C. UNE POSITION EXTÉRIEURE ASSURANT L'AUTOSUFFISANCE DE LA FRANCE POUR LE BIOÉTHANOL MAIS NON POUR LE BIOGAZOLE

La France dégage un solde excédentaire de 1,9 Mhl en matière de bioéthanol, ainsi qu'un taux d'autosuffisance de 122 % 36 ( * ) .

La majeure partie des échanges - 70 % des importations et 96 % des exportations - est intra-européenne, le premier pays d'importation étant la Belgique (avec 750 Mhl) et le premier pays d'exportation le Royaume-Uni (avec 2 293 Mhl).

La position française est tout à fait satisfaisante par rapport aux autres pays, puisqu'elle est classée au 3 e rang mondial des pays étudiés par FranceAgriMer en termes de solde disponible - le pays leader étant les États-Unis avec 70 Mhl - et de taux d'autosuffisance - le pays leader étant le Pakistan avec un niveau de 400 % 37 ( * ) .

S'agissant du biogazole, la situation est plus contrastée : en effet, le solde est déficitaire de 742 kt et le taux d'autosuffisance de 75 % 38 ( * ) .

Ces résultats en demi-teinte sont imputables à l'importance du parc français de véhicules à motorisation diesel, qui nécessite pour son fonctionnement une forte consommation de biogazole de même que des importations.

Comme pour le bioéthanol, la quasi-totalité des échanges - 100 % des importations et 95 % des exportations - sont réalisés à l'échelle de l'Union européenne ; ce sont l'Espagne (avec 292 kt) et la Belgique (avec 127 kt) qui constituent les premiers pays respectivement d'importation et d'exportation.

Logiquement, la position française est en retrait par rapport aux autres pays examinés par FranceAgriMer, loin derrière l'Argentine, pays leader avec un solde disponible de 2 000 kt et un taux d'autosuffisance de 300 % 39 ( * ) .

D. UN NIVEAU DE COMPÉTITIVITÉ PORTÉ PAR LA QUALITÉ DE L'OUTIL INDUSTRIEL MAIS SOUMIS AUX ALÉAS DES COURS AGRICOLES

Selon un classement établi par FranceAgriMer, le niveau de compétitivité des filières françaises du bioéthanol et du biogazole atteint en 2017 respectivement les 4 e et 6 e rangs mondiaux 40 ( * ) .

Les atouts de ces filières tiennent essentiellement à la qualité de leurs outils industriels , proportionnés aux besoins de production.

À titre d'exemple, la taille moyenne des usines de production françaises de bioéthanol et de biogazole, de 2 Mhl pour les premières et 230 kt pour les secondes, est élevée par rapport aux autres pays étudiés par FranceAgriMer ; ainsi la France se classe-t-elle au 3 e rang mondial 41 ( * ) .

Néanmoins, ces filières présentent des faiblesses, telle que la remontée en 2017 des cours des matières premières utilisées, tant pour la production de bioéthanol que de biogazole.

D'une part, le prix du cours du blé a pu jouer négativement sur le prix du bioéthanol produit en France , au contraire de l'Allemagne qui a profité à plein de la baisse du prix du seigle 42 ( * ) .

En effet, selon DGEC 43 ( * ) , le bioéthanol mis à la consommation à cette date en France était produit à partir du blé à hauteur de 36,33 % , contre 33,19 % pour la betterave, 20,54 % pour le maïs, 6,69 % pour les résidus viniques, 1,54 % pour la matière cellulosique et 1,34 % pour la canne à sucre 44 ( * ) .

D'autre part, le prix du colza a pu pénaliser la production de biogazole , tandis que les pays latino-américains ont profité de la diminution du prix du soja et les pays asiatiques de celle du prix de l'huile de palme 45 ( * ) .

Sur ce point, les éléments transmis par la DGEC 46 ( * ) indiquent que l'EMHV, c'est-à-dire le biogazole issu d'huile végétale, mis à la consommation à cette période en France était produit à partir du colza dans une proportion de 75,75 %, l'huile de palme atteignant 14,92 %, le soja 5,56 %, le tournesol 3,70 % et les râpes 0,07 % ,47 ( * ) .


* 36 FranceAgriMer, « Fiche filière Bioéthanol », janvier 2019, p. 2.

* 37 FranceAgriMer, « Facteurs de compétitivité sur le marché mondial des biocarburants. Veille concurrentielle 2018 », 2018, p. 37.

* 38 FranceAgriMer, « Fiche filière Biogazole », janvier 2019, p. 2.

* 39 FranceAgriMer, « Facteurs de compétitivité sur le marché mondial des biocarburants. Veille concurrentielle 2018 », 2018, p. 38 et 39.

* 40 Ibid., p. 54 et 56.

* 41 FranceAgriMer, « Fiche filière Bioéthanol » et « Fiche filière Biogazole », janvier 2019, p. 1 ; « Facteurs de compétitivité sur le marché mondial des biocarburants. Veille concurrentielle 2018 », 2018, p. 22 et 23.

* 42 FranceAgriMer, « Facteurs de compétitivité sur le marché mondial des biocarburants. Veille concurrentielle 2018 », 2018, p. 13.

* 43 Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), « Panorama 2017. Mise à la consommation de biocarburants en France », 2018, p. 8.

* 44 Ces proportions sont globalement inchangées selon des chiffres récemment publiés : en 2018, les matières premières utilisées pour la production du bioéthanol étaient le blé pour 35,71 %, la betterave pour 35,04 %, le maïs pour 21,05 % et les résidus viniques pour 8,05 % (DGEC, « Les biocarburants incorporés en France en 2018 », septembre 2019).

* 45 FranceAgriMer, « Facteurs de compétitivité sur le marché mondial des biocarburants. Veille concurrentielle 2018 », 2018, p. 14.

* 46 Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), « Panorama 2017. Mise à la consommation de biocarburants en France », 2018, p. 6.

* 47 Ces ordres de grandeur sont demeurés les mêmes selon des chiffres récemment publiés : en 2018, les matières premières utilisées pour la production de l'EMHV étaient le colza pour 65,12  %, le soja pour 17,13 %, l'huile de palme pour 14,34 % et le tournesol pour 3,40 % (DGEC, « Les biocarburants incorporés en France en 2018 », septembre 2019).

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