II. ...QUI RESTE NÉANMOINS SOUMIS À DE NOMBREUX RISQUES

A. DES INCERTITUDES IMPORTANTES...

S'il apparaît aujourd'hui raisonnable, le scénario macroéconomique sur lequel est construit le présent projet de programme de stabilité est soumis à des aléas importants.

1. Au niveau international

Au niveau international, l'orientation de la politique commerciale des États-Unis constitue la principale incertitude , susceptible de peser à la baisse sur la croissance mondiale en déclenchant une spirale protectionniste. À titre d'illustration, les services de la Banque centrale européenne estiment qu'un scénario dans lequel les États-Unis augmenteraient de 10 % les taxes sur leurs importations, provoquant des mesures de rétorsion de même ampleur de la part de leurs partenaires commerciaux, réduirait le commerce mondial de 3,0 % la première année, ce qui pèserait à hauteur de 1,0 % sur le PIB mondial 16 ( * ) .

Les risques financiers liés à une correction sur les marchés actions et à une remontée non contrôlée des taux d'intérêt , dans un contexte d'excès d'endettement au niveau mondial, demeurent également des motifs de préoccupation. À titre d'illustration, l'Autorité des marchés financiers considère que le « risque de re-tarification » des actions est aujourd'hui « important », dans la mesure où « l'amélioration de la conjoncture économique mondiale ne paraît pas suffisant pour justifier » la hausse des cours observée, en particulier aux États-Unis 17 ( * ) .

Enfin, la possibilité d'un « atterrissage brutal » de l'économie chinoise reste évoquée 18 ( * ) .

2. Au niveau européen

Au niveau européen, outre les incertitudes déjà mentionnées sur la position des économies de la zone euro dans le cycle, le risque politique reste élevé.

En dehors du processus de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, qui restera un motif d'incertitude jusqu'à la finalisation de l'accord, le résultat des élections italiennes constitue un point de vigilance important, dans un contexte où les fragilités des secteurs bancaires et des finances publiques de certains États membres demeurent susceptibles de s'auto-entretenir.

3. Au niveau national

Au niveau national , outre les événements exceptionnels qui pourraient éventuellement survenir 19 ( * ) , un doute demeure sur la capacité de l'appareil productif français à répondre à la hausse de la demande adressée 20 ( * ) , auquel s'ajoute une inquiétude grandissante sur la dynamique du crédit aux entreprises non financières et aux ménages, qui a d'ores et déjà conduit le Haut Conseil de stabilité financière à limiter les expositions des banques systémiques sur les grandes entreprises françaises les plus endettées 21 ( * ) .


* 16 Benoît Coeuré, « The consequences of protectionism », 6 avril 2018.

* 17 Autorité des marchés financiers, « Cartographie des risques 2017 », juillet 2017, p. 5.

* 18 Il s'agit par exemple de l'un des principaux risques mentionnés par le Bureau fédéral du Plan belge. Voir : Bureau fédéral du Plan, « Perspectives économiques 2017-2022 », juin 2017, p. 1.

* 19 À titre de rappel, la diminution de la fréquentation des touristes à la suite des attentats et les mauvaises récoltes céréalières, liées aux conditions météorologiques, avaient pesé à hauteur de 0,4 point sur la croissance française en 2016.

* 20 Natixis, « La capacité ou l'incapacité de l'appareil productif à répondre à la progression de la demande sont une caractéristique centrale des économies », Flash Économie, 27 juin 2017.

* 21 Haut Conseil de stabilité financière, communiqué de presse du 29 mars 2018.

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