connaît plus une croissance de 5 ou 6 %. La présence de Madagascar dans son voisinage peut par exemple lui permettre de poursuivre son développement. Pour que ces liens deviennent une réalité institutionnelle, l'entreprise doit disposer d'un accompagnement efficace. Grâce à cette solidarité, nous pourrons mener des actions en commun et gagner en efficacité.

Les activités économiques réunionnaises souffrent d'un manque de compétitivité lié à l'absence d'économie d'échelle. Cette faiblesse est commune à tous les territoires insulaires. De plus, la région présente des niveaux économiques très différents qui induisent une distorsion de concurrence. Cela étant, les échanges entre les îles de l'océan Indien sont très faibles puisqu'ils n'atteignent que 3,5 %. Le calcul de ce chiffre est probablement sujet à caution. À Madagascar, toute l'activité relevant des services est ainsi difficile à mesurer. Il n'en reste pas moins vrai que cette faiblesse des échanges est d'autant plus anormale que nous partageons une culture et une langue identiques.

Nous devons moins nous tourner vers Paris et envisager par nous-mêmes l'accroissement de notre espace d'activité dans l'océan Indien. Les plus importants partenaires commerciaux de La Réunion sont dans l'ordre l'île Maurice, Madagascar et les Comores. Le travail à réaliser dans ce domaine est considérable. Les produits qui s'échangent entre Maurice et nous sont surtout caractérisés par leur très fort degré d'innovation. Nous disposons de compétences et les opérateurs économiques n'ont pas attendu après les institutions pour développer leurs échanges. Nous devons ainsi faire du codéveloppement une réalité.

Je ne dirai pas que la CCI n'est pas en action. Je souhaite simplement insister sur l'importance de ses missions à l'international. Il nous appartient d'enclencher une dynamique, de porter une ambition, de travailler avec nos partenaires. Il est temps de poser les armes et de cesser les « combats de chapelles ». L'entrepreneur a besoin d'un accompagnement efficace. Business France lui assure l'établissement de contacts partout dans le monde. Il ne suffit pas d'affirmer que nous travaillons en réseaux, mais de leur fournir un véritable contenu et d'en retirer des bénéfices. Nous devons donner de la profondeur à la démarche d'accompagnement.

Je commençais mon propos en vous appelant des amis. Imaginez qu'une relation vous invite à manger et que jamais vous ne lui rendiez la pareille. Resterait-elle longtemps votre amie ? Aujourd'hui, il est extrêmement difficile pour les Malgaches et les Comoriens de venir à La Réunion. Comment pourrions-nous commercer avec nos voisins si nous leur refusons la possibilité de se rendre chez nous ? De surcroît, lorsqu'ils parviennent à nous visiter, ils sont souvent très mal accueillis par la police de l'air et des frontières (PAF). Le règlement de la problématique des visas et des déplacements constitue donc un préalable. Cet isolement ne répond pas à la tradition d'accueil réunionnaise.

Isabelle CHEVREUIL, Présidente de l'Union des chambres de commerce et d'industrie de l'océan Indien (UCCIOI)

L'Union des chambres de commerce et d'industrie de l'océan Indien (UCCIOI) est une association qui a pour objectif de renforcer la coopération entre les acteurs économiques des territoires qu'elle recouvre et notamment de :

- soutenir le développement des échanges économiques et commerciaux intra-régionaux ;

- valoriser les expertises et savoir-faire régionaux à l'international.

Elle regroupe sept chambres de commerce et d'industrie (CCI) ou fédérations de CCI, représentant ainsi 31 CCI et près de 100 000 entreprises sur les 6 territoires qu'elle regroupe (les Comores, Madagascar, Maurice, Mayotte, La Réunion et les Seychelles).

Population

Population

(% du total)

PIB

(% du total)

PIB total
en US dollar

PIB par habitant
en US dollar

Comores

784 474

3 %

1 %

565 689 764

717

Madagascar

24 235 390

88 %

20 %

9 738 652 322

402

Maurice

1 262 605

5 %

24 %

11 681 761 261

9 252

Mayotte

235 132

1 %

5 %

2 563 220 000

10 248

Réunion

850 996

3 %

46 %

21 869 720 000

23 424

Seychelles

92 900

0 %

3 %

1 437 722 206

15 476

Total

27 461 497

100 %

100 %

47 856 765 554

Sources : Banque mondiale et Insee (données 2015)

Bien que partageant un espace géographique, une histoire et des particularités insulaires, les territoires regroupés au sein de l'UCCIOI présentent des caractéristiques socio-économiques hétérogènes. Il apparaît ainsi que Madagascar concentre près des neuf dixièmes de la population totale de l'espace régional alors que le tandem Réunion-Maurice est à l'origine de plus des deux tiers de la production économique. Quant au niveau de vie par habitant, il se distribue dans un rapport de 1 à près de 60.

Cette hétérogénéité en matière de développement socio-économique peut toutefois présenter de nombreuses opportunités, particulièrement pour les acteurs économiques des territoires français de l'océan Indien.

Les territoires ultramarins de l'océan Indien ont développé des expertises dans certains secteurs d'activité, conciliant ainsi standards européens et adaptation à un environnement insulaire. Ces secteurs d'activité sont notamment : la gestion et la valorisation des déchets, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, l'innovation notamment dans le secteur du numérique ou encore de la santé.

Coopération régionale et opportunités économiques

Il s'agit de secteurs centraux pour le développement des îles voisines sur lesquels les acteurs ultramarins peuvent faire valoir leur expertise à travers des partenariats régionaux, leur permettant ainsi de :

- mettre à profit les compétences complémentaires existantes dans la région ;

- être plus compétitif à l'international du fait du coup du travail dans les territoires voisins ;

- gagner en masse critique pour mieux se positionner sur des marchés plus importants et ainsi dépasser l'étroitesse des marchés insulaires ;

- bénéficier, de manière interposée, des nombreuses relations commerciales préférentielles dont disposent nos îles voisines, notamment avec nos voisins de l'Afrique australe et orientale qui ont récemment créé le marché tripartite : un marché commun rassemblant 26 pays, 625 millions d'habitants et 1 200 milliards de dollars de produit intérieur brut.

Même si des précurseurs se sont déjà inscrits dans des partenariats régionaux, ce type de démarche reste rare, expliquant notamment le faible taux d'échanges commerciaux entre les îles de l'océan Indien (de l'ordre de 3 à 5 % des échanges commerciaux de l'ensemble des territoires de la région).

Il relève du mandat de l'UCCIOI de contribuer à encourager de tels partenariats. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les projets mis en oeuvre par l'organisation.

Compte tenu du mandat de l'UCCIOI et de sa couverture géographique et sectorielle, l'Agence française de développement (AFD) lui a attribué la maîtrise d'ouvrage du Programme de renforcement des capacités commerciales dans l'océan Indien (PRCC-OI). Il s'agit d'un projet régional d'une durée de 3 années et bénéficiant d'une subvention de 2,4 millions d'euros dont les objectifs sont doubles :

- mettre en place des outils et services pour faciliter le repérage d'opportunités de partenariats régionaux et leur mise en oeuvre, particulièrement à travers une plateforme numérique dédiée aux affaires dans l'océan Indien, de nouveaux services offerts par les CCI dans l'objectif d'un meilleur accompagnement des opérateurs économiques dans leurs projets à dimension régionale ou encore la diffusion de bonnes pratiques en matière de « démarches cluster » ;

- structurer la coopération entre les acteurs de filières stratégiques régionales : l'écotourisme, les métiers maritimes, le numérique ainsi que la gestion et la valorisation des déchets.

En plus du PRCC-OI, l'UCCIOI mène d'autres projets dans le but de renforcer les relations économiques au niveau régional :

- le développement d'une plateforme régionale d'arbitrage et de médiation, dans le but de sécuriser les relations d'affaires dans la région par l'instauration de modes alternatifs de règlement des litiges ;

- la mise en place progressive d'une offre de formations régionales afin de favoriser une distribution optimale des formations dispensées dans la région et contribuer à une appropriation d'une identité régionale des étudiants à travers la mobilité au long de leur parcours d'étude ;

- une étude sur la faisabilité d'un dispositif de mentorat envers les jeunes entrepreneurs et porteurs de projet dans la perspective de concilier l'immersion dans les mondes entrepreneuriaux et économiques des îles voisines ;

- l'organisation de forums économiques régionaux, dont l'édition 2017 est consacrée à la coopération océan Indien-Afrique continentale, afin de favoriser la rencontre des acteurs économiques de la région et de leur donner l'opportunité de contribuer à la définition des actions prioritaires pour améliorer l'environnement régional des affaires ;

- le développement d'un plan d'actions avec l'Organisation internationale de la Francophonie sur le déploiement de la stratégie économique et numérique francophone dans l'océan Indien, afin de favoriser la complémentarité des actions pouvant être mises en oeuvre de manière conjointe ;

- l'échange d'expériences et d'expertises avec la chambre de commerce de Djibouti permettant ainsi de favoriser l'insertion de nos économies insulaires dans celles du continent africain.

L'UCCIOI contribue donc à accompagner la volonté affichée des opérateurs de l'ensemble des territoires qu'elle regroupe de travailler ensemble pour être plus pérennes et pour se lancer ensemble vers l'international.

En revanche, l'impact de son action dépend de certains facteurs qu'il est nécessaire d'améliorer pour une coopération économique facilitée :

- la lisibilité des économies de la région (expertises existantes, opportunités de marchés). La mise en place d'une plateforme numérique dédiée aux affaires dans l'océan Indien, de services de veille et de cartographie économiques dans le cadre du PRCC-OI, devrait contribuer à améliorer ce point. En revanche, un effort conséquent doit être fait pour accroître la visibilité et centraliser les offres et besoins en compétences dans la région afin de mettre à profit l'ensemble des expertises régionales au service d'un développement endogène ;

- la rencontre des opérateurs économiques :


• en soutenant des événements permettant aux opérateurs de se rencontrer, tel que le Forum économique des îles de l'océan Indien que nous organisons depuis dix années. En 2017, nous avons décidé d'ouvrir les perspectives en organisant un Forum économique de l'océan Indien sur le thème de la coopération océan Indien-Afrique, contribuant ainsi au développement des relations d'affaires avec les opérateurs de l'Afrique continentale ;


• en améliorant la mobilité des acteurs économiques dans la région, notamment avec des procédures facilitées pour l'obtention de visas de court séjour, particulièrement pour affaires ;

- la construction d'une réelle identité régionale :


• en favorisant dès le plus jeune âge la découverte des îles voisines et des points communs entre l'ensemble des territoires ;


• en travaillant sur une réelle stratégie économique de la France de l'océan Indien.


* 10 Cf la publication de la liste des entreprises de l'ESS à Mayotte sur le site de la Cress www.cress-mayotte.org

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